La Française Julia Ducournau est devenue la deuxième femme à décrocher la Palme d'or à Cannes. [Keystone - EPA/SEBASTIEN NOGIER]
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Palme d'or pour "Titane" de la réalisatrice française Julia Ducournau

>> Le film "Titane", l'électrochoc de cette 74e édition, de la Française Julia Ducournau a remporté samedi la Palme d'Or lors du festival de Cannes. Notre envoyé spécial, Rafael Wolf, dit tout le bien qu'il pense de cette oeuvre majeure.

>> Le prix de l'interprétation masculine est revenu à l'Américain Caleb Landry Jones, pour sa performance dans "Nitram".

>> La Norvégienne Renate Reinsve a décroché le prix d'interprétation féminine pour sa performance dans "Julie en 12 chapitres" de Joachim Trier. : 24 films pour une Palme d'or

>> Le 74e Festival de Cannes se tenait du 6 au 17 juillet. Quelque 24 films étaient en compétition pour la Palme d'or, dont une majorité de productions françaises. Pour revenir sur l'ensemble de la compétition, rendez-vous sur notre dossier critique:

Un suivi assuré par RTS Culture, avec les agences

Palme d'or pour "Titane" de Julia Ducournau

Deuxième réalisatrice couronnée

Le film "Titane" de la réalisatrice française Julia Ducournau a remporté samedi la Palme d'Or lors du Festival de Cannes.

La Française Julia Ducournau est ainsi devenue la deuxième femme à décrocher la Palme d'or à Cannes, a annoncé le président du jury Spike Lee dès le début de la cérémonie de remise des prix, prenant de cours les organisateurs.

Spike Lee a fait cette annonce d'emblée, alors qu'il était censé annoncer le prix d'interprétation masculine. La Palme d'Or est d'habitude décernée à la fin de l'annonce du palmarès.

Vingt-huit ans après "La leçon de Piano" de Jane Campion, première réalisatrice primée, le jury présidé par Spike Lee, premier artiste afro-américain à ce poste, vient aussi récompenser la benjamine de la compétition, 37 ans.

Seules quatre réalisatrices étaient en compétition cette année, pour 24 films au total.

Merci aussi au jury de laisser rentrer les monstres

Julia Ducournau, réalisatrice

Julia Ducournau, a chaleureusement remercié le jury d'avoir "reconnu le besoin avide et viscéral que nous avons d'un monde plus fluide et plus inclusif".

"Merci au jury d'appeler à plus de diversité dans nos expériences au cinéma et dans nos vies et merci aussi au jury de laisser rentrer les monstres", a ajouté la réalisatrice française, grande fan de films d'horreur, en larmes sur scène.

>> A lire également : Qui est Julia Ducournau, la lauréate de la Palme d'or 2021?

"Titane", qui n'est pas destiné à tous les publics, mêle hybridation femme/machine, amour pour les voitures et de quête de paternité. C'était le film le plus violent et trash de la compétition, loin de faire l'unanimité parmi les critiques.

Il met en scène Agathe Rousselle et Vincent Lindon.

>> Retour sur la cérémonie dans le 19h30 :

Festival de Cannes: la Palme d'or a couronné "Titane" de la réalisatrice française Julia Ducournau
Festival de Cannes: la Palme d'or a couronné "Titane" de la réalisatrice française Julia Ducournau / 19h30 / 2 min. / le 18 juillet 2021

Palmarès audacieux

Le commentaire enthousiaste de Rafael Wolf, notre envoyé spécial

"La normalité est un leurre, la monstruosité permet de sortir des cases. Merci au jury d’appeler à plus de diversité dans le cinéma et nos vies et de laisser rentrer les monstres."

Émue aux larmes au moment de recevoir sa Palme d’or pour son immense "Titane", le film le plus polémique et radical vu lors de cette 74e édition du Festival de Cannes, la cinéaste française Julia Ducournau a fait plus que de convoquer cette diversité: elle l’a incarnée dans un corps de femme moderne, libre, hors de toutes cases et un geste cinématographique qui l’était tout autant.

Divine surprise

"Titane" raconte l'histoire d'une jeune femme au corps marqué par un grave accident. [Copyright Carole Bethuel]


Alors que l’on s’attendait à ce que le jury cannois, présidé par Spike Lee, couronne une œuvre plus consensuelle axée sur la question de la mixité sociale ou du féminisme militant - il y avait le choix parmi les 24 titres de la compétition- , le réalisateur afro-américain a surpris la Croisette en optant pour la Palme la plus folle.

Certes, que ce soit la première femme à la brandir depuis Jane Campion pour "La leçon de piano" en 1993, et la toute première à être palmée seule, va dans le sens de cette diversité. Mais ce qui peut nous réjouir autant, et qui a déjà agacé de nombreux journalistes et festivaliers outrés par ce "Titane" qui divise et continuera à diviser, c’est que cette Palme tient moins du prix social que de l’admiration face à une cinéaste qui emprunte dans son film des chemins aussi passionnants que dérangeants.

>> A écouter, le commentaire de Rafael Wolf sur le palmarès :

La Française Julia Ducournau est devenue la deuxième femme à décrocher la Palme d'or à Cannes. [Keystone - EPA/SEBASTIEN NOGIER]Keystone - EPA/SEBASTIEN NOGIER
Julia Ducournau remporte la Palme dʹor avec "Titane" / Vertigo / 6 min. / le 19 juillet 2021

Tout échappe à nos conventions


Déjà autrice d’un formidable film d’horreur féminin sur fond de pulsions cannibales, "Grave", sorti en 2016, Julia Ducournau explose dans "Titane" toute notion normative dans une œuvre transgenre qui abolit les frontières entre masculin et féminin, machines et humains, film de genre et film d’auteur.

Son héroïne serial-killeuse, obsédée par les voitures au point de faire l’amour avec l’une d’elles avant de tomber enceinte, corps singulier qui se travestit pour faire croire qu’elle est le fils, disparu depuis 10 ans, d’un pompier écrasé par la douleur, échappe sans cesse aux conventions fixées par notre regard.

Avènement d'une nouvelle humanité, d'un nouveau cinéma

Vincent Lindon dans "Titane". [Carole Bethuel]

La comédienne Agathe Rousselle, fascinante, et un Vincent Lindon inouï mettent leurs corps martyrs, dignes d’une peinture sacrée, au service d’une expérience de cinéma qui se déleste de toute tentation psychologique pour une plongée viscérale, éprouvante, sublime, où les plus paresseux ne trouveront qu’une resucée de David Cronenberg, de Gaspar Noé, du "Christine" de John Carpenter, voire encore de "Alien", sans saisir que Julia Ducournau part de ces références parfaitement assimilées pour aboutir à un film qui ne ressemble qu’à elle et qui marque l’avènement d’une nouvelle humanité, d’un nouveau cinéma aurait-on envie de clamer.

Ramener le cinéma sur grand écran

Quand bien même d’autres œuvres en compétition, comme "La fièvre de Petrov"vde Kirill Serebrennikov, ou "Le genou d’Ahed" de Nadav Lapid (prix du jury ex æquo), voire "Annette" de Leos Carax, reparti avec un prix de la mise en scène bien mérité, nous ont enchantés par leur fulgurance et leur folie, "Titane" s’impose comme le plus grand choc ressenti pendant ce 74e Festival de Cannes qui ramène enfin le cinéma majeur sur grand écran.

>> A lire également. : La critique des 24 films en compétition

Grand Prix pour Asghar Farhadi

Appel à "éveiller les consciences"

Le cinéaste iranien Asghar Farhadi a appelé samedi à "éveiller les consciences" en Iran en recevant le Grand Prix du festival de Cannes, le deuxième prix le plus prestigieux après la Palme d'or, ex-aequo avec le Finlandais Juho Kuosmanen.

Le réalisateur Asghar Farhadi au 71e Festival de Cannes. [AFP - Dave Bedrosian / Geisler-Fotopress]

Le réalisateur a remporté ce prix pour "Un héros", l'histoire d'une rédemption empêchée dans une société iranienne rongée par la méfiance et la manipulation.

Le cinéaste est revenus dans son pays et à ses thèmes de prédilection : le recensement des maux qui rendent l'émancipation et le bonheur en société impossibles.

A 49 ans, il a déclaré en recevant son prix n'avoir "rien fait d'autre que d'écrire des films" et les tourner, "malgré tous les obstacles, les difficultés, les pressions, les obstacles qui auraient pu me dissuader". "Je continue d'avoir l'espoir, en suscitant des questionnements, que je pourrai contribuer à améliorer les choses", a-t-il ajouté.

Le Finlandais Juho Kuosmanen a filmé dans "Compartiment No6", la rencontre entre une Finlandaise et un Russe le temps d'un voyage en train entre Moscou et Mourmansk, au nord du cercle polaire.

Prix d'interprétation

Caleb Landry et Renate Reinsve récompensés

Le prix de l'interprétation masculine est revenu à l'Américain Caleb Landry Jones, pour sa performance dans "Nitram", où il incarne un jeune homme borderline qui s'apprête à commettre l'une des pires tueries de l'histoire de l'Australie.

"Je suis trop ému, merci, merde", a-t-il réagi, le souffle coupé par l'émotion. L'acteur de 31 ans, s'est surtout illustré dans le cinéma américain indépendant.

La Norvégienne Renate Reinsve, a elle décroché le prix d'interprétation féminine, pour sa performance dans "Julie en 12 chapitres" de Joachim Trier, dans lequel elle incarne une jeune femme en quête d'elle-même. "Ce prix revient à tant de personnes", a dit en pleurs l'actrice de 33 ans, révélation de ce festival. "C'était magnifique, une belle expérience", a-t-elle ajouté, rendant hommage à un jury qu'elle "admire tellement".

Palme d'honneur pour Marco Bellocchio

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Une Palme d'or d'honneur a été décernée au cinéaste italien Marco Bellocchio, qui après cinq décennies de carrière engagée, n'épargnant ni l'armée ni la religion, a présenté un documentaire très personnel, "Marx peut attendre".

Le palmarès complet

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- Palme d'or: "Titane" de la réalisatrice Julie Ducournau (France)

- Grand Prix: "Un héros" du réalisateur Asghar Farhadi (Iran) et "Hytti NRO 6" (Compartiment NO.6) du réalisateur Juho Kuosmanen (Finlande)

- Prix du jury: "Le genou d'Ahed" du réalisateur Nadav Lapid (Israël) et "Memoria" du réalisateur Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande)

- Prix de la mise en scène: le réalisateur Leos Carax pour "Annette" (France)

- Prix d'interprétation masculine: l'acteur américain Caleb Landry Jones dans "Nitram"

- Prix d'interprétation féminine: l'actrice norvégienne Renate Reinsve dans "Julie en 12 chapitres"

- Prix du scénario: le réalisateur Ryusuke Hamaguchi pour "Drive my car" (Japon)

- Camera d'or: "Murina" de la réalisatrice Antoneta Alamat Kusijanovic (Croatie)

- Palme d'or du court métrage: "Tous les corbeaux du monde" de la réalisatrice Tang Yi (Hong Kong)

- Mention spéciale du court métrage: "Le ciel du mois d'août" de la réalisatrice Jasmin Tenucci (Brésil)

Asghar Farhadi en favori

Une Palme d'or pour "Un héros"?

Ce soir, le jury, présidé par Spike Lee, décernera le palmarès de ce 74e festival de Cannes tout à fait particulier. Qui succèdera à "Parasite" du Sud-Coréen Bong Joon-ho, couronné en 2019, avant le coronavirus?

Dans une compétition qui compte cette année un chiffre record de films, 24 au total, aucun ne se détachait clairement du lot. Et plusieurs pistes paraissent envisageables pour prédire qui décrochera la Palme d’or.

Si le jury décide de couronner une œuvre au propos en phase avec la mixité ethnique et le féminisme, on peut s’attendre à voir "Lingui" du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun ou "Haut et fort" du Marocain Nabil Ayouch tutoyer les sommets.

S’il opte pour un palmarès moins symbolique, le jury pourrait se tourner vers trois titres qui reviennent souvent dans la presse française et internationale: "Les Olympiades" de Jacques Audiard, formidable comédie sentimentale située dans le 13e arrondissement de Paris, "Julie (en 12 chapitres)" de Joachim Trier, portrait drôle et vibrant d’une jeune femme moderne, libre, émancipée, face à ses relations amoureuses, ses engagements professionnels, et sa possible maternité, et "Un héros" d’Asghar Farhadi, drame tendu qui révèle comment un homme emprisonné à cause de dettes devient un héros médiatique après un geste dont on ne saisira pas s’il est honnête ou machiavélique.

"Un héros" apparaît tout de même comme LE favori cette année.

Le metteur en scène iranien Asghar Farhardi à Cannes pour son film "Un héros" ("Ghahreman"). [Anadolu Agency via AFP - Mustafa Yalcin]

Les autres prix

Concernant les autres distinctions, le nom de l’extraordinaire Renate Reinsve, héroïne de "Julie (en 12 chapitres)" de Joachim Trier semble acquis pour le prix d’interprétation féminine. A moins que Léa Seydoux dans "France" de Bruno Dumont, voire même Virginie Efira dans "Benedetta" de Paul Verhoeven, ne créent la surprise.

Côté prix d’interprétation masculine, on voit mal comment il pourrait échapper à Simon Rex dans "Red Rocket" de Sean Baker.

Pour le Grand Prix, on pourrait bien voir "La fièvre de Petrov" de Kirill Serebrennikov, voire "Le genou d’Ahed" de Nadav Lapid. Les prix du jury pour "Les Olympiades" de Jacques Audiard, de la mise en scène pour "Lingui" de Mahamat-Saleh Haroun et du scénario pour "Un héros" de Asghar Farhadi sont possibles en fonction du film qui remportera la Palme.

Le palmarès de nos envoyés spéciaux

"La fièvre de Petrov" et "Le genou d'Ahed" plébiscités pour la Palme

Les deux journalistes Rafael Wolf et Philippe Congiusti ont joué le jeu des pronostics et livrent leur palmarès.

>> A écouter, les pronostics et les Palmes de nos critiques :

Le réalisateur américain Spike Lee, président du jury du festival de Cannes en 2021, accompagné de son épouse Tonya Lewis. [Valery HACHE / AFP]Valery HACHE / AFP
Festival de Cannes : les pronostics et nos Palmes / Vertigo / 7 min. / le 16 juillet 2021

Le palmarès personnel de Rafael Wolf

  • Palme d’or: "Le genou d’Ahed" de Nadav Lapid

  • Grand Prix: "La fièvre de Petrov" de Kirill Serebrennikov

  • Prix de la mise en scène: "Annette" de Leos Carax

  • Prix du jury: "Titane" de Julia Ducournau

  • Prix du scénario: "Un héros" d’Asghar Farhadi

  • Meilleure actrice: Renate Reinsve pour "Julie (en 12 chapitres)" de Joachim Trier

  • Meilleur acteur: Simon Rex pour "Red Rocket" de Sean Baker

Le palmarès personnel de Philippe Congiusti

  • Palme d’or: "La fièvre de Petrov" de Kirill Serebrennikov

  • Grand Prix: "Bergman Island" de Mia Hansen-Love

  • Prix de la mise en scène: "Titane" de Julia Ducournau

  • Prix du jury: "Haut et fort" de Nabil Ayouch

  • Prix du scénario: "Un héros" d’Asghar Farhadi

  • Meilleure actrice: Renate Reinsve pour "Julie (en 12 chapitres)" de Joachim Trier

  • Meilleur acteur: Benicio Del Toro dans "The French Dispatch" de Wes Anderson

  • Palme dog: l’ensemble des chiots dans "Robuste" de Constance Meyer

>> A lire : Les critiques des 24 films en lice pour une Palme d'or

Queer Palm 2021 pour "La Fracture"

Prix LGBT+

La "Queer Palm 2021", a été décernée vendredi au film "La Fracture" de Catherine Corsini, ont annoncé vendredi les organisateurs. Le long métrage de la Française est en compétition officielle au 74e festival de Cannes.

Créée en 2010 par le critique Franck Finance-Madureira, la "Queer Palm" est l'équivalent cannois des "Teddy Awards" décernés pendant le festival de Berlin. Le prix récompense chaque année un film et des courts métrages traitant des thématiques LGBT+, "queer" ou féministes, parmi toutes les sélections cannoises.

Catherine Corsini, la réalisatrice de "La Fracture" est la deuxième femme cinéaste à obtenir la "Queer Palm" après Céline Sciamma, récompensée en 2019 pour "Portrait de la jeune fille en feu".

Présente en filigrane dans une bonne part de la filmographie de Catherine Corsini, l'homosexualité féminine apparaît banalisée dans "La Fracture", qui narre l'histoire de Rafaela (Valeria Bruni Tedeschi), une dessinatrice en couple avec Julie (Marina Foïs), une éditrice qui veut la quitter. Les deux femmes se retrouvent à l'hôpital en pleine crise des gilets jaunes..

Une scène du film "La Fracture" de Catherine Corsini. "Queer Palm 2021". [CHAZ Productions]

Le jury de la "Queer Palm" a également récompensé deux courts métrages dans la sélection de la Cinéfondation, la pépinière du festival de Cannes qui accompagne chaque année des étudiants d'écoles de cinéma du monde entier: "La Caida Del Vencejo" de l'Espagnol Gonzalo Quincoces et "Frida" de l'Allemande Aleksandra Odic.

Retour sur la Quinzaine des réalisateurs

Interview de Paolo Moretti

Le 74e Festival de Cannes s'est terminé samedi 17 juillet, en primant une jeune réalisatrice, Julia Ducournau pour "Titane".

Mais le festival, c'est aussi la "Quinzaine des réalisateurs", une section parallèle qui met à l'honneur la relève du cinéma. Retour sur cette 74e édition avec son délégué général, Paolo Moretti.

Mardi 6 juillet, les derniers préparatifs avant l'ouverture du festival de Cannes 2021. [AFP - JOHN MACDOUGALL]AFP - JOHN MACDOUGALL
L'invité: Paolo Moretti / Six heures - Neuf heures, le samedi / 7 min. / le 17 juillet 2021

"France" de Bruno Dumont

Léa Seydoux incarne une journaliste vedette de la télé

L'info en continu prise à son propre piège: dans "France", en compétition à Cannes, Léa Seydoux incarne une journaliste vedette de la télé dans une caricature en forme de comédie dramatique qui pointe les écueils d'un métier mal aimé.

Dans le film, signé Bruno Dumont, France de Meurs est la présentatrice et reporter vedette d'une chaîne d'info, baptisée "i" - toute ressemblance avec une chaîne existante serait probablement fortuite. Micro en main, France est sur tous les terrains, enchaînant les reportages dans lesquels elle se met en scène, de l'Elysée à une rencontre avec des combattants anti-Daesh au Sahel.

Son omniprésente assistante Lou, incarnée avec un brio comique indépassable par l'humoriste Blanche Gardin, représente sa part du diable: obsédée par l'image sur les réseaux sociaux, cynique, insensible, elle considère que tous les moyens sont bons pour accéder à la gloire journalistique. Fred, l'époux de France (Benjamin Biolay), écrivain, est au contraire plein de sensibilité.

Les dérives du journalisme poussées à bout

Sous son vernis d'arriviste sans foi ni loi, prête à tout pour briller, France navigue en réalité entre les deux. Côte farce, "France" en fait des tonnes sur les dérives du journalisme, avec une reporter qui fait prendre tous les risques à ses techniciens, met en scène ses reportages et se pousse du col lors d'une première séquence drolatique en conférence de presse face à Emmanuel Macron.

Mais il se veut aussi une réflexion plus profonde sur les contradictions d'un métier qui, selon le réalisateur, résume notre société: "Les journalistes sont des spécimens très intéressants de la modernité", explique-t-il à l'AFP. "Le journaliste a une mission héroïque de vérité et est embarqué dans une industrie qui a besoin de rendement. C'est un conflit absolument irrésolu et qu'on ne peut pas résoudre".

"Red Rocket" de Sean Baker

Une porn-star déchue de retour en ville

Le cinéaste Sean Baker, qui s'est fait connaître avec ses castings d'amateurs, a ouvert une nouvelle fenêtre sur l'Amérique des marges avec "Red Rocket", projeté en compétition à Cannes.

Le film, en lice pour la Palme d'or, raconte sur un ton enlevé et sans pathos l'histoire de Mikey Saber, vedette de films X ruinée, qui revient dans sa petite ville natale du Texas. Vraiment pas le bienvenu, il parvient cependant à se faire accepter chez sa belle-mère, où il retrouve la femme qu'il a abandonnée, en promettant de se ranger.

Mais trouver un job dans l'Amérique profonde quand vous apparaissez au générique de dizaines de productions porno n'est pas aisé. Au magasin de donuts, Mikey va tomber sur "Fraise", une jeune fille rousse vendeuse et pas encore majeure sur laquelle ce loser à l'ego surdimensionné va jeter son dévolu, tentant de la convaincre de se lancer à son tour dans le X.

Le film, tourné en coup de vent et presque en secret au Texas durant la pandémie, donne une nouvelle fois à voir l'Amérique d'en bas, sur fond de téléviseurs retransmettant des meetings de Trump et de petits boulots pour survivre.

Un univers que Sean Baker, figure à part du cinéma indépendant américain, est habitué à filmer, comme dans "Tangerine" qui racontait le périple de deux prostituées transsexuelles au cours d'une folle journée à Los Angeles ou "The Florida Project" (Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2017), sur une gamine vivant dans un motel sordide aux abords de Disney World et sa mère vivant de débrouille.

Un acteur recruté en cinq minutes

La "recette" Sean Baker repose aussi sur ses castings, à la marge du star-system, sur Instagram, voire au supermarché. Pour la porn-star de "Red Rocket", il a recruté Simon Rex, 46 ans, un acteur que rien ne prédestinait à finir sur les marches de Cannes. Il lui a passé un appel trois jours seulement avant le tournage et lui a fait passer une audition en cinq minutes au téléphone.

L'équipe du film "Red Rocket" de Sean Baker au Festival de Cannes 2021. De gauche à droite: l'actrice Bree Elrod, la productrice Samantha Quan, l'acteur Simon Rex, l'actrice Brittney Rodriguez, le réalisateur Sean Baker, le producteur Alex Saks. [AFP - John MacDougall]

Le prix de la Semaine de la critique à un film égyptien

"Feathers" d'Omar El Zohairi

Le jury de la Semaine de la critique, l'une des sections parallèles du Festival de Cannes consacrée à la découverte de nouveaux talents, a décerné mercredi son grand prix à un premier film égyptien, "Feathers", d'Omar El Zohairi.

Dans le film, une femme "dévouée corps et âge à son mari et à ses enfants" doit tout à coup assumer "le rôle de cheffe de la famille", après qu'un magicien a transformé accidentellement son mari en poule, lors de l'anniversaire de leur fils de quatre ans.

Une scène du film "Feathers", d'Omar El Zohairi, primé à la Semaine de la critique à Cannes. [DR]

Omar El Zohairi, âgé de 32 ans, est diplômé de l'institut du cinéma du Caire. Il a été assistant de plusieurs cinéastes égyptiens. Il avait réalisé plusieurs courts-métrages. "Feathers" est son premier long-métrage, comme tous les films présentés cette année en compétition à la Semaine de la critique.

Le jury était présidé par le cinéaste roumain Cristian Mungiu, Palme d'or en 2007 pour "4 mois, 3 semaines, 2 jours".

"Tralala" des frères Larrieu

Une comédie musicale avec Mathieu Amalric

Seize ans après "Peindre ou faire l'amour", les frères Larrieu - Arnaud et Jean-Marie -, sont de retour au Festival de Cannes hors compétition avec "Tralala", un film aux allures de comédie musicale avec Mathieu Amalric en chanteur des rues attiré à Lourdes par une apparition.

Josiane Balasko, Maïwenn, Mélanie Thierry, Denis Lavant, Bertrand Belin et Jalil Lespert campent les autres personnages pittoresques de cette histoire à la fois tendre et burlesque tournée essentiellement dans la cité mariale, ville de naissance des réalisateurs et haut lieu de pèlerinage catholique.

Etienne Daho, Dominique A, Bertrand Belin, Jeanne Cherhal, Joseph et Balthazar du duo rap Sein, Philippe Katerine et Keren Ann signent la bande originale du film, avec des chansons inédites écrites ou co-écrites par Arnaud et Jean-Marie Larrieu.

Près de la Gare Montparnasse à Paris, une mystérieuse jeune femme apparait un soir à Tralala (Mathieu Amalric), chanteur des rues qui s'accompagne au ukulélé, et lui délivre un message: "surtout ne soyez pas vous-même!".

Pense-t-il avoir vu la Sainte-Vierge? Il prend le premier train pour Lourdes. Une fois sur place, Tralala se fait passer par hasard pour un fils disparu vingt ans plus tôt et intègre une famille.

Une scène du film "Tralala" des frères Larrieu. [SBS Productions - Jérôme Prébois]

L'avis de Fifi Congiusti:

Pas de miracle malgré un tournage à Lourdes pour la comédie musicale des frères Larrieu. Dominique A et les autres ne parviennent pas à élever le niveau d’un film plat.

Beaucoup trop ronflant dans les composition musicales, le film manque de souffle. On finit même par se dire que Mathieu Amalric, qui assure plutôt bien, aurait mieux fait d’être remplacé par le chanteur Katerine. Cette partition était pour lui et personne d’autre. Dommage. Malgré quelques bons moment, la déception est au rendez-vous avec cette comédie musicale des Larrieu à oublier rapidement!

"Titane", le film mutant de cette 74e édition

Julia Ducournau, benjamine de la compétition

C'est le film comme on les aime à Cannes. Dérangeant, radical, organique, clivant, gore, bref: mémorable. Un film qui invite à un voyage sensoriel intense, direct comme une flèche qui va droit au but.

"Titane", ce métal qui résiste à la chaleur et permet des alliages très durs, traite d'hybridation femme/machine, d'amour pour les voitures et de quête de paternité. Il joue avec les stéréotypes et les tabous les plus ancrés, avec un Vincent Lindon très physique.

Vincent Lindon dans "Titane". [Carole Bethuel]

Le film, qui a fait exploser le test trash cannois, a été longuement applaudi après sa projection mardi soir au Grand Théâtre Lumière tandis que certains spectateurs, choqués, quittaient la salle après vingt minutes.

Entre Cronenberg et Alien

Ce long-métrage qui bouscule est signé Julia Ducournau, 37 ans, la benjamine des 24 cinéastes en lice pour la Palme. Il s'ouvre par un accident de voiture dont est victime le personnage principal, Alexia, dans son enfance. Son père est au volant, elle manque de mourir et ne doit sa survie qu'à une plaque de titane qu'on lui insère dans le cerveau et qui se devine au-dessus de son oreille.

On la retrouve jeune adulte, jouée par une actrice débutante mais bluffante, Agathe Rousselle que certains voient déjà primée. La jeune fille fait littéralement l'amour avec des voitures, hommage à "Crash" de David Cronenberg, tue des hommes façon Sharon Stone dans "Basic Instinct" mais au pic à cheveux et mute à la manière d'Alien.

Son corps est comme hanté par une masse de métal qui grandit dans son ventre tandis qu'elle sue et saigne de l'huile de moteur.

En fuite après ces meurtres, Agathe Rousselle, fera la connaissance de Vincent (Vincent Lindon), pompier qui entre deux piqûres de testostérone dans la fesse pleure son fils disparu enfant. Il peut lui offrir un refuge, elle peut réparer sa perte. Sur une "terre brûlée", un "amour inconditionnel" va naître, explique à l'AFP la réalisatrice qui joue volontiers avec l'esthétique viriliste des pompiers ou du tuning.

Garance Marillier dans "Titane", film-choc de la compétition cannoise. [Copyright Carole Bethuel]

Un de mes buts a toujours été d'amener le cinéma de genre ou des films "ovniesques" dans des festivals généralistes pour arrêter d'ostraciser un pan de la production française. Le genre permet aussi de parler de l'individu et très profondément de nos peurs et de nos désirs.

Julia Ducournau, réalisatrice de "Titane".

La réalisatrice avait déjà laissé un souvenir mémorable à Cannes avec son premier long-métrage, "Grave", l'histoire d'une étudiante en médecine vétérinaire devenue cannibale. De l'autre côté de l'Atlantique, la réalisatrice a été adoubée par un maître de l'épouvante, Night Shyamalan, qui lui a confié la réalisation de deux épisodes de sa série "Servant" et a déclaré ensuite qu'elle avait "tout déchiré".

En termes de sensations fortes, le film réveille en tout cas une compétition jusqu'à présent assez sage et a totalement emballé notre envoyé spécial Rafael Wolf.

>> A voir, l'équipe du film "Titane" sur le tapis rouge à Cannes :

La montée des marches à Cannes de l'équipe du film "Titane"
L'équipe du film "Titane" sur le tapis rouge à Cannes / L'actu en vidéo / 53 sec. / le 14 juillet 2021

Samuel Benchetrit - Cannes Première

"Cette musique ne joue pour personne", comédie farfelue au casting délirant

On connaît la plume de Samuel Benchetrit, son goût pour l’humour, souvent féroce, pour l’absurde, pour l’amour et la tendresse. On retrouve tous ces ingrédients dans cette comédie délirante qui a pour cadre le nord de la France.

Ici, les problème se règlent à grands coups de poings et autres intimidations verbales. Dans cet environnement particulièrement violent, une bande de vieux dockers escrocs sont en conflit avec d’autres, plus jeunes et qui entendent bien les enterrer.

Dans cette bande, le chef, François Damiens, est marié à Valéria Bruni-Tedeschi depuis 25 ans. Un solide ennui les lie. Si elle passe son temps en survêtement à regarder des émissions poubelles, lui a rejoint un cercle de poètes anonymes. Il espère, avec l’aide de Ramzy, écrire quelques alexandrins qui séduiront une jeune caissière du coin.

Pendant ce temps, il a mandaté Bouli Lanners et Joeystarr pour convaincre les amies récalcitrantes de sa fille, le mouton noir de l'école, de participer à sa fête d’anniversaire. Toujours pendant ce temps, Gustave Kervern est chargé de retrouver le comptable de la société de François Damiens qui a détourné quelques milliers d’euros. Arrivé au domicile de l’employé, il tombe sur sa femme, Vanessa Paradis, comédienne bègue. Elle lui apprend que la somme a été dépensée dans le financement d’une pièce de théâtre mise en scène par Bruno Podalydès. C’est vital pour elle d’incarner Simone de Beauvoir dans cette comédie musicale.

Beaucoup de fous rires et de tendresse dans ce monde de bruts, c’est ainsi que l’on pourrait résumer cette nouvelle pépite de Benchetrit présentée dans cette nouvelle section du festival, Cannes Première.

Le Suisse Fabrice Aragno présente son projet de film

A la recherche de financement

Cannes, ce nʹest pas que la compétition, cʹest aussi le lieu où les projets de films se montent. Et cʹest ce qui se passe au sein de lʹAtelier de la Cinéfondation de Cannes, une initiative créée en 2005 dans le but dʹencourager le cinéma dʹauteur et lʹémergence de nouveaux talents.

Cette année, 15 projets sélectionnés sont invités sur la Croisette. Parmi eux, celui du bras droit de Jean-Luc Godard, Fabrice Aragno, qui vient présenter "Le lac".

Un projet de long-métrage que le cinéaste suisse est prêt à tourner, mais pour lequel il lui manque encore un tiers du financement.

>> A écouter: Depuis Cannes, Fabrice Aragno évoque son projet de film "Le lac" :

Le réalisateur Fabrice Aragno. [Jamie McCarthy / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]Jamie McCarthy / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Fabrice Aragno prépare son futur film à Cannes / Vertigo / 9 min. / le 13 juillet 2021

Le "male gaze" au coeur de cette édition

Un des enjeux du palmarès

Le regard masculin peut-il être féministe? Un réalisateur homme peut-il évoquer l'intimité des femmes sans tomber dans le cliché, le spectacle ou le fantasme?

Ces questions autour du "male gaze", popularisées dans un essai paru en 1975 par la critique de cinéma Laura Mulvey et relancées avec le mouvement #Metoo, ont une résonance particulière à Cannes cette année.

Trois réalisateurs s'expliquent

Du Norvégien Trier au Néerlandais Verhoeven en passant par le Tchadien Haroun, les réalisateurs n'ont pas peur d'explorer l'intimité de leurs héroïnes, à travers des rôles très forts.

Un tampon lancé au visage d'un père par sa fille, des scènes de sexe envisagées du point de vue féminin et une héroïne qui assume ses désirs: dans "Julie en 12 chapitres", le Norvégien Joachim Trier dresse le portrait électrique d'une trentenaire en quête d'elle-même dans une société marquée par le mouvement #MeToo.

Un film "féministe" selon la critique, réalisé et écrit par deux hommes. "Je serai un idiot d'éviter ces sujets simplement parce que je suis un homme et que je réalise un film sur une femme", a déclaré à l'AFP, le réalisateur de "Oslo, 31 août".

"Renate [Reinsve, l'actrice principale, qui peut prétendre au prix d'interprétation, ndlr] et moi avions beaucoup parlé sexualité et érotisme. Julie est une femme passionnée et le sexe et l'érotisme font partie intégrante de l'être humain", poursuit-il, expliquant, que, durant le tournage de ces scènes, l'actrice avait directement travaillé avec lui.

Débat sur le sexe du réalisateur

Sans tabou non plus, le réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun a livré une fresque sur l'avortement et l'excision dans "Lingui", mettant en scène des femmes unies pour survivre dans une société ultra-conservatrice où les femmes sont marginalisées et vulnérables.

Pour le cinéaste, dont le film décrit clairement les processus de domination, il faut dépasser le débat sur le sexe du réalisateur.

Penser qu'un homme ne pourrait pas faire le portrait intime d'une femme, je trouve que c'est très cloisonné comme pensée. Ca suppose qu'un Blanc ne peut pas raconter une histoire sur un Noir. C'est nier l'humanité qui est en chacun de nous.

Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur tchadien

"En tant qu'homme, je fais partie du patriarcat mais on arrive toujours en tant qu'individu, en conscience, à se débarrasser de tout ce qu'on a eu en héritage et il faut croire en cette possibilité que l'homme puisse changer", a-t-il poursuivi.

Héroïne forte ou fantasme masculin?

Même tonalité chez le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven, dont le film "Benedetta", basé sur une histoire vraie, fait la part belle au désir féminin.

"Si je l'ai [le regard masculin, ndlr], je ne suis pas sûr que ça joue un rôle ici, parce que, la réalité de ce projet (...) ce n'est pas ce qu'un homme, ou plusieurs hommes ont raconté, c'est ce que deux femmes ont raconté lors du procès, donc c'est basé sur l'expression féminine", explique le réalisateur Paul Verhoeven à l'AFP.

Le champ de l'intime

Ces films surviennent après que de nombreuses réalisatrices ont elles-mêmes ouvert la voie avec des longs-métrages sur des héroïnes assumant leur désir. A l'image de la réalisatrice française Céline Sciamma dont le "Portrait de la jeune fille en feu" (2019), consacre uniquement des héroïnes. Ou encore Rebecca Zlotowski avec "Une fille facile" (2019).

La nouveauté n'est pas tant que des cinéastes hommes réalisent des portraits de femmes - "Pedro Almodovar est le premier cinéaste féministe que j'ai vu", a salué au deuxième jour du Festival l'Américaine Jodie Foster - mais qu'ils consacrent des héroïnes et investissent le champ de l'intime.

Le jury décidera

Interrogées sur ces questions, plusieurs membres du jury du Festival ont pris la parole pour souligner la nécessité d'un changement dans les représentations hommes-femmes. "Il faut du temps pour changer les images mentales que nous avons en nous, même si les choses avancent", a déclaré la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner.

Le palmarès de ce jury composé de cinq femmes et quatre hommes sera une réponse à cette lancinante question.

Souheila Yacoub à Cannes

La Suissesse défend deux films

La comédienne genevoise Souheila Yacoub est à Cannes pour "Entre les vagues" d'Anaïs Volpé et "De bas étage" de Yassine Qnia. Deux longs-métrages, "vertigineux" aux dires de la Suissesse, qui concourent dans la Quinzaine des réalisateurs.

Déborah Lukumuena et Souheila Yacoub dans "Entre les Vagues", d'Anaïs Volpé. [Copyright KMBO]

"Je ne réalise toujours pas que je suis ici pour défendre ces longs-métrages réalisés dans des conditions si difficiles à cause du Covid, explique à la RTS Souheila Yacoub. C'est surtout une fierté, après une année blanche pour Cannes."

>> A lire : Double marche cannoise pour l'actrice genevoise Souheila Yacoub

"Une jeune fille qui va bien" à la Semaine de la Critique

Sandrine Kiberlain derrière la caméra

Sandrine Kiberlain signe son premier long métrage après un galop d’essai en format court. Elle réussi un joli coup avec ce film de guerre qui ne montre jamais l’horreur, la suggère et préfère porter son regard sur la jeunesse insouciante, mue par une pulsion de vie.

Pourtant, l’action se situe en 1942, au moment ou les bottent allemandes claquent dans la capitale. Irène prépare son entrée au Conservatoire. Avec ses copines et ses copains, elle joue du Marivaux. Elle se rêve comédienne. Elle a soif de liberté, soif d’amour, soif de rire et semble minimiser les évènements qui secouent le monde et vont le précipiter dans la noirceur.

Irène est française mais juive. Elle vit avec son frère, son père et sa grand-mère. L’histoire s’attarde sur cette famille avec un papa inquiet qui respecte ce qu’on lui impose et se plie aux ordres. Il sent que la situation devient grave. La grand-mère résiste et préfère se placer du côté de sa petite fille. Quant au frère, plus rationnel, il ne comprend pas le manque de révolte de son père.

Ainsi va la vie dans cette famille qui va connaître l’enfer mais ne le sait pas encore contrairement au spectateur qui a 70 ans d’avance sur eux.

Protestations à Cannes

Le cinéaste Kirill Serebrennikov, interdit de quitter la Russie

Une chaise vide, des badges à son effigie: le Festival de Cannes et les acteurs du film "La Fièvre de Petrov", en compétition, ont protesté symboliquement lundi contre l'absence du cinéaste, Kirill Serebrennikov, interdit de quitter la Russie après une condamnation pénale.

Les acteurs du film ont monté les célèbres marches la poitrine ornée d'un badge rouge aux initiales "KS", porté également par le président du Festival Pierre Lescure et le délégué général Thierry Frémaux, qui les ont accueillis à leur sommet.

Le badge à l'effigie de Kirill Serebrennikov pour protester contre son interdiction à quitter la Russie. [AFP - JOHN MACDOUGALL]

Ils ont ensuite reçu des applaudissements nourris à leur entrée dans la salle de projection du film, en lice pour la Palme d'Or. Le fauteuil frappé du nom du réalisateur, considéré comme l'un des plus audacieux de sa génération mais puni pour son effronterie, est resté vide, comme en 2017 lors de la présentation de "Leto" que le cinéaste, alors assigné à résidence sous surveillance policière, avait dû monter depuis son appartement.

"J'espère que quand le monde entier sera à nouveau en capacité de voyager (après la pandémie, NDLR), je pourrais rejoindre le reste du monde", a déclaré Kirill Serebrennikov dans une interview dimanche au magazine professionnel Variety.

J'ai eu ma propre histoire de confinement. Maintenant c'est une mode mondiale... Je suis une sorte de pionnier.

Le cinéaste Kirill Serebrennikov, retenu en Russie

Le film lui-même entre en résonance avec le monde post-pandémie: il se déroule dans une ville en proie à une épidémie de grippe, et retrace une "longue déambulation alcoolisée, à la lisière entre le rêve et la réalité" entre deux amis. "C'est un film très russe, et très personnel sur nos peurs", a-t-il précisé.

Le festival croqué par Vincent Di Silvestro

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L'auteur de bande dessinée genevois Vincent Di Silvestro a vécu son premier Festival de Cannes. Durant six jours, il a partagé ses impressions spécialement pour la RTS.

Sixième et dernier jour (1-3). [Vincent Di Silvestro]
Sixième et dernier jour (4-6). [Vincent Di Silvestro]
Sixième et dernier jour (7-9). [Vincent Di Silvestro]

Né en 1979 à Genève, Vincent Di Silvestro rebondit chaque semaine sur l’actualité comme dessinateur de presse dans les pages de Vigousse et du quotidien genevois Le Courrier. En 2017, il réalise la bande dessinée "Rodger, l’enfance de l’art", scénarisée par le dessinateur de la Tribune de Genève Gerald Herrmann et qui narre les aventures du jeune Federer.

Le deuxième tome des aventures de Rodger vient de sortir aux éditions Herrmine.

Rendez-vous critique

Les appréciations des films en compétition

Durant toute la durée du festival, Rafael Wolf et Fifi Congiusti, spécialistes cinéma et envoyés spéciaux de la RTS, vous donnent leur avis sur les films en compétition qu'ils auront pu visionner.

Seront-ils en accord avec le jury du festival? Réponse le 17 juillet lors du palmarès.

Palmes d'or du Festival de Cannes. [DR]

Film suisse pour la caméra d'or

"Olga", la révélation du festival

>> A regarder, un reportage sur "Olga" :

Olga, premier film d'Elie Grappe, est le seul film suisse présenté au Festival de Cannes
Olga, premier film d'Elie Grappe, est le seul film suisse présenté au Festival de Cannes / 19h30 / 1 min. / le 12 juillet 2021

2013. Olga (Nastya Budiashkina), une gymnaste ukrainienne de 15 ans, s’exile en Suisse pour suivre ses entraînements après avoir été brutalement agressée avec sa mère, une activiste politique. Mais alors qu’elle se prépare pour le Championnat Européen, la révolte d’Euromaïdan, où les manifestants pro-européens se retrouvent écrasés par les autorités à Kiev, éclate.

Après avoir cosigné un documentaire sur une musicienne ukrainienne plongée dans la même situation que sa protagoniste, Elie Grappe réalise cet impressionnant premier long-métrage de fiction sélectionné à la Semaine de la critique. Collant au plus près du corps et du visage de son héroïne, le cinéaste confronte le sport et la politique, le sens collectif et individuel, la violence de la compétition et la sauvagerie de la répression sociale dans un portrait d’adolescente d’une justesse inouïe.

L'avis de Rafael Wolf

Le récit tendu explore la relation compliquée entre Olga et sa mère, pose la présence d’une amie ukrainienne qui écarte ses ambitions sportives pour un engagement militant courageux, et décrypte les rapports de l’héroïne avec ses partenaires helvétiques, d’abord teintés de jalousie puis empreints de solidarité.

>> A écouter, Vertigo consacré au film franco-suisse "Olga" :

"Olga", premier long métrage d'Elie Grappe. [Copyright ARP Sélection]Copyright ARP Sélection
Co-production franco-suisse, "Olga" dʹElie Grappe rayonne à Cannes / Vertigo / 9 min. / le 12 juillet 2021

Quant à la mise en scène, brillante et virtuose, elle capte à merveille les corps en plein entraînement, épousant les mouvements des athlètes plutôt que de les observer à distance. D’une force cinématographique prodigieuse, "Olga" marque d’ores et déjà la naissance d’un cinéaste puissant qu’on verrait bien repartir avec une Caméra d’or amplement méritée.

Appréciation: 5/5

"Oranges sanguines", de Jean-Christophe Meurisse

Le film trash qui marquera cette 74e édition

Chaque année à Cannes, il y a LE film à voir, celui qui vous restera ad vitam dans la tête. Ce film à un titre: "Oranges sanguines" de Jean Christophe Meurisse. Il était dévoilé en séance de minuit.

L'avis de Fifi Congiusti

Voila un film qui a des "couilles", et le terme est très bien choisi! Ne vous offusquez pas! Certes, on n’en voit peu mais on en mange au micro-onde! La victime oblige en effet le détraqué qui l’a violé à manger ses coucougnettes. La scène est succulente…

Plus goutue encore, l’émasculation qui précède alors que la fille hésite entre un sécateur, un ciseau géant tout rouillé ou un cutter. Elle optera pour le couteau électrique qu’on utilise pour découper un rôti. Jouissif à mort! Bon évidemment, faut aimer les films trash! Pas d’erreur, celui de Meurisse l’est, mais pas que. "Oranges sanguines", c’est sucré et amer en même temps.

Toute l'équipe d"Oranges sanguines", le film trash qui marquera cette 74e édition. [AFP - CHRISTOPHE SIMON]

Jean-Chrsitophe Meurisse nous installe dans le confort d’une comédie sans temps mort où l’humour noir et corrosif sont au service d’un discours qui consiste à épingler le cynisme et là vulgarités des hommes de pouvoir, un film qui montre les désastres de leur politique sur des retraités surendettés, contraints au suicide ou alors de gagner un concours de rock. Il n’oublie pas aussi la jeunesse pleine d’espoir et rattrapée par la violence de notre époque.

Le film est un état des lieux de cette France qui disjoncte complètement. Le scénario est impossible à résumer car il repose sur trois faits divers qui n’ont aucun rapport entre eux. On jongle d’une histoire à l’autre, on empile une succession de saynètes toutes plus drôle ou crues ou trash les unes que les autres. Ça commence par un jury en pleine délibération pour choisir les finalistes du concours de rock, où il n'est question que de savoir s'il y a ou pas discrimination, en oubliant l'essentiel: récompenser les couples qui ont le plus ému.

Ce film est punk. Après cette entame jubilatoire, un ministre de l’économie demande à un homme de l’ombre de museler la presse. Il a planqué du fric à l’étranger et s'il se fait prendre, alors qu’il doit mener une politique d’austérité, il risque de perdre son poste. Denis Podalydès joue le pompier avec humour et cynisme. Il a des dialogues à mourir. Dans le même temps, une jeune fille se rend pour la première fois chez le gynéco Blanche Gardin. Grand moment là encore!

On navigue d’une vie à l’autre dans la journée de ces personnes que rien ne lie, si ce n’est le détraqué violeur complètement fou et son cochon à poil long, une espèce de sanglier énorme mais tellement chou.

Une avalanche de stars dans "The French Dispatch"

Wes Anderson, sérieux prétendant à la palme

"The French Dispatch" du réalisateur américain Wes Anderson, 52 ans, tourné à Angoulême, est l'un des plus attendus de la course à la Palme d'Or. De nombreuses stars du générique devraient avoir fait le voyage malgré la pandémie, et monter les marches lundi 12 juillet. Lesquelles? Suspens, la production voulant "créer l'évènement" sur le tapis rouge.

L'affiche de "The French Dispatch", de Wes Anderson.

Car le casting XXL réunit Frances McDormand, Tilda Swinton, Benicio del Toro et Bill Murray, acteur fétiche du cinéaste, et, côté français, Mathieu Amalric, Cécile de France, Guillaume Gallienne ou Léa Seydoux. Mais la présence de cette dernière risque d'être compromise: la star de 36 ans a été testée positive au coronavirus et n'est plus certaine de pouvoir venir à Cannes pour ce film, ni pour aucun des trois autres dans lesquels elle joue cette année.

Un cinéaste totalement à part

Ce natif du Texas, yeux clairs, cheveux mi-longs, look de dandy, garde un contrôle artistique total sur ses créations et les stars se pressent pour rejoindre ses plateaux de tournage, que l'on dit très conviviaux.

Nommé sept fois aux Oscars, mais jamais lauréat, cet Ovni d'Hollywood brigue la Palme d'Or à Cannes, où il concourt pour la deuxième fois, après "Moonrise Kingdom" en 2012.

"The French Dispatch" met en scène un recueil d'histoires tirées du dernier numéro d'un magazine américain, publié dans une ville française fictive du 20e siècle. Le film devrait régaler les admirateurs du travail de Wes Anderson, cinéaste réputé pour son obsession du détail, son goût de la symétrie, des couleurs pastels, d'une certaine esthétique rétro, et adulé pour ses génériques d'une totale originalité.

Ses oeuvres comme "A bord du Darjeeling Limited", "La Vie aquatique", "l'Ile au chiens" ou "Grand Hôtel Budapest" propagent une douce et tendre mélancolie.

Quinzaine des réalisateurs

"Ouistreham" de Emmanuel Carrère

En ouverture de la "Quinzaine des réalisateurs", "Ouistreham" a résonné comme un coup de poing, avec une volonté de donner de la visibilité aux invisibles, aux travailleuses précaires, à des femmes qui courent après des heures de ménages payées au lance-pierre, qui galopent après un CDI qui ne vient jamais et sont obligées de se tuer à la tâche sur des ferries à quai. Elles ont une heure et demie pour nettoyer 248 chambres de fond en comble, soit quatre minutes par chambre.

L'avis de Fifi Congiusti

Adaptation du livre en forme d'enquête en immersion de Florence Aubenas intitulé "Sur les Quais de Ouistreham", le film d'Emmanuel Carrère doit sa concrétisation à la ténacité de l'actrice Juliette Binoche. Sa détermination a fini par convaincre la journaliste qui a tenu à confier le projet au réalisateur français. Excellent choix. En sortant de sa zone de confort, Carrère a su insuffler un élément nouveau dans son film qui fait toute la différence: le mensonge.

Une romancière à succès incarnée par Juliette Binoche décide de tout plaquer sans rien dire à son entourage. Elle, la bourgeoise, veut expérimente une vie de prolétaire afin d’écrire un livre sur la précarité et les travailleurs pauvres. Elle s’installe à Caen, bidonne un CV sur lequel elle n’a aucune expérience, cherche du travail, pour repartir totalement de zéro.

Acteurs non professionnels exceptionnels

Si pour elle, solidarité, compassion et entraide n’étaient que des mots et des concepts, elle se rend compte qu'ils ont un véritable sens dans ce monde. Mais, enfermée dans son mensonge quant à sa véritable identité, elle va devoir trahir ces gens qui lui ont accordé toute leur confiance.

Avec "Ouistreham", Emmanuel Carrère réussit son coup, notamment en dénichant des acteurs non professionnels exceptionnels, dont une certaine Hélène Lambert. Animée d’une énergie folle, cette inconnue crève littéralement l’écran.

Un Certain Regard

"Onada" de Arthur Harari

Le deuxième long-métrage du cinéaste français a fait l’ouverture de la section "Un certain regard" et a remporté l’adhésion du public. Ce film étonnant raconte une histoire complètement folle tirée d’un fait de guerre méconnu.

En 1944, le Japon est sur le point de capituler. Malgré tout, quelques généraux croient encore en leur chance. C’est ainsi que l’on décide d’une mission secrète: expédier sur une île des Philippines un détachement d’officiers, dont Hiroo Onada. Des hommes surentraînés qui ont pour ordre de ne pas mourir, jamais. Ils doivent rester en vie coûte que coûte pour empêcher toute avancée de l’ennemi américain.

Mais lorsque pour l’Empire du soleil levant le retour à la paix sera officialisé, sur l’ile, Onada et les siens n’en sauront rien. Ils continueront à garder leur position, à mener leur mission durant trois décennies. Et tant pis si aucun GI ne débarque. Et tant pis si ils doivent se métamorphoser en aventuriers rois de la survie en zone naturelle hostile, qu’ils doivent éventuellement chasser les vaches de quelques paysans du coin pour manger à leur faim. Un à un, les hommes d’Onada périssent.

L'avis de Fifi Congiusti

Excellente histoire pour un film de guerre contemplatif japonais réalisé par un Français. Ici, la guerre est en toile de fond. Il n’y a pas de combat, juste une aventure humaine, le trajet d’un type qui rêvait de devenir pilote de Zéro mais en fut empêché parce qu’il avait le vertige.

"Tre Piani"

Le film du cinéaste italien Nanni Moretti très attendu

En quête d'une seconde Palme: couronné il y a vingt ans, l'Italien Nanni Moretti revient en compétition à Cannes avec "Tre Piani", à l'aube de la deuxième semaine d'un festival dans lequel rien n'est encore joué.

Fer de lance d'un cinéma à la croisée de l'intime et du politique, voix majeure du 7e art européen, le Romain avait décroché le Prix de la mise en scène en 1994 pour "Journal intime", récit de son propre combat contre le cancer, puis la Palme d'or en 2001 avec "La chambre du fils", film déchirant autour de la perte d'un enfant. C'est un habitué de la Croisette où il avait aussi présenté la comédie "Habemus Papam", avec un Michel Piccoli en Pape saisi par le doute.

Dans "Tre Piani", comme à son habitude, le réalisateur apparaîtra à l'écran dans l'un des rôles, celui de Vittorio, un magistrat, mais le scénario est cette fois adapté d'un roman de l'Israélien Eshkol Nevo, "Trois étages", dont il a transporté l'intrigue à Rome.

Treizième film

Le film entremêle les histoires de plusieurs foyers, dans un immeuble de trois niveaux de la capitale italienne, selon le synopsis dévoilé par les producteurs: une famille avec une fille de sept ans, une jeune mère dont le mari fait de longs séjours à l'étranger, un couple de magistrats confronté à un choix douloureux...

Il "aborde des thèmes universels tels que la culpabilité, les conséquences de nos choix, la justice et la responsabilité qui accompagne le fait d'être parent", a déclaré dans ses notes de productions le cinéaste. Son treizième film, tourné avant la pandémie et qui a patiemment attendu d'être présenté cette année à Cannes, pourrait résonner avec l'actualité: il raconte aussi "notre tendance à mener des vies isolées", ajoute-t-il.

"Flag Day"

Le nouveau film de Sean Penn en lice pour la Palme d'or

Sean Penn, la revanche. Cinq ans après avoir été éreinté par la critique avec un film présenté à Cannes, l'immense star américaine tente de reconquérir la Croisette avec "Flag Day", un film en lice pour la Palme d'or dans lequel il joue aux côtés de sa fille.

Ovation, applaudissements polis, huées ? Samedi soir, peu avant minuit, nul doute que les réactions du public seront scrutées comme rarement sous les ors du Palais des Festivals, après la projection de gala de "Flag Day".

Inspiré d'une histoire vraie

Sean Penn, 60 ans, présente ce film tiré d'une histoire vraie, celle d'un père qui émerveille sa fille par son "magnétisme et sa capacité à faire de la vie une grande aventure", mais mène en même temps "une vie secrète de braqueur de banques et de faussaire", selon le synopsis.

Le film, sur lequel peu d'informations ont fuité, est "le portrait d'une jeune femme luttant pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille", sur une vingtaine d'années, entre les années 1970 et 1990, selon ses producteurs.

L'enjeu est d'autant plus grand pour le réalisateur et acteur légendaire, qui a tourné aussi bien avec Clint Eastwood ("Mystic River" qui lui vaut un Oscar), Terrence Malick ("La ligne rouge") ou Gus Van Sant ("Harvey Milk", deuxième statuette) que le tournage est une affaire de famille : il tient le rôle principal, pour la première fois dans l'un de ses films, aux côtés de sa propre fille, Dylan, 30 ans, et de son fils Hopper Jack Penn qui apparaît également au casting.

Sean Penn entretient une longue histoire avec le Festival : présent pour la première fois en compétition il y a un quart de siècle, comme interprète, avec "She's So Lovely" de Nick Cassavetes, il s'agit de sa troisième participation à la course à la Palme d'or en tant que réalisateur.

Echec de "The Last Face"

La dernière tentative s'était soldée par un échec cuisant, avec "The Last Face", il y a cinq ans. Ce cinquième long-métrage racontait l'histoire d'un docteur (Javier Bardem), médecin humanitaire, et de sa consoeur (Charlize Theron), qui tombent amoureux lors d'une mission au Liberia et en Sierra Leone en 2003.

Rires, malaise lors de la projection de presse et critiques assassines sur le mélange des genres... Le réalisateur avait ce jour-là lui-même reconnu s'être "pris une raclée à Cannes".

"Benedetta"

Homosexualité, violence, religion: la grenade de Verhoeven

Un cinéaste aussi provocateur qu'anticonventionnel de 82 ans, Paul Verhoeven, lance vendredi une grenade dégoupillée sur la Croisette avec "Benedetta", thriller sur une nonne mystique et lesbienne qui scandalisa l'Italie du XVIIe siècle et promet d'électriser la compétition.

Le film, très attendu et qui sort simultanément en salles en France, offre un rôle majeur à l'actrice française Virginie Efira, et en fait à 44 ans une candidate sérieuse pour un prix d'interprétation. Elle est soeur Benedetta, une jeune femme persuadée d'être en communication directe avec Jésus.

Grâce aux miracles qu'elle semble accomplir, elle gravit les échelons dans sa communauté religieuse de Toscane, corsetée par la morale biblique ("Ton pire ennemi, c'est ton corps", lui dit-on le jour de son arrivée) mais qui n'échappe pas à la corruption, en pleine épidémie de peste.

Les choses basculent lorsqu'une jeune femme pauvre, violée par son père, soeur Bartolomea, trouve refuge dans le couvent et rentre dans les ordres à son tour. Entre les deux religieuses, naît une passion amoureuse intense et charnelle, évidemment condamnée par l'Eglise.

Benedetta résiste, forçant même Bartolomea à plonger ses mains dans l'eau bouillante pour la châtier puis succombe... avec la bénédiction de Jésus, qui la guide.

>> Les précisions dans le 19h30 :

"Benedetta", le nouveau film de Paul Verhoeven, pourrait faire scandale sur la Croisette à Cannes
"Benedetta", le nouveau film de Paul Verhoeven, pourrait faire scandale sur la Croisette à Cannes / 19h30 / 2 min. / le 9 juillet 2021

Dans ses visions, "au début, Jésus lui dit non au sexe lesbien, et à la fin, il lui dit 'vas-y?'!", relève pour l'AFP le réalisateur qui avait déjà secoué l'ouverture du festival il y a près de trois décennies avec "Basic Instinct" (1992) et Sharon Stone en premier rôle, ou "Elle" (2016) avec Isabelle Huppert en femme violée qui se livre à un jeu pervers avec son agresseur masqué.

Jeux de pouvoir, trahison et faux-semblants, jusqu'au bout "Benedetta", tourné en Italie, tient en haleine : Virginie Efira, que Verhoeven avait repérée en la faisant tourner brièvement dans "Elle", joue à merveille l'ambiguïté d'un personnage dont on ne sait si elle est possédée, ou une incroyable manipulatrice, qui aurait pu se causer elle-même les blessures qu'elle fait passer pour des stigmates.

>> A écouter: le réalisateur Paul Verhoeven et l'actrice Virginie Efira en interview dans l'émission "Vertigo" :

Le réalisateur Paul Verhoeven avec l'actrice Virginie Efira sur le tournage de "Benedetta". [DR - Pathé]DR - Pathé
Virginie Efira et Paul Verhoeven présentent "Benedetta" à Cannes / Vertigo / 16 min. / le 9 juillet 2021

"Tout s'est bien passé"

Le suicide assisté au coeur du film de François Ozon

Pour la quatrième fois en compétition à Cannes, le cinéaste français François Ozon a offert à la Croisette "Tout s'est bien passé", le portrait vibrant d'un père, André Dussollier, qui demande à sa fille, Sophie Marceau, de l'aider à mourir.

Présenté pour la deuxième journée de la compétition, ce drame doux-amer, oeuvre de l'un des cinéastes français les plus prolifiques (une vingtaine de films en autant d'années) mais toujours reparti bredouille de ses sélections cannoises, a pour toile de fond un thème universel et toujours tabou: la fin de vie et le suicide assisté.

"Ce personnage de père est à la fois insupportable et très attachant, il a une force de caractère incroyable et l'amour de ses filles pour lui (...) Il aime tellement la vie qu'il veut mourir plutôt que d'être amoindri", résume François Ozon. Finalement, Emmanuèle Bernheim et sa soeur (incarnée par Géraldine Pailhas) vont accepter d'organiser le suicide assisté du père, en contactant une association suisse, où cette démarche est légale.

>> Pour connaître l'avis de nos critiques : 24 films pour une Palme d'or

Cinéaste très éclectique, Ozon oscille entre les registres, d'une scène d'hôpital où le père doit accepter qu'on lui fasse sa toilette, à une autre, limite burlesque, où le fauteuil roulant refuse de rentrer dans l'ascenseur, voire frôle avec le polar, lorsqu'il faut se cacher de la police française, qui pourrait faire capoter le dernier voyage vers les rives du Lac Léman...

Sophie Marceau et André Dussollier dans le film "Tout s'est bien passé" de François Ozon. [Carole Bethuel_Mandarin Production_Foz]

"Il fallait faire le film du côté de la vie, il fallait un rythme, mettre en avant le comique des situations. Je ne voulais pas être plombé par le sujet", explique le réalisateur. "On n'est pas dans le pathos, ça doit être la couleur de François Ozon qui ne veut pas faire pleurer à bon marché. Ce mélange entre le drame qu'ils sont en train de vivre et le comique, c'est ça la vie", poursuit André Dussollier.

Pour Ozon, ce projet revêt un caractère particulier: Emmanuèle Bernheim est un personnage réel, une proche, romancière et scénariste, qui a collaboré avec lui sur plusieurs de ses films, dont "Swimming Pool" et "Sous le Sable". Elle a raconté cette histoire dans un livre, mais est décédée d'un cancer avant de pouvoir voir le projet adapté sur grand écran. Ce n'est qu'après sa mort que François Ozon a surmonté la "peur" que lui inspirait le sujet.

>> A voir, le sujet du 12h45 :

Festival de Cannes: dans son nouvel film, le réalisateur français François Ozon aborde le sujet délicat du suicide assisté
Festival de Cannes: dans son nouveau film, le réalisateur français François Ozon aborde le sujet délicat du suicide assisté / 12h45 / 2 min. / le 10 juillet 2021

Palme d'honneur pour Jodie Foster

Sa carrière saluée

Jodie Foster a ouvert la Cérémonie et reçu une palme d'or d'honneur. [AFP - Valery HACHE]

Mardi soir, lors de la cérémonie d'ouverture du festival,l'actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster - qui parle couramment le français - a reçu des mains de Pedro Almodovar une Palme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Un moment émouvant car Almodovar est l'auteur du "premier cinéma féministe que j'ai vu", a-telle dit.

Cette distinction, attribuée dans le passé à Jane Fonda, Jean-Paul Belmondo ou encore Agnès Varda, "salue un parcours artistique brillant, une personnalité rare et un engagement discret mais affirmé pour les grands sujets de notre époque". Jodie Foster était aussi l'invitée d'honneur de la cérémonie d'ouverture.

>> A lire, ce portrait de Jodie Foster : Jodie Foster, une vie intense sous les projecteurs du cinéma

"Jodie Foster nous fait un très beau cadeau en venant fêter le retour du Festival sur la Croisette. Son aura est aujourd'hui sans équivalent: elle incarne la modernité, l'intelligence rayonnante de l'indépendance et l'exigence de la liberté", écrit son président Pierre Lescure, qui loue "une amie fidèle du Festival".

En 2001, l'actrice avait renoncé "la mort dans l'âme" à présider le jury du 54e Festival de Cannes pour tourner un thriller avec David Fincher.

"Je suis flattée que Cannes ait pensé à moi et je suis très honorée de pouvoir transmettre quelques mots de sagesse ou raconter quelques aventures à une nouvelle génération de cinéastes".

"Là, c'est le moment pour les femmes"

C'est ce qu'elle a fait mercredi lors d'une masterclass organisée par le Festival de Cannes, encourageant les aspirantes actrices, réalisatrices ou techniciennes du cinéma à se lancer.

"Là, c'est le moment pour les femmes!", a-t-elle lancé, parce qu'il y a actuellement "une conscience - même si les choses n'ont pas entièrement changé - du fait que ça fait tellement longtemps qu'on n'a pas entendu des histoires de femmes", a-t-elle dit.

"C'est un peu cliché de dire 'racontez vos propres histoires' mais c'est surtout s'interroger et se poser des questions sur la véracité des choses, se dire 'est-ce que c'est quelque chose qui sonne en moi?' au lieu d'essayer de plaire aux spectateurs, aux producteurs", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur la parité à Hollywood, l'actrice et réalisatrice aux deux Oscars a affirmé que "plein de choses avaient changé". "Quand j'ai commencé mon métier il n'y avait pas de femmes. (...) il y avait la maquilleuse, la femme qui s'occupait du script. Sinon je ne voyais pas d'autres femmes. Ça, ça a changé".

Du Velvet Underground...

...à Céline Dion

Après la montée des marches des Sparks, le duo pop-rock à l'origine d'"Annette", la comédie musicale de Leos Carax qui a fait l'ouverture, l'édition 2021 du festival de Cannes joue une partition très musicale, en mettant à l'honneur des légendes du rock et du rap.

>> A écouter, une chronique sur les Sparks dans "Vertigo" :

Russell et Ron Mael, les deux frères du groupe Sparks. [AFP - Valery Hache]AFP - Valery Hache
Avec "Annette", les Sparks réalisent leur rêve de cinéma / Vertigo / 4 min. / le 8 juillet 2021

Le Velvet Underground est au coeur du documentaire éponyme signé Todd Haynes, le réalisateur de "Carol" et de "Velvet Goldmine" (1998) qui se plongeait dans l'univers glam-rock. Son documentaire promet de mélanger interviews et images exclusives de l'époque pour éclairer le parcours de la formation new-yorkaise culte, qui comptait notamment Lou Reed dans ses rangs.

Après avoir vu sa sortie reportée à plusieurs reprises en raison de la pandémie, "Aline", le très attendu vrai-faux biopic sur Céline Dion, de et avec Valérie Lemercier, sera présenté hors-compétition.

Côté franco-britannique, Charlotte Gainsbourg livre son premier film de réalisatrice avec "Jane par Charlotte", un documentaire intime tourné sur plusieurs années, consacré à sa mère, Jane Birkin.

Une autre star, le flegmatique Bill Murray, a promis de se produire sur scène à Cannes, en marge de la présentation en séance spéciale de "New Worlds, the Cradle of Civilization", captation d'un concert-performance, sur des musiques de Bach ou Astor Piazzolla.

En compétition, "Haut et fort", du Marocain Nabil Ayouch, qui avait marqué pour ses débuts avec "Much Loved", suit un groupe d'adolescents épris de culture hip-hop.

Confondateur du groupe du rap français NTM avec Kool Shen, JoeyStarr pourrait se montrer sur la Croisette pour "Cette musique ne joue pour personne", de Samuel Benchetrit, où il côtoie une autre musicienne passée au cinéma: Vanessa Paradis. Il pourrait aussi passer une tête à la projection, en séance de minuit, d'un biopic sur les débuts de la formation légendaire du rap français, "Suprêmes".

Quand aux frères Larrieu, ils ont confié à des musiciens phares de la scène française (Etienne Daho, Dominique A, Bertrand Belin, Jeanne Cherhal...) l'écriture des chansons de leur comédie musicale "Tralala", avec Mélanie Thierry, Maïwenn, Josiane Balasko et Denis Lavant. Sur la première photo publiée du film, l'acteur Mathieu Amalric joue du ukulélé. Le film sera présenté en séance de minuit.

Après son annulation en 2020...

... le Festival de Cannes est de retour

Mardi 6 juillet, les derniers préparatifs avant l'ouverture du festival de Cannes 2021. [AFP - JOHN MACDOUGALL]AFP - JOHN MACDOUGALL
Le 74ème festival de Cannes débute ce soir / Vertigo / 6 min. / le 6 juillet 2021

Après l'annulation en 2020 pour cause de Covid, le Festival de Cannes revient mardi, avec des stars autorisées à tomber le masque sur les marches et la projection en ouverture d'"Annette" de Leos Carax, cinéaste aussi culte que rare.

>> A lire, notre grand-format : Leos Carax, la fin de la malédiction à Cannes?

"Le Covid est toujours là, mais être présent pour le retour du Festival, dans le film d'ouverture (...) c'est un grand sentiment de soulagement et d'excitation", a confié à l'AFP Adam Driver, tête d'affiche avec Marion Cotillard de cette comédie musicale inclassable, dont la bande-son a été composée par les frères américains du groupe Sparks.

Une excitation partagée par le gratin du cinéma mondial, qui retrouve la Croisette après des mois de fermeture de salles et plus de deux ans après la Palme d'or décernée au Sud-Coréen Bong Joon-ho pour "Parasite".

Les membres du jury, présidé par Spike Lee, vont entamer dès mardi leur marathon cinéphile: 24 films en compétition officielle à voir, de la jeune Julia Ducournau à Paul Verhoeven en passant par l'Italien Nanni Moretti ou le Russe Kirill Serebrennikov, et des prix à remettre le 17 juillet au soir. Pour suivre la compétition, notre dossier spécial: 24 films pour une Palme d'or

>> Les précisions de Julie Evard sur l'ouverture du festival :

Festival de Cannes: les précisions de Julie Evard
Festival de Cannes: les précisions de Julie Evard / 19h30 / 1 min. / le 6 juillet 2021

Un jury présidé par Spike Lee

24 films pour une seule Palme

Spike Lee, président du jury, est le premier artiste noir à ce poste. Cinéaste new-yorkais militant, engagé contre le racisme et pour la diversité, thème brûlant dans l'industrie du 7e art aujourd'hui, il avait été désigné dès l'an dernier, avant l'annulation du Festival.

"Ce monde est dirigé par des gangsters", a-t-il déclaré tout de go lors de la conférence de presse d'ouverture mardi. Spike Lee a placé d'emblée le Festival sous le signe de la lutte, dénonçant pêle-mêle avec les autres membres du jury la politique de Poutine et Bolsonaro, ou les discriminations raciales et de genre.

Le cinéaste américain Spike Lee, président du jury de cette 74e édition. [AFP - John MACDOUGALL]

Un jury à majorité féminine entoure le président, dont la star de la chanson française Mylène Farmer, le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho, l'acteur star du cinéma coréen Song Kang-ho, les réalisatrices Mati Diop et Jessica Hausner ou les acteurs Tahar Rahim et Mélanie Laurent.

>> A regarder, ce portrait de Spike Lee :

Le Festival de Cannes débute demain. Portrait du réalisateur américain Spike Lee qui sera son président cette année
Le Festival de Cannes débute demain. Portrait du réalisateur américain Spike Lee qui sera son président cette année / 19h30 / 1 min. / le 5 juillet 2021

Présence suisse

Un vrai coup de projecteur

La Suisse a l’occasion de briller sur la Croisette. Tout d’abord dans la compétition internationale avec pas moins de trois co-productions: "Annette" de Léos Carax, "Memoria" de Apichatpong Weerasethakul, "Petrov’Flu" de Kyryll Sebrenikov), ainsi que "Noche de Fuego" de Tatiana Huezo, un film à l'enseigne de la section Un Certain Regard.

De son côté, l’actrice Souheila Yacoub est présente dans deux films de la Quinzaine des Réalisateurs: "The Braves" d’Anaïs Volpé et "Brighter Tomorrow" de Yassine Qnia.

La Semaine de la Critique n’est pas restée insensible non plus à deux de nos talents. Si Elie Grappe, jeune diplômé de l'ECAL, a été retenu dans la compétition internationale avec son premier long métrage "Olga", Jela Hasler, réalisatrice de "Hors de l’Eau", défend les couleurs de la Suisse, mais dans la compétition format court.

Son film de 12 minutes raconte l'histoire d'Eli qui, d'abord victime de harcèlement, saura se défendre grâce à sa boîte à claques. "Hors de l’Eau" est un film résolument féministe, nerveux, efficace. Caméra au poing, Jela Hasler colle aux basques de Sofia Elena Borsani qui incarne brillamment cette héroïne déterminée.

Le label Cannes comme un passeport

Pour Marcel Müller, de SwissFilms, l’agence de promotion du cinéma suisse, être à Cannes, est la meilleure chose qui puisse arriver à un film.

>> A écouter Marcel Müller :

Le fameux tapis rouge du Festival de Cannes. [DR]DR
La Suisse est bien représentée au Festival de Cannes / La Matinale / 1 min. / le 6 juillet 2021

"Le fait d'obtenir le label Cannes rend la promotion du film à l'international plus facile. Pour le cinéma suisse, ça ouvre des fenêtres dans le monde entier puisque l'on est exposé à des vendeurs internationaux, à des producteurs et à des distributeurs d'autres pays. "

Et le logo de Cannes sur l'affiche ou au générique attire aussi le public dans les salles de cinéma.

La queue devant "Test PCR salivaire"

De notre envoyé spécial Fifi Congiusti

Le retour de Leos Carax sur la Croisette a provoqué moins de tumultes que la séance spéciale en préouverture, "Test PCR Salivaire", qui résonne comme le titre d’un redoutable film évènement, l’œuvre de Covid-19, un collectif de 19 vidéastes.

Projetée dans un nouveau lieu, sur l’esplanade Pantiero à proximité du Palais du Festival, durant toute la quinzaine, chaque séance affiche complet. S’y bousculent toutes les 48 heures les festivaliers non vaccinés, ou les vaccinés pas encore arrivés au terme de leur processus de vaccination, ou les vaccinés aux sérums pas reconnus par l’Europe, ou emcore les curieux qui passent par là et se demandent si ce gros barnum temporaire n’abriterait pas un de ces nouveaux lieux de fiesta hyper hype.

Badge et QR Code

En fait de fête, pour découvrir les vrais films, il ne suffit pas de montrer patte blanche et badge en règle à l’entrée des cinémas. Il faut aussi montrer son QR Code valide, sinon ce sera la plage et pas la salle.

Cette mesure certes contraignante mais ô combien compréhensible est inévitable pour endiguer tout cluster. Le dispositif a même été couplé avec la mise en place d’une billetterie électronique pour réserver ses séances de films à l’avance. La réussite de cette édition pas comme les autres passe par là. Il faut donc se faire une raison.

Les légendaires files d’attente interminables avec attroupements et empoignades à l’entrée des salles sont désormais un lointain souvenir. Mais pour ne pas totalement enterrer le folklore du monde d’avant, la possibilité sera laissée aux festivaliers de se faufiler dans une mini queue "dernière minute" pour tenter d’aller voir un film sans billet électronique.

Le climat à l'honneur

Sept films pour se mettre au vert

Pour sa 74e édition, Cannes se met au vert, avec une programmation éphémère spéciale climat.

En tout, sept films s'attardent sur la question du réchauffement de la planète, parmi lesquels "Comédie climatique", fiction réalisée par Louis Garrel. Six documentaires viennent compléter l'affiche.

On peut citer "La panthère des neiges", de Marie Amiguet, qui suit une expédition au Tibet sur les traces de ce félin rare avec le photographe Vincent Munier et l'écrivain Sylvain Tesson. Il y a aussi "Animal" de Cyril Dion, qui avait connu un énorme succès avec "Demain". Dans son nouveau film, il suit deux adolescents très engagés.

>> A lire : Le climat à l'honneur de la 74ème édition du Festival de Cannes