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Un film retrace le voyage déchirant de Suisses auprès de migrants

"Volunteer", un film de Anna Thommen et Lorenz Nufer. [Sulaco Film]
Anna Thommen et Lorenz Nufer, réalisateurs du documentaire "Volunteer" / L'invité du 12h30 / 9 min. / le 7 septembre 2020
Dans un superbe documentaire intitulé sobrement "Volunteer", Anna Thommen et Lorenz Nufer suivent des Suisses alémaniques de tous horizons partis en Grèce pour porter secours aux migrants. Sur place, mais surtout aussi à leur retour.

Film suisse par sa réalisation et sa production, "Volunteer" montre comment se perpétue aujourd’hui la tradition suisse de l’humanitaire. Le film suit un couple d'éleveurs de vaches alpines, un ancien commandant de l’armée suisse, un comédien humoriste et une femme qui coule une paisible retraite en bord de lac. Tous ces Suisses alémaniques ont un jour choisi de partir pour aider les migrants affluant aux portes de l’Europe.

"Volunteer" fait passer le message d’urgence avec finesse, en misant sur la simplicité. Ces gens aux profils et motivations diverses sont révoltés ou affligés mais ne sont jamais donneurs de leçons. Sensibles mais pas larmoyants, ils savent nous expliquer ce que signifie vraiment porter secours.

Volunteer_Trailer_OV/DE-FRA_200214 from Sulaco Film on Vimeo.

Une expérience bouleversante

Affiche du film "Volunteer" de Anna Thommen et Lorenz Nufer. [Sulaco Film]

Et l’originalité de ce film, qui permet d’autant mieux l’identification, réside dans le fait d'insister sur l’impact que cette expérience a eu sur la vie des protagonistes. Peut-on savourer le confort de son quotidien ou la beauté de ses paysages alpestres après avoir passé des jours, des semaines, dans la boue des camps parmi des gens dont les besoins premiers, manger, boire, se vêtir et se sentir en sécurité, ne sont pas assouvis? Peut-on redevenir un comédien qui amuse la galerie avec insouciance? Ou cette femme qui fait ses brasses dans le lac étendu aux pieds de sa maison sublime, sans être hanté et toujours plus déchiré? En revient-on transformé ou au contraire, comme le suggère l’une des bénévoles, plus proche de soi, de ses idéaux premiers que la routine nous avait fait oublier?

Le documentaire montre le désarroi des volontaires. "Presque tous prennent un engagement émotionnel pour plusieurs années. Mais le problème est trop grand pour eux. Tôt ou tard, beaucoup souffrent d’une sorte de dépression en raison de la grande dissonance cognitive qu’ils doivent supporter. Ces gens paient un prix très élevé pour leur engagement" explique Lorenz Nufer, un des co-réalisateur du documentaire.

Une chose est sûre, être volontaire laisse des traces. Et "Volunteer" laisse des traces en nous comme ces Suisses en ont laissées sur les plages et dans les camps où ils ont aidé.

Anne-Laure Gannac/mh

Interview radio: Yves Zahno

"Volunteer", à découvrir dès mercredi 9 septembre sur les écrans romands

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