Dans l'image ci-dessus, extraite de "Chinatown", Jack Nicholson tient son chapeau comme Hamlet son crâne. Dans ce tête-à-tête existentiel, l'acteur semble se demander: Etre ou ne pas être Jack Nicholson? Jouer pour être ou être pour jouer? Faire du cinéma pour se cacher ou pour se révéler?
Avec douze nominations et trois récompenses, Jack Nicholson fait partie des acteurs les plus nommés et récompensés aux Oscars du cinéma. En cinquante ans de carrière et soixante films, dont quelques chef-d'oeuvres, il aura été tour à tout aimable, séducteur, odieux, terrifiant, sardonique, en incarnant, dans des premiers ou seconds rôles, des personnages souvent sombres, des anti-héros rebelles ou vagabonds, des psychopathes baroques ou furieux, des figures du mal, comme le Diable ("Les Sorcières d'Eastwick") ou le loup-garou ("The Wolf").
Pour effrayer, il n'a pas besoin de grand chose: un sourire carnassier, des sourcils en circonflexe et un rire de gorge qui prend toute la place. A la longue, son expression de séducteur-prédateur est devenue une signature, un label, une marque distinctive.
Comme pour nul autre acteur, le cinéma lui aura permis d'explorer ses parts d'ombre, d'exorciser ses démons, de les tenir en joug, de s'en amuser et même parfois de les faire aimer du grand public.
Le cinéma est sa page blanche où s'écrit une grande partie de son autobiographie
Le Jack expansif aura ainsi protégé le Nicholson solitaire, le premier faisant office de garde du corps ou de garde-fou au second. "Mon pire cauchemar est de me retrouver bourré dans un caniveau, déshonoré pour une raison quelconque. C'est pourquoi, je préfère vivre seul, ça fait partie de moi", dit-il, non sans orgueil.