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"Madame Claude", un biopic sur la reine de la prostitution française

L'affiche du film "Madame Claude". [Netflix]
Sortie du film "Madame Claude" / Vertigo / 6 min. / le 7 avril 2021
La plus célèbre proxénète française, à la tête d'un réseau de prostitution de luxe dans les années 1960-1970, est au coeur du film "Madame Claude" de Sylvie Verheyde. A voir actuellement sur Netflix.

Fernande Grubet, alias "Madame Claude", a régné sur un réseau de prostitution de luxe dans le Paris des années 1960-1970. Avec 500 call-girls et une poignée de garçons, elle satisfaisait les envies d'hommes politiques ou d'affaires, célébrités, chefs d'État français et étrangers, comme le Shah d'Iran ou John F. Kennedy.

Celle que l'on surnommait la "maquerelle de la République" connaissait l’intégralité des secrets d’alcôve et, en échange des confidences recueillies sur l'oreiller par ses filles, s'assurait les meilleures protections, de la brigade mondaine au contre-espionnage.

C'est finalement l'arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 qui précipite sa chute. Elle passe plusieurs fois par la prison et meurt dans la misère à 92 ans, en 2015.

Montrer l'envers du décor

S'inspirant librement des affaires qui ont secoué la Cinquième République de Pompidou et Giscard, le film "Madame Claude" de Sylvie Verheyde met en scène cette femme - campée par l'actrice Karole Rocher- naviguant dans un monde d'hommes, entre le pouvoir et le crime jusqu'à s'y brûler les ailes.

"Il y a l'image de Madame Claude, Paris, les belles robes et les grands hôtels, le pouvoir... Ce qui m'intéressait, c'était l'envers du décor", explique à l'AFP la réalisatrice Sylvie Verheyde. On y voit ainsi la proxénète qui jette ses jeunes et jolies recrues en pâture à ses clients, et n'oublie jamais de prendre ses 30%, même lorsqu'elles reviennent en sang d'un rendez-vous qui tourne mal.

"Madame Claude a construit sa mythologie. C'était une grande menteuse, un escroc qui disait vouloir rendre "le vice joli: c'est-à-dire mettre tout ce qui est moche sous le tapis", relève encore Sylvie Verheyde.

Un film qui se disperse trop

Quarante-quatre ans après une version érotique signée Just Jaeckin (réalisateur d' "Emmanuelle"), le "Madame Claude" de Sylvie Verheyde apporte un regard neuf sur ce personnage fascinant, mais il ne tient malheureusement pas toutes ses promesses selon Rafael Wolf et Philippe Congiusti, critiques cinéma à la RTS.

Le film se disperse en traitant à la fois de la relation ambiguë entre Madame Claude et sa protégée Sidonie qu'elle considère presque comme sa fille, de la vie sentimentale de la proxénète, de questions de moeurs, de politiques. Le tout souligné par une voix off pesante.

"Madame Claude" aurait gagné à se concentrer sur l'emprise de ce réseau de prostitution sur les affaires politiques de l'époque. Ce sont là les scènes les plus intéressantes mais elles ne sont ni assez explicites ni assez développées. "C'est dommage. Cela aurait dû sentir le slip et le stupre et ça sent finalement l'eau de rose", résume Philippe Conguisti.

Andréanne Quartier-la-Tente avec afp

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