Dans une ville et un temps indéfini, un certain Petrov, en proie à une forte grippe, emprunte un trolleybus bondé. Soudain, son ami Igor le sort du véhicule, lui donne une mitraillette, et Petrov rejoint un peloton d’exécution qui crible de balles une rangée de nantis et de bourgeois.
L'avis de Rafael Wolf
Passé ce préambule saisissant, le nouveau film du Russe Kirill Serebrennikov, après le remarqué et remarquable "Leto" présenté à Cannes en 2018, suit la longue déambulation de son héros alcoolisé qui œuvre sur une nébuleuse BD de science-fiction.
>> A regarder, la bande-annonce de "La Fièvre de Petrov":
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible d'utiliser des cookies. Pour voir ce contenu vous devez autoriser les cookies.
Autoriser les cookies Le récit, troué par des fulgurances surréalistes souvent magistrales, mélange rêve et réalité, passé et présent, et emporte le spectateur dans un dédale narratif et visuel qui embrasse le chaos de cette Russie que le film décrit.
Où l’on croisera un romancier suicidaire qui se considère comme un génie alors que personne ne veut l’éditer; l’épouse de Petrov, bibliothécaire tueuse en série qui, dotée de pouvoirs surhumains, assassine des hommes et imagine même égorger son propre fils; ou encore une femme perturbée par sa grossesse récente qui continue à jouer le rôle de la fille des neiges devant un public d’enfants émerveillés.
"La Fièvre de Petrov", de Kirill Serebrennikov. [Copyright Sergey Ponomarev]
Baroque, coloré, rempli d’une énergie dingue, le film de Kirill Serebrennikov nous bouscule dans un tourbillon incessant qui ose tout, au risque de nous perdre en cours de route, les multiples ruptures de ton et bifurcations du récit flirtant avec l’indigestion.
Une œuvre qui reste tout de même vertigineuse, bordélique, folle et dans laquelle les êtres n’arrêtent pas de se heurter, de se cogner, de s’aimer et de se tuer. Avec en son cœur l’enfance, symbole d’un futur qu’on ne cesse d’évoquer mais qui paraît impossible au sein de ce maelstrom nihiliste et désespéré.
Appréciation: 4/5
L'avis de Fifi Congiusti
"Je n’ai rien compris à ce film mais qu’est-ce que c’était génial." Voila le genre de phrase qui peut tourner en boucle dans la cervelle après vision de ce film totalement rock et foutraque. Dès l’ouverture, le chaos s'invite et l'on se demande où l'on est? Dans la réalité, dans un fantasme, dans des BDs dessinées par Petrov?
Et c'est tant mieux si l'on ne comprend rien car face à cette fièvre, il ne faut rien chercher. Juste mettre son cerveau en veille et s’abandonner, faire confiance à la seule puissance du cinéma. Accepter de se laisser déborder par un film dingo où la rationalité n’est plus qu’un lointain concept, où la virtuosité de la mise en scène vous scotche, où la musique vous assomme, où les personnages vous envoûtent, où la surprise peut surgir de partout, où l’atmosphère vous étouffe et où finalement le bonheur vous envahit devant une proposition de cinéma si originale et si forte!
Appréciation: 6/5 !