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Claudia Cardinale, star éblouissante minée par un lourd secret

L'actrice dans le documentaire "Claudia Cardinale, la créature du secret". [DR]
L'actrice dans le documentaire "Claudia Cardinale, la créature du secret". - [DR]
Un documentaire diffusé sur la RTS revient sur la trajectoire de l'étincelante actrice italienne qui a connu une célébrité fulgurante au cinéma dès les années 1960. Ce mythe du 7e art s'est pourtant construit sur un lourd fardeau.

Claudia Cardinale a connu une trajectoire fulgurante, a bousculé les codes féminins du grand écran dès l'orée des années soixante. En dix ans, elle s'est imposée comme un sex- symbol d'un genre nouveau: à la fois solaire et farouche, sensuelle et pudique, splendidement femme et garçon manqué. Au milieu des années 1970, elle fait pourtant sa révolution et rejette sa couronne.

Son mythe et sa célébrité s'étaient construits sur un secret intime, un secret de femme qui va bouleverser son parcours et rebattre les cartes. A l'aide d'archives inédites et de témoignages, le documentaire "Claudia Cardinale, la créature du secret" vise ainsi au-delà de sa brillante carrière d’actrice, pour percer les secrets d’une personnalité plus complexe que ne le suggèrent les atours et le sourire ravageur de celle qui a souvent été comparée à Brigitte Bardot.

Pas de rêve de cinéma

En réalité, Claudia Cardinale a plus souvent joué la comédie dans la vie qu'à l’écran. Elle a en effet vécu un drame dans sa jeunesse. Abusée sexuellement, elle tombera enceinte et gardera pourtant l'enfant qu'elle cachera durant des années. Le fardeau de celle qui est née à Tunis en 1938, qui ne rêvait pas du tout de devenir actrice et star du cinéma mondial mais plutôt institutrice, n'a pourtant pas contrarié tout de suite son destin.

Sa voix éraillée, son corps de déesse et son image de femme naturelle et sauvage se sont durablement imposés dans le 7e art. Elle a brillé aux côtés de Marcello Mastroianni ("Huit et demi" et "Le bel Antonio"), de Jean-Paul Belmondo ("Cartouche"), Alain Delon ("Le Guépard") ou d'Henri Fonda ("Il était une fois dans l'Ouest") si bien que Fellini et Visconti en ont même fait leur muse. Le grand public comme les cinéphiles et Hollywood ont fini par adopter et aduler cette femme repérée par des producteurs au hasard d'un concours de beauté et dont le large sourire masquait pourtant des larmes.

Une vie digne d'un roman

Elle ne voulait pas du cinéma mais a fini par l'adopter comme un refuge. Et l'Italie dont elle ne parlait pas la langue a été sa fuite. A Rome, elle prend des cours de comédie grâce à une bourse et le puissant producteur Franco Cristaldi, qu'elle finira par épouser et qui adoptera son fils, la prend sous son aile et mise sur son talent pour de fructueux retours sur investissements. Dans les studios de Cinecittà, elle a caché tant bien que mal durant quelques films sa grossesse, avant de cacher longtemps la naissance de son fils pour continuer à se consacrer à sa carrière d'actrice.

La vie de Claudia Cardinale est digne d'un roman. Et ce film écrit par Stanislas de Haldat, qui débute par des extraits des fameux entretiens de la star avec l'écrivain italien Alberto Moravia, en épouse les contours. Jusqu'à son idylle avec le réalisateur Pasquale Squitieri qui lui donnera une fille et pour qui elle plaque tout et s'enfuit aux Etats-Unis au milieu des années 1970. Enfin en paix avec elle-même, elle revient au cinéma, plus libre et belle que jamais.

Olivier Horner

"Claudia Cardinale, la créature du secret", à voir sur Play RTS jusqu'au 8 février 2021.

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