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Les dix films que vous recommande RTS Culture

Karin Viard dans le rôle de la nounou Louise dans le film "Chanson douce" de Lucie Borleteau. [Studio Canal]
Débat cinéma / Vertigo / 26 min. / le 27 novembre 2019
Plusieurs sorties cette semaine, dont "Chanson douce", adaptation du roman de Leïla Slimani, "Proxima", épopée spatiale féministe, "Le Regard de Charles", autoportrait illustré d'Aznavour et "Toute ressemblance", comédie loufoque sur la vanité de la télévision par Michel Denisot.

"Proxima": pour avoir les pieds dans les étoiles (et la tête au sol)

Sarah, une astronaute française, est confrontée à une double séparation: quitter la terre pour une mission d'un an et laisser sa fille de 8 ans au sol. Son choix ne va pas sans culpabilité, mais sa passion de l'espace est trop dévorante pour laisser échapper cette opportunité. C'est quoi une bonne mère? Celle qui, parfaite, dédie sa vie à sa progéniture ou celle qui vit sa passion et en transmet l'exemple à sa fille?

Eva Green, à la fois poétique et militaire, dans "Proxima" d'Alice Winocour. [Copyright Pathé]
Eva Green, à la fois poétique et militaire, dans "Proxima" d'Alice Winocour. [Copyright Pathé]

>> Lire l'entretien avec la réalisatrice : "Proxima", d'Alice Winocour, l'épopée galactique clouée au sol

Film féministe, "Proxima" est très loin du traditionnel film d'astronautes, attaché à montrer l'exploit, la conquête et la confrontation avec d'éventuels ennemis. Alice Winocour, elle, s'intéresse aux coulisses de l'aventure spatiale, à la partie cachée de l'iceberg: les entraînements, la cohabitation pacifique entre plusieurs nations, l'apprentissage du sevrage, la solitude et la métamorphose des corps soumis à de nombreuses tortures pour s'adapter aux conditions de l'espace.

"Toute ressemblance": pour deviner qui est ce présentateur vaniteux du JT

Un pigiste insignifiant saisit sa chance le 11 septembre 2001, en l'absence du journaliste vedette. Près de vingt ans plus tard, ce même pigiste est devenu le présentateur vedette d'une grande chaîne privée. Son patron, agacé par son arrogance, voudrait le virer mais il est indétrônable. La guerre des ego est ouverte et tous les coups sont permis.

>> A écouter, l'entretien avec Michel Denisot :

Le journaliste Michel Denisot au 68e Festival de Cannes le 13 mai 2015. [AFP - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT]AFP - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
Toute Ressemblance / Brazil / 19 min. / le 24 novembre 2019

Pour sa première réalisation, Michel Denisot traite d'un milieu qu'il connaît par coeur et son héros est un patchwork de tous les présentateurs et présentatrices du JT qui, d'ailleurs, se prêtent volontiers au jeu. Rien de nouveau sur ce petit monde de la TV qui a souvent été parodié, mais "Toute ressemblance" respecte son cahier des charges. Franck Dubosc est convaincant et entouré de guest stars, dont Sylvie Testuz qui incarne une concierge d'anthologie.

>> A lire, notre article : "Toute ressemblance", une comédie sur les coulisses de la télévision

"Chanson douce": pour bien choisir sa nounou

Un couple engage une nounou pour s'occuper de leurs deux enfants. Dévouée, consciencieuse, polyvalente, Louise finit par occuper une place centrale au coeur de cette famille. Les enfants l'adorent, les parents commencent à en être jaloux et à se méfier de cette nounou trop parfaite.

Adapté du roman de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016, "Chanson douce" est à la fois un film d'angoisse et un drame psychologique. La réalisatrice Lucie Borleteau a l'intelligence de contrebalancer l'horreur du récit par des couleurs vives et une caméra très caressante. Après "Les Chatouilles" où elle jouait une mère odieuse, Karin Viard retrouve un rôle inquiétant qu'elle assume avec une humanité qui permet à son personnage d'échapper à la vindicte populaire.

>> A écouter, l'entretien avec la réalisatrice :

La réalisatrice Lucie Borleteau lors de la cérémonie des Césars à Paris. [AFP - Alain Jocard]AFP - Alain Jocard
L'invitée: Lucie Borleteau, "Chanson douce" / Vertigo / 43 min. / le 26 novembre 2019

"Le Regard de Charles": pour aimer un peu plus Aznavour

En 1948, Edith Piaf offre à Charles Aznavour sa première caméra. Jusqu'en 1982, le chanteur va filmer de manière régulière son environnement sur pellicule avant de passer au numérique. Aznavour filme sa vie comme d'autres tiennent un journal. Il enregistre tout: les lieux qu'il traverse, les inconnus qu'il rencontre, ses amours, ses enfants, ses amis, ses emmerdes. Marc di Domenico et Mischa Aznavour, le fils de l'artiste, ont décidé d'utiliser ces archives pour en faire un film, "Le regard de Charles", le plus original des biopics.

>> A lire, notre article : Charles a filmé Aznavour, ses amours, ses amis et même ses emmerdes

"Les Misérables": pour savoir ce qu'est un vrai polar social

Il fera partie à coup sûr du top ten 2019. "Les Misérables" est à la fois un coup de poing dans ce qu'il révèle de la réalité des banlieues, un coup de foudre pour les spectateurs (le film a déjà reçu de nombreux prix) et un coup de maître de la part du jeune cinéaste Ladj Ly, qui en appelle à Victor Hugo pour cette lecture contemporaine des "Misérables".

>> A lire, la critique de Rafael Wolf : "Les Misérables", film coup de poing, coup de coeur et coup de maître

Prix du jury au dernier Festival de Cannes, "Les Misérables" vient d'être sélectionné pour représenter la France aux Oscars. Long métrage en immersion dans la banlieue où a grandi - et vit toujours - Ladj Ly, le film interpelle la classe politique, jusqu'au sommet de l'Etat. Un film d'une justesse inouïe.

"Les Eblouis": pour comprendre l'emprise d'une secte religieuse

Première réalisation de Sarah Suco qui s'est inspirée de sa propre vie, "Les Eblouis" montre comment une famille intelligente et cultivée se fait embrigader tout en douceur dans une communauté religieuse. Un peu comme le "Grâce à Dieu" de Ozon, le film n'est jamais manichéen, montre davantage qu'il ne juge, s'emploie à faire comprendre le long glissement qui mène à l'emprise.

>> A lire, l'entretien avec Sarah Suco : "Les Eblouis", un film sur les dérives sectaires chrétiennes

"J'accuse": pour savoir s'il faut distinguer l'homme de son oeuvre

Primé au dernier festival de Venise, "J'accuse" est devenu un objet polémique au point de diviser la France, comme jadis l'affaire Dreyfus. Sur un plan strictement cinématographique, "J'accuse" est un des meilleurs longs métrages de l'année 2019, une fresque magistrale filmée par un maître du classicisme et servie par la crème des comédiens français.

Adapté du roman de Robert Harris "D", le film est autant une reconstitution historique méticuleuse qu'un thriller porté par un personnage paradoxal, le colonel Georges Picquart (excellent Jean Dujardin), un antisémite ordinaire qui n'aura de cesse d'identifier les vrais coupables et d'innocenter Alfred Dreyfus.

>> A lire, la critique de Rafael Wolf : Roman Polanski contre-attaque dans "J’accuse"

"Portrait de la jeune fille en feu": pour contrebalancer l'effet Polanski

Nous sommes en 1770, dans une maison isolée près d'une falaise. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait d'Héloïse qui, à peine sortie du couvent, est promise en mariage à un Milanais. En dehors de sa construction rigoureuse, de sa tension sensuelle, de sa beauté sans ambages, du regard audacieux porté sur la maternité, Céline Sciamma montre que la supériorité du peintre sur le modèle n'est pas une fatalité et qu'une relation égalitaire - Tu me regardes, je te regarde! - est plus créative pour nourrir le désir de l'amour et de l'art. Avec Adèle Haenel dans un final orgasmique.

>> A écouter, l'entretien avec Céline Sciamma :

La réalisatrice Céline Sciamma. [AFP - Yohan BONNET]AFP - Yohan BONNET
L'invitée: Céline Sciamma, "Portrait de la jeune fille en feu" / Vertigo / 43 min. / le 24 septembre 2019

"La Belle Epoque": pour jouer à remonter le temps

Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée quand on lui propose une attraction d'un genre nouveau: replonger dans l'époque de son choix. Il décide de revivre la semaine où il a rencontré son grand amour.

Comédie sentimentale et grinçante sur le temps qui passe, "La belle époque" est un mix entre "Un jour sans fin" et "The Truman Show". Nicolas Bedos croit au pouvoir consolateur de la fiction, et c'est émouvant.

>> A écouter, l'entretien avec Nicolas Bedos :

Nicolas Bedos. [RTS - Jay Louvion]RTS - Jay Louvion
Cinéma: Nicolas Bedos remonte le temps / Vertigo / 6 min. / le 11 novembre 2019

"Joker": pour vous scotcher à l'écran de la première à la dernière seconde

Brûlot contre les médias, les élites politiques et une société qui aura perverti le rêve américain en cauchemar macabre, le film de Todd Philipps est un portrait frontal et perturbant de notre époque. C'est aussi un bel objet de réflexion: qu'est-ce qui déclenche la violence? Comment y répondre? Avec un Joaquin Phoenix proprement hallucinant. Un film qui s'inscrit durablement dans la mémoire.

>> A lire, la critique de Rafael Wolf : Joaquin Phoenix invente un Joker martyr et c'est un choc et les recommandations cinéma de RTSCulture de la semaine passée

Mais encore: les recommandations cinéma de RTSCulture de la semaine passée

RTS Culture/mcm

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