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Al Pacino dans "Hunters", la série choc et violente d'Amazon

La loi des séries - Hunters
La loi des séries - Hunters / La loi des séries / 2 min. / le 25 février 2020
"Hunters", une série estampillée Amazon Studio, créée par un illustre inconnu de 31 ans qui a réussi à convaincre le réalisateur de "Us", Jordan Peel, de produire son fantasme vengeresque.

David Weil a beaucoup écouté sa grand-mère, survivante de l'Holocauste, lui raconter ce qu'elle avait vécu dans les camps. Elle lui a aussi parlé de ces scientifiques nazis, rapatriés aux Etats-Unis après la guerre et accueillis quasiment à bras ouverts, par la NASA notamment. C'est ce qu'on appelle l'opération Paper Clip.

A partir de cette histoire "réelle", David Weil a imaginé une fiction qui navigue entre le drame réaliste et l'action divertissante. L'angle est étonnant, dérangeant au départ, mais le casting est séduisant. On retrouve Josh Radnor, dans un rôle à l'opposé du romantique Ted Mosby de "How I Met Your Mother". Et on a surtout la chance, car il se fait très rare sur le petit écran, de voir Al Pacino dans un rôle qui lui va plutôt bien: il incarne le boss des "chasseurs de nazis".

Brooklyn, 1977

La série s'ouvre sur le jeune Jonah, 19 ans. C'est un fan de BD en général et de superhéros en particulier. Il vit avec sa grand-mère juive, est amoureux de la voisine et fume des joints avec ses deux meilleurs potes.

La vie tranquille de Jonah bascule lorsqu'une nuit, un homme se faufile dans leur maison pour tuer sa grand-mère. Jonah ne comprend pas: qui aurait pu en vouloir à cette grand-maman aimante?

Approché par Meyer Offerman (Al Pacino), Jonah va découvrir que son aïeule avait contribué à créer un groupe de vengeurs non masqués mais plutôt habiles, qu'on appelle les Hunters, les chasseurs en français. Cette équipe éclectique traque et élimine les nazis planqués en toute impunité sur le sol américain. Des nazis qui, de leur côté, fomentent un sale coup...

Une série qui a déjà fait couler beaucoup d'encre

"Hunters" est arrivée sur Amazon il y a quelques jours, et depuis elle a suscité bon nombre de réactions. La série déstabilise à cause de son mélange de genres: on est tantôt dans la réalité des camps avec des reconstitutions réalistes, tantôt dans le divertissement pulp à la "Inglourious Basterds" - mais sans le ton parodique de Tarantino.

Ce qui est le plus gênant au départ, c'est qu'on ne sait pas ce qui est vrai ou non, car le créateur a imaginé d'autres atrocités perpétrées par les hauts gradés nazis. Le Musée d'Auschwitz a d'ailleurs vivement critiqué une scène en particulier, totalement fictionnelle, qui met en scène un échiquier humain. C'est une scène très dure, qui trouve sa source dans un roman ("L'échiquier du mal" de Dan Simmons). C'est là que David Weil a fauté. Il n'était pas nécessaire d'inventer d'autres histoires, la réalité est déjà truffée d'épisodes suffisamment ignobles.

Une série qui ne laisse pas indifférent

Si l'on prend la série pour une fiction, ce qu'elle est à 100%, elle se révèle très efficace.

Le casting est excellent et donne vie à une palette de personnages bien relevés. L'ambiance seventies - avec sa musique, ses fringues et ses voitures - est parfaite. Et on aime aussi la mise en scène, qui ne lésine pas sur les scènes de bagarres bien sanglantes - la plupart des épisodes sont interdits au moins de 18 ans.

Quant à la trame, elle monte en puissance au fil des épisodes et nous rend gentiment accros. En résumé, "Hunters" ne laissera personne indifférent.

Crystel Di Marzo/ld

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