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"Bruno Manser, la voix de la forêt tropicale", film suisse plébiscité

L'activiste Bruno Manser, photographié en 1999 lors d'une conférence de presse. [Keystone - Doris Kraettli]
Décryptage du succès du film suisse "Bruno Manser, la voix de la forêt tropicale" / Le 12h30 / 2 min. / le 28 janvier 2020
Déjà 170'000 spectateurs ont vu le long métrage de Niklaus Hilber qui raconte l'histoire de l'activiste écologiste bâlois déclaré mort en 2005. Mais le succès du film ne tient pas seulement à notre prise de conscience climatique.

Le parcours militant de Bruno Manser, pionnier dans la lutte contre la déforestation, a tenu en haleine toute la politique internationale dès la fin des années 1980.

Son aventure est au coeur d'une grosse production cinématographique suisse, sortie à la mi-décembre 2019, et met en scène des Penan, dont l'habitat a presque totalement disparu au profit de l'industrie du bois. "Bruno Manser, la voix de la forêt tropicale" de Niklaus Hilber retrace le parcours du militant écologiste, des années 1980 jusqu'à sa disparition en Malaisie, en 2000.

>> A lire : Le combat écologiste et précurseur de Bruno Manser au coeur d'un film suisse

Besoin de héros locaux

Selon Laurent Le Forestier, professeur en cinéma à l’Université de Lausanne, les films parlant d'écologie fonctionnaient déjà bien dans les années 1970. Il compare le long-métrage de Niklaus Hilber à "La forêt d'émeraude". Réalisé par le Britannique John Boorman en 1985, il était déjà question d'un personnage qui rejoint une tribu d'autochtones pour lutter contre la déforestation.

Laurent Forestier: "Le même système narratif prévaut dans les deux films: notre prise de conscience en tant que spectateur doit passer par le prisme d'un individu occidental. Dans l'absolu, on ne devrait pas. S'il s'agit d'agir dans l'urgence et pour l'urgence, alors il faut être prêt à s'engager au premier signe de dysfonctionnement. Ce que nous disent ces films, c'est que l'on a besoin d'en passer par des héros locaux, des héros qui nous ressemblent, pour que la prise de conscience fonctionne, et c'est un peu problématique".

Parler d'écologie, parfois de manière radicale, en mettant en scène un héros occidental rassemble en tout cas des publics différents. D'où le succès.

Bruno Manser avait des liens avec la Berne fédérale. En particulier avec la présidente de la Confédération Ruth Dreifuss. Pour elle, la force de Bruno Manser est d'avoir fait le lien entre la Suisse et la déforestation: "Il a attiré l'attention sur les bois tropicaux utilisés dans nos maisons, dans le mobilier urbain. C'est dans ce domaine qu'il a fait le plus progresser les politiques des communes qui ont changé leur matériel (...) Il a fait prendre conscience de notre lien avec la destruction des forêts tropicales", indique à la RTS Ruth Dreifuss.

En septembre dernier, le Parlement fédéral a décidé d'interdire l'importation de bois issu de coupes illégales, vingt-six ans après la grève de la faim de Bruno Manser.

Sujet radio: Pauline Rappaz

Adaptation web: olhor

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