Dino Risi est moins célébré que ses compatriotes Fellini, Antonioni ou Visconti mais ses films ont peut-être moins vieilli, au nom du principe qui a toujours été le sien: insuffler de l'humour et de la dérision même dans les sujets graves.
A ce maître de la comédie italienne, on doit "Les Monstres" (1963) qui dresse au vitriol les vices et les travers de la société italienne avec ses veuleries, son indulgence pour la corruption et sa fascination pour l'univers de la télévision, "Le Fanfaron", version mélancolique de la dolce vita, "Rapt à l'italienne" (1972) ou "Parfum de femme" (1974). Autant de films qui racontent trois décennies de l'Italie, des pénuries de l'après-guerre aux années de plomb en passant par le miracle économique des années 1960.
Pessimisme joyeux
Sa filmographie bien dodue - plus d'une cinquantaine de films - documente avec le sourire toutes les transformations de la société italienne, sans jamais se départir de sa vision bouffonne de l'humanité. Dino Risi n'est pas un moraliste, c'est un observateur pessimiste et joyeux.
Mais revenons à ce "Sexe fou" plutôt méconnu qui vient d'être restauré. Le film, à l'esthétique très seventies, est composé de neuf sketches, dont chacun révèle un comportement motivé par le sexe. Burlesque, provocateur, outrancier, Risi s'intéresse moins à l'acte lui-même qu'aux différents chemins qu'empruntent les hommes pour parvenir à leurs fins. Le film n'est pas à leur gloire.
"Le Sexe fou" a aussi une autre particularité, tous les sketches sont interprétés par le même duo d'acteurs: Giancarlo Giannini, dont les déguisement à eux seuls déclenchent le rire, et Laura Antonelli, élevée au rang de sex-symbol grâce à "Malicia", film culte pour tout une génération d'Italiens. Dans "Sexe fou", elle s'autoparodie jusqu'à la caricature tandis que Giancarlo Gianni, incarnation d'un éternel masculin, ridiculise la culture transalpine de la testostérone.
Avant "Sexe fou", il y a eu "Moi la Femme", autre film à sketches de Dino Risi. Monica Vitti jouait tous les rôles féminins tandis qu'elle changeait à chaque fois de partenaire. Le film montrait comment les femmes sont les victimes collatérales du machisme ambiant.
Sujet proposé par Julien Comelli
Adaptation web: Marie-Claude Martin
Le coffret Dino Risi comprend cinq films restaurés: "Le Sexe fou", "Les Montres", "Le Fanfaron", "Dernier amour" et "La carrière d'une femme de chambre".