"Rencontres du troisième type" de Steven Spielberg

Grand Format

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Introduction

Sorti en 1977, le film de Steven Spielberg est une sorte de manifeste de la science-fiction humaniste. Il prend à rebours une histoire du cinéma fantastique américain qui, jusqu'alors, associait toujours les aliens à des ennemis.

Chapitre 1
Une histoire d'extraterrestres

Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP

"Rencontres du troisième type" ("Close Encounters of The Third Kind"), sort en 1977, la même année que "La guerre des étoiles". Mais à la différence du film de George Lucas qui se déroule dans une galaxie lointaine, le film de Spielberg, lui, se passe sur terre.

A la manière des histoires vraies des années 1970, il est la combinaison gagnante d'un réalisme proche de notre quotidien avec en prime de l'étrange et des extraterrestres.

Et le mélange plaît. Le film gagne l'Oscar de la meilleure photographie et celui des meilleurs effets sonores, ainsi que plusieurs Saturn Awards et des Bafta. Agé alors de tout juste 30 ans, Steven Spielberg, lui, y gagne le statut de réalisateur culte après seulement trois longs-métrages.

Le film raconte l'histoire d'une rencontre avec des extraterrestres. Dans le petit village de Muncie dans l'Indiana. Roy Neary, un réparateur de câbles se rend sur le lieu d'une panne d'électricité. En chemin une lueur étrange illumine sa voiture. Il observe les boîtes aux lettres, le long de la route, s'ouvrir et se fermer convulsivement, tout comme sa boîte à gant. Puis, il est survolé par une soucoupe volante.

D'autres personnes sont également témoins de ces phénomènes: Barry Guiler, un petit garçon de quatre ans, est réveillé par le bruit de ses jouets qui se mettent en route. Il sera plus tard emmené par les extraterrestres sous les yeux de sa mère, impuissante.

Le jeune Cary Guffey dans "Rencontres du troisième type". [Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP]

Des avions qui avaient disparu durant la Seconde Guerre mondiale sont retrouvés au Mexique en parfait état de marche. Un cargo est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi.

Roy Neary, fasciné par la tournure des événements, cherche à comprendre ce qu'il a vu et vécu. Mais il se heurte, comme les autres témoins, aux rigoureuses consignes de silence imposées par le gouvernement. Le problème, c'est qu'il obsédé par ce qu'il a vu et hanté par une image de montagne qu'il essaie désespérément de reconstituer. Le croyant fou, sa femme le quitte en emmenant les enfants. Il part alors à la recherche de sa vision et rencontre en route Jillian, la mère du petit Barry enlevé par les aliens.

Parallèlement à ces événements, une commission internationale conduite par le savant français Claude Lacombe s'efforce de relier entre eux divers indices disséminés un peu partout sur la planète. Une évidence s'impose bientôt: une intelligence extraterrestre tente d'établir un contact avec les terriens! Un lieu de rencontre a été désigné: la montagne de la Tour du Diable, dans le Wyoming. Tous et toutes se retrouveront là-bas pour une rencontre du troisième type.

Chapitre 2
Regarder vers l'ailleurs

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A partir de 1947, l'année où le fameux extraterrestre de Roswell se serait posé au Nouveau-Mexique, puis surtout entre les années 1960 et 1980, les ovnis sont une préoccupation au cœur des sociétés occidentales. Partout, on entend parler d'êtres venus d'ailleurs.

Sur les écrans de télévision, les enfants se repaissent d'une série culte, "Les Envahisseurs", avec ce pauvre David Vincent qui s'échine à démasquer des aliens sur terre! Dans les années 1970, plus de 15 millions d'Américains affirment avoir vu des objets volants non identifiés.

En France, en 1973 le futur gourou du mouvement raëlien pense avoir été enlevé par des aliens. Carl Sagan, scientifique et astronome américain, écrit en 1974 un message destiné aux extraterrestres qu'il envoie par radiotélescope dans l'espace.

Un contexte qui va, évidemment, influencer la vision de Steven Spielberg: "Je suis né l'année où Kenneth Arnold les a vus. Kenneth Arnold, un aviateur américain, premier témoin de la première grande observation d'ovnis en 1947. Il y avait eu, peut-être, 10'000 observations semblables avant sa propre expérience, mais c'est lui qui a inventé le terme de soucoupes volantes. De son avion, il a vu ces disques semblables à des soucoupes. Puis tout le monde a repris la chose. Nos bandes dessinées du dimanche en étaient remplies. J'ai toujours pensé que nous n'étions pas seuls dans l'univers."

Steven Spielberg, alors tout jeune réalisateur, sent qu'il y a un manque flagrant du genre à Hollywood. Même si Stanley Kubrick a donné ses lettres de noblesse au genre avec "2001, l'Odyssée de l'Espace" en 1968, les films de science-fiction sont plutôt primaires et puérils.

Le réalisateur invente alors sa propre vision d'une rencontre avec des aliens. Une idée qui lui vient un soir, alors qu'il tourne "Les Dents de la mer".

"J'ai fait ce film pour en apprendre davantage sur les extraterrestres. Je voulais faire un film sur le mystère qui entoure les ovnis. Je ne voulais en aucun cas faire un film effrayant. Le point de départ n'est pas une expérience personnelle. Je n'ai jamais expérimenté de rencontre ni du premier, ni du deuxième et encore moins du troisième degré. Mon imagination travaille à partir d'informations accumulées au cours d'années de lectures concernant ces phénomènes."

Le véritable thème de ce film n'est ni les ovnis, ni les extraterrestres, ni le oui ni le non de leur existence, mais l'enchantement renouvelé de l'homme à regarder vers l'ailleurs.

Chapitre 3
Un vrai fou des étoiles

Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP

"Je m'intéresse aux phénomènes étranges que l'on aperçoit la nuit dans le ciel depuis je suis tout gosse, se souvient Steven Spielberg dans ses mémoires. Je vivais en Arizona; l'atmosphère y était très pure. Nous avions droit très souvent à de merveilleuses nuits étoilées. Je me souviens qu'une fois, mon père m'a réveillé. Sans rien dire, il m'a emmené, ainsi que toute la famille, sur une colline. Là, il a étendu une couverture sur le sol; nous nous sommes assis et avons contemplé une fabuleuse pluie de météores. C'était extraordinaire! Je me suis demandé qui accrochait toutes ces lumières là-haut. Depuis, ma tête est restée dans les nuages. J'ai dévoré tous les ouvrages de science-fiction; j'étais un vrai fou des étoiles. Et je le suis toujours (...). C'était mon initiation au monde au-delà du nôtre".

Un petit garçon qui sait qu'il deviendra cinéaste quand son père reçoit une caméra en cadeau d'anniversaire. Papa Spielberg est un piètre cinéaste et lassé par les commentaires négatifs ou affligés de son fils, lui tend un jour la caméra et lui demande de filmer. Spielberg n'arrêtera plus.

A même pas 30 ans, en 1976, il entame son projet de "Rencontres du troisième type". Mais il veut que l'incursion de l'ailleurs, de l'outre-espace, ait des accents véridiques. Il ne faut pas, surtout pas, refaire un énième film avec des martiens agressifs et autres envahisseurs, pauvres caricatures du péril communiste en pleine Guerre froide.

Il contacte l'armée américaine et la NASA. Mais ces institutions ne l'entendent pas de cette oreille. Elles déconseillent formellement à Spielberg de faire son film. "Avant le tournage, nous dit Spielberg, j'avais demandé la coopération des experts de la NASA. On m'expliqua dans une longue lettre que mon projet n'était pas positif pour le programme spatial et pas sain pour le public".

C'est pourquoi, lorsque Spielberg entame son projet, il prend contact avec le professeur Joseph Allen Hynek. A cette époque, il est sans doute, le plus grand spécialiste mondial en matière de soucoupes volantes. Astrophysicien, il était conseiller du Blue Book, le projet de l'armée américaine chargé de démasquer les vraies des fausses manifestations extraterrestres, avant de donner sa démission en 1965, lors de la prise de contrôle du projet Blue Book par la CIA. "J'ai accepté de travailler avec Spielberg pour aider les témoins à raconter plus librement leurs expériences sans craindre d'être pris pour des fous", expliquera le scientifique.

En 1972, Joseph Allen Hynek crée un système de classification des observations des aliens et envisage trois catégories de rencontres:

  • 1er type: la vision d'une soucoupe à moins de 150 mètres

  • 2e type: traces visibles de soucoupes sur le sol

  • 3e type: rencontre proprement dite avec les passagers d'une soucoupe

C'est ce troisième type qui donne le titre au film de Spielberg.

Depuis, d'autres ufologues en ont rajouté quatre, mais qui ne sont pas reconnues au niveau scientifique:

  • 4e type: enlèvement des humains

  • 5e type: implants extraterrestres dans les corps humains

  • 6e type: un ou plusieurs témoins (ou animaux) sont tués par un ovni ou ses occupants

  • 7e type: le ou les témoins ont un rapport sexuel avec les occupants d'un ovni, à l'intérieur ou à l'extérieur de celui-ci

C'est aussi Hynek qui souffle au cinéaste le nom d'un scientifique français, Jacques Vallée qui servira de modèle dans le film au personnage de Claude Lacombe.

L'astrophysicien J. Allen Hynek (à gauche) en compagnie du scientifique français Jacques Vallée. [DP]

Le travail préparatoire étant effectué, Spielberg, fort de son projet solide et des étoiles plein les yeux, s'en va frapper à la porte de la Columbia avec son ovni cinématographique sous le bras. Il leur dit:

"Un homme ordinaire qui vit en banlieue paisible et qui voit des ovnis. Le voilà en prise avec le cosmos… Tout cela se passe dans votre arrière-cour. Vous devez d'abord croire à la terre avant de croire aux soucoupes volantes."

Le réalisateur s'emballe. Il leur montre la maquette du vaisseau de Joe Alves Jr, son décorateur sur "Sugarland" et "Les Dents de la mer". Il leur parle du gouvernement dont il est convaincu qu'il dissimule une quantité d'informations pour tourner en ridicule les observations d'ovnis, mais qui est cependant incapable de donner une explication satisfaisante à ces phénomènes observés dans le ciel, la nuit.

Puis il assène l'argument final: 16 millions d'Américains croient aux ovnis, y compris le président Jimmy Carter qui a déclaré avoir vu deux soucoupes, ça fait 16 millions de spectateurs potentiels.

Il est des chiffres qui vont droit au cœur des producteurs. La Columbia accepte. Mais c'est une aventure risquée. "La Guerre des étoiles" n'est pas encore sortie. Ni "Blade Runner" d'ailleurs. La science-fiction n'est pas encore à la mode, carrément inconnue au box-office cinématographique alors qu'elle fait déjà le lit de séries télé et de comics.

Chapitre 4
Un vaisseau complètement illuminé

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Les repérages sont effectués par le chef décorateur Joe Alves. Il trouve dans le Wyoming la fameuse Tour du Diable, la montagne qui constitue un des éléments visuels essentiels du film. C'est dans cette montagne qu'aura lieu la rencontre avec les extraterrestres. C'est un point nodal de l'histoire.

Alves découvre également un immense hangar à dirigeables à Mobile, en Alabama. C'est absolument immense, plus grand que tous les plateaux de tournage disponibles à Los Angeles. Et, signe du destin, Mobile a été le site d'une alerte aux ovnis le 20 janvier 1973. Reste à y construire les décors.

Et pendant que les équipes techniques se mettent à l'ouvrage, Spielberg persuade Douglas Trumbull, son idole, de s'occuper des effets spéciaux. C'est l'homme qui a créé la plupart des effets spéciaux du "2001 l'Odyssée de l'Espace" de Stanley Kubrick. C'est une légende dans le milieu.

Spielberg sait que Trumbull en a assez d'inventer des galaxies et des vaisseaux. Georges Lucas, qui l'avait contacté pour, "La guerre des étoiles" s'est fait proprement rembarrer… mais pas Spielberg. Doug Trumbull est complètement surexcité par le script.

Les deux hommes en discutent longuement et le réalisateur finit par abandonner son idée de base pour le fameux navire-mère: une immense forme noire occultant toute lumière lorsqu'il apparaissait parmi les nuages. Une référence au fameux monolithe du film de Kubrick. Trumbull lui suggère au contraire de la lumière. Le vaisseau sera donc complètement illuminé.

"Rencontres du troisieme type". [Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP]

Spielberg veut montrer des visiteurs de l'espace crédibles. En d'autres termes, ceux-ci doivent être inspirés par la réalité et réalisés à partir d'une véritable fiche signalétique dressée à l'aide d'observations faites dans le monde entier.

Qu’est-ce que je ferais, moi Spielberg, si je voyais surgir un extraterrestre, là devant moi? Eh bien, je lui dirais: je vous invite à dîner avec moi et j’emporterais mon magnétophone pour enregistrer la conversation.

Steven Spielberg, réalisateur américain

Les rapports de Jacques Vallée montrent que 40% des 1'247 rencontres du troisième type décrivent des extraterrestres de type humanoïde. Selon ces descriptions, les extraterrestres feraient moins d'un 1m30 de haut; ils auraient des bras et des jambes très allongés et minces et se comporteraient tout à fait comme des enfants.

Spielberg demande au sculpteur italien Carlo Rambaldi de travailler pour lui. L'artiste utilise ces descriptions auxquelles il ajoute une tête plus grosse que le corps en proportion, partant du principe qu'avec 10'000 ou 20'000 ans d'avance sur nous, leur cerveau est plus développé.

Il faudra des mois d'essai en image par image avec des marionnettes mécaniques pour arriver à un résultat satisfaisant. Caoutchouteux, chauves, les yeux écarquillés, sans nez ni oreilles visibles, les aliens ressemblent aux clichés des corps d'extraterrestres prétendument trouvés dans la soucoupe écrasée à Roswell au Nouveau-Mexique en 1947. Ces aliens seront joués par des fillettes masquées, juchées sur des patins à roulettes.

Les extraterrestres de "Rencontres du troisième type". [Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP]

Spielberg est aux anges. Tout se déroule comme il l'a prévu. C'est même encore mieux que prévu. Il filmera les extraterrestres avec une très forte surexposition.

Je voulais que le spectateur soit obligé de plisser les yeux et de scruter la lumière pour essayer d’interpréter ce qui apparaissait à l’écran

Steven Spielberg, à propos de la manière de filmer les aliens dans "Rencontres du troisième type"

Chapitre 5
François Truffaut pour incarner un professeur français

Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP

Le choix de Roy Neary pour le rôle principal n'a pas été simple pour Spielberg. Il lui fallait quelqu'un d'ordinaire à qui l'on puisse s'identifier. Mais alors que le choix de Richard Dreyfus semblait évident, d'autant qu'il venait de tourner avec lui dans "Les Dents de la mer", Spielberg met un moment à s'en apercevoir.

Dans un premier temps, Dreyfus demande un cachet supérieur à celui des "Dents de la mer". Normal. Mais ça fait grincer des dents. Spielberg pense alors à Steve Mc Queen, Dustin Hoffman, Al Pacino, Jack Nicholson, Gene Hackman. Mais Dreyfus finit par le convaincre que le rôle est fait pour lui. Il lui faut un acteur qui ait une tête d'enfant et Spielberg finit par l'engager.

Pour le reste du casting, on prend des acteurs peu connus et une célébrité, François Truffaut. Le cinéaste français incarne le scientifique Claude Lacombe. Pour l'engager, le réalisateur doit déployer tout son charme et sa conviction, comme il l'a fait d'ailleurs pour convaincre ses producteurs.

Chapitre 6
Un tournage très secret

Novapix/Leemage via AFP - Wally Pacholka

Le tournage de "Rencontres du troisième type" démarre le 14 mai 1976 quand tous les techniciens et les acteurs, en tout 114 personnes, descendent à Gillette dans le Wyoming pour voir la fameuse montagne. Le tournage se fait dans le plus grand secret.

Puis, tout le monde se rend à Mobile dans l'Alabama tourner dans le hangar dans lequel ont été construits les décors du film. Mobile devient un lieu de tournage le plus hermétiquement clos du moment. Les acteurs et techniciens mangent, travaillent et parfois dorment à l'intérieur du hangar dans une chaleur étouffante que 150 tonnes d'équipement de climatisation rendent à peine viable. Personne n'entre sans un badge à son nom. Même Spielberg est refoulé un jour pour avoir oublié le sien.

Le secret n'est pas une ruse marketing. Le réalisateur ne veut pas qu'une chaine de télévision lui vole son idée et réalise à toute vitesse un feuilleton qui aurait touché 20 millions de spectateurs avant que ne sorte le film. Mais tout ce mystère finit par intriguer la presse et tous les journaux se mettent en tête de pénétrer sur le plateau pour avoir un reportage exclusif.

Les scénarios sont numérotés et distribués uniquement à ceux pour lesquels ils s'avèrent indispensables. La plupart des acteurs n'ont droit qu'à leur texte personnel. Comme au-dessus de leur tête tout est dissimulé par du velours noir pour laisser place à la magie des effets spéciaux, bon nombre de seconds rôles n’ont aucune idée du sujet du film.

L'ambiance est bonne sur le tournage. Partout. Même en Inde et dans le désert de Gobi où le tournage est cependant est très éprouvant: deux heures de voitures pour se rendre sur le plateau, sur des routes défoncées. Au village de Hal, les 3'000 figurants attendant l'arrivée de l'équipe. Venus de Bombay la veille, ils couchent sur place pour être à l'heure.

Le réalisateur Steven Spielberg (à gauche) en discussion avec François Truffaut sur le tournage de "Rencontres avec le troisième type". [Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP]

Durant huit semaines, Spielberg tourne à longueur de journée. On le retrouve parfois le soir en train d'errer désespérément, hanté par son scénario. Parfois aussi, il s'enferme dans sa roulotte, se projetant continuellement "2001 l'Odyssée de l'Espace" ou des dessins animés de Walt Disney et également des films de propagande de l'armée de la Deuxième Guerre mondiale.

Au début de 1977, le tournage s'achève enfin. "La guerre des étoiles" de Georges Lucas sort sur les écrans. Son succès dépasse celui des "Dents de la mer". Spielberg accélère le rythme, et demande encore plus d'effets spéciaux.

"Je voudrais qu'après avoir vu mon film, les gens se mettent à scruter le ciel avec la même angoisse éprouvée à regarder l'océan après avoir vu "Les Dents de la mer", dit le réalisateur.

>> A écouter: L'émission "Travelling" consacrée à "Rencontres du troisième type" :

Rencontres du troisième types de Steven Spielberg (1977). [AFP - COLUMBIA PICTURES CORPORATION / COLLECTION CHRISTOPHEL]AFP - COLUMBIA PICTURES CORPORATION / COLLECTION CHRISTOPHEL
Travelling - Publié le 27 juillet 2020

La musique du film est composée par John Williams. Pour "Rencontres du troisième type", le compositeur invente un code musical. Un code permettant de communiquer avec le vaisseau extraterrestre. John Williams joue le motif musical des 5 notes pendant toute une journée, au piano à Spielberg. Le thème  (Si bémol - Do - La bémol - La bémol - Mi bémol) entre dans la légende. C'est un véritable coup de maître musical.

Chapitre 7
"Allons voir ce film sur les ovnis"

Columbia Pictures Corporation / / Collection ChristopheL via AFP

Le 17 novembre 1977, "Rencontres du troisième type", précédé de son aura de secret, est sur tous les écrans américains. C'est le premier film sur les ovnis et les êtres venus d'ailleurs qui n'est pas une caricature. Il enchante le public et la critique et engendre des recettes spectaculaires. Il reçoit deux Oscars: meilleure Photographie et meilleur montage sonore.

Mais c'est surtout le film qui va imposer de manière durable ce jeune réalisateur qu'est Steven Spielberg, lui permettant d'explorer tous les thèmes qu'il exploitera par la suite, en particulier le thème de l'enfance et des dysfonctionnements familiaux. On sait que Spielberg a été très marqué par le divorce de ses parents. Dans "Rencontres du troisième type", le père, véritable gamin, n'hésitera pas à abandonner sa famille pour suivre les extraterrestres.

C'est également le premier film où Spielberg impose une esthétique de l'imaginaire qui ne le quittera plus.

Le réalisateur dira: "C'est un film sur les ovnis. Je répugne à dire cela mais c'est ce que tout le monde dit: allons voir ce film sur les ovnis. Tous les mégas succès ont été, à l'origine, des films que l'on pouvait résumer en une seule phrase. Mais ce n'est pas un film futuriste. Il parle de ce que les gens croient qu'il se passe en ce moment. 16 millions d'Américains sont persuadés que des ovnis viennent nous visiter. Que nous sommes l'objet d'un examen attentif et que cela remonte à de très très nombreuses années. Alors faut-il y croire? Allons voir ce film sur les ovnis!"