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"Mort à 2020", un faux documentaire pour en finir avec une année pénible

La chronique culturelle (vidéo) – "Mort à 2020", le faux documentaire humoristique de Netflix
La chronique culturelle (vidéo) – "Mort à 2020", le faux documentaire humoristique de Netflix / La Matinale / 2 min. / le 8 janvier 2021
Les créateurs de "Black Mirror" jouent la carte de la catharsis avec leur mockumentaire pour Netflix "Mort à 2020". Humour british et casting de haut vol pour une rétrospective cynique et absurde d'une année marquée par le Covid à oublier.

Charlie Brooker et Annabel Jones, les créateurs de la série britannique culte "Black Mirror", un univers dystopique qui analysait notre relation aux nouvelles technologies, sont de retour avec le mockumentaire (faux documentaire) "Mort à 2020". Et on n'est pas déçu.

Difficile de dérouler avec humour l'année que tout le monde espère effacer définitivement et à jamais. Mais s'agissant de 2020, "une année si mémorable, que l'on insiste deux fois avec '20'", comme l'annonce la voix off au début du film, la matière dramaturgique est plus qu'abondante: c'est l'année qui a connu des incendies spectaculaires en Australie, une pandémie mondiale, le Brexit, une élection contestée aux Etats-Unis ou encore le mouvement Black Lives Matter.

La rétrospective est satirique, l'humour est absurde et le casting de haut vol: le comédien britannique Hugh Grant, qui incarne un guindé professeur d'histoire à l'accent so british, ou encore Samuel L. Jackson dans le rôle d'un journaliste cynique et épuisé, et une Lisa Kudrow excellente dans le rôle d'une porte-parole du parti de Donald Trump.

Une année de m***

Tout est faux et tout est vrai dans ce faux documentaire qui mêle les témoignages de personnalités mondialement célèbres (mais néanmoins fictives) à des images d'archives de ces douze derniers mois.

La subtilité de ce pari, raconter avec humour une année exceptionnelle avec de vraies images d'archive, réside dans le choix narratif qui consiste à jouer la carte de la catharsis. D'offrir à un public fatigué par la pandémie et les enfermements successifs septante minutes de satire politique et sociale qui nous permettent de décompresser. De respirer. De rire jaune, mais de rire tout de même.

Brillante comédie

L'humour est à prendre au 25e degré (au minimum), il est pince-sans-rire.  Dans une des scènes, la soi-disant porte-parole de Trump répond aux journalistes concernant la procédure de destitution et l'affaire ukrainienne.

- D'après les démocrates, dit-elle face caméra, Trump aurait fait pression sur l'Ukraine pour exhumer du linge sale sur les Biden. Leur seule "preuve" est une transcription de lui en train de le faire.

- Que disait cette transcription, demande un journaliste ?

Lisa Kudrow répond du tac au tac :

- Euh… laquelle?

- Celle dont vous venez de parler, répond le journaliste.

- Vérifiez l'enregistrement, je n'ai rien dit de tel!

Cette scène nous plonge dans la mécanique des faits alternatifs, dans l'ambiguïté d'une rhétorique que l'on a pu entendre chez une Kellyanne Conway, la conseillère de Trump jusqu'à fin août 2020. En tendant ce miroir, le documenteur devient ainsi plus vrai que nature. Pourquoi créer de la fiction quand la réalité est pire? Peut-être pour nous pousser à avoir une réflexion philosophique: Qu'est-ce que la vérité ? Qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui est faux?

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Mort à 2020, oui. Espoir pour une meilleure année 2021? Oui. Mais quand on voit les derniers évènements à Washington, au Capitole, après seulement sept jours écoulés en 2021, on commence à se dire: vivement 2022! Et pourquoi pas, l'espoir d'une suite pour ce faux documentaire.

Miruna Coca-Cozma

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