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Dans "Les Hirondelles de Kaboul", le dessin permet de ne pas mentir

Image extraite du film "Les hirondelles de Kaboul" de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. [RTS - Close Up Films/RTS]
Dans "Les Hirondelles de Kaboul", le dessin permet de ne pas mentir / Nectar / 24 min. / le 11 septembre 2019
Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec portent à l'écran le roman de l'écrivain algérien Yasmina Khadra. Un film d'animation qui plonge dans la réalité de l'Afghanistan sous les talibans.

Comme une prison à ciel ouvert. Où qu'ils soient, les quatre personnages du film "Les hirondelles de Kaboul" sont prisonniers de la dictature. Nous sommes dans la capitale afghane à la fin des années 1990, où sévissent les talibans. Le régime interdit la musique, mais fait des lapidations et autres pendaisons un grand spectacle public.

Dans la rue, dans un salon, sous la burqa, deux couples tentent de survivre, de se ménager des espaces de liberté. Zita Hanrot et Swann Arlaud interprètent de fougueux amoureux, Hiam Abbass et Simon Abkarian, des époux amers – elle est malade et se sait condamnée, lui est un ancien moudjahidin devenu gardien de prison. Leurs destins se croisent au gré des mêmes événements tragiques.

Les aquarelles d'Eléa Gobbé-Mévellec

Présenté à Cannes dans la section Un certain regard, le film convainc davantage par sa forme que par son propos, attendu et inattaquable, sur la dictature ou l'oppression des femmes. Sa force, il la puise avant tout dans la beauté abstraite des aquarelles d'Eléa Gobbé-Mévellec qui, doublées d'un travail méticuleux sur le son, parviennent à faire ressentir la ville au quotidien.

Eléa Gobbé-Mévellec n'a pas pu se rendre en Afghanistan pour documenter son travail, mais s'est inspirée de livres et de photos. Pourtant, le film prend le temps de l'immersion, il fait exister chaque pneu qui crisse, chaque pierre, chaque ruine, chaque goutte d’huile qui suinte d'une brochette en train de griller. "Le dessin instaure une distance, mais recrée le réel sans mentir, sans dénaturer des événements qu'il aurait été difficile de montrer par des prises de vue réelles", explique l'animatrice issue de la prestigieuse Ecole des Gobelins.

>> A lire: le dossier de RTS Fiction consacré au film : "Les hirondelles de Kaboul", un film d’animation de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec

Un jeu tout en nuances

Ses aquarelles s'inspirent aussi des vrais visages des actrices et acteurs dirigés par Zabou Breitman ("Se souvenir des belles choses", "No et moi"). L'actrice et cinéaste signe également l'adaptation, les dialogues et le scénario, "avec la bienveillance de Yasmina Khadra".

"Souvent, dans les films d'animation, on se contente de faire des voix. Je voulais que les comédiens soient vraiment mis en scène. Ils connaissaient leur texte et portaient même leur costume. Cela les a aidés à jouer juste jusque dans les silences." C'est à cela que l'on doit les nuances de jeu et la véracité des émotions des "Hirondelles de Kaboul".

Raphaële Bouchet/ld

"Les hirondelles de Kaboul" est présenté en avant-première au FFFH de Bienne, en présence de Eléa Gobbé-Mévellec le 14 septembre. Sortie en salles le 18 septembre.

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