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Mohcine Besri raconte les maux du Maroc dans "Une urgence ordinaire"

Le réalisateur Mohcine Besri. [Festival Cinémas d'Afrique]
L'invité: Mohcine Besri, "Une urgence ordinaire" / Vertigo / 35 min. / le 21 août 2019
"Une urgence ordinaire" est le nouveau film du réalisateur helvético-marocain Mohcine Besri, présenté les 23 et 24 août lors de la 14e édition du Festival cinémas d'Afrique à Lausanne.

Driss et Zahra ont quitté leur village pour emmener Ayoub, leur fils de 6 ans, aux urgences de l'hôpital public de Casablanca. Ils retrouvent Houcine, le frère de Driss, avec qui ils sont fâchés depuis plusieurs années. Une intervention vitale nécessaire sur Ayoub marque le début d'un parcours douloureux qui pousse chaque membre de la famille à ses limites. C'est l'histoire que raconte le réalisateur Mohcine Besri dans "Une urgence ordinaire".

Un film comme un portrait hospitalier du Maroc, très loin des autres films ou séries du genre. Un rythme lent, presque désespéré, un film dur qui reste "très largement en dessous de la réalité", selon le réalisateur, ce qui en fait "presque un film positif".

Critique du système de santé marocain

Avant de commencer le tournage, Mohcine Besri cherchait un hôpital vide car le lieu, pour le réalisateur, est un personnage à part entière dans son film. Un hôpital qu'il fallait rendre vivant, ce qui a obligé Mohcine Besri à faire appel à de nombreux figurants. "Il fallait que ce soit vivant. A partir de là, tous les figurants ont commencé à me raconter ce qu'ils avaient eux-mêmes vécu dans les hôpitaux. C'est là que je me suis rendu compte qu'on était largement en dessous de la réalité".

Pour moi, tout est métaphore. Le choix de l'hôpital n'est pas un hasard. Pour raconter le Maroc actuel, autrement dit, une société avec beaucoup de maux, de mon point de vue, l'hôpital c'était presque l'idéal. Je voulais raconter toute la société marocaine dans cette espèce de huis clos.

Mohcine Besri, réalisateur

Si le film a pour titre "Une urgence ordinaire" en français, en arabe, on peut le traduire par "Le vase déborde". Véritable critique du système de santé marocain, il a été soutenu financièrement par le Centre cinématographique marocain et le lieu de tournage a été prêté par le Ministère presque sans frais. Lors de sa sortie, le film a été projeté au Festival International du film de Marrakech, devant une salle comble. Il a reçu un très bon accueil du public, ravi que cette réalité soit enfin montrée à l'écran.

"Une urgence ordinaire" parle aussi d'immigration. On y rencontre ceux qui habitent le Maroc, ceux qui l'ont quitté, ceux qui reviennent et ceux qui rêvent de le quitter.

"Regards", fil rouge du Festival cinémas d'Afrique

Le Festival cinémas d'Afrique à Lausanne est une manifestation annuelle, unique en son genre en Suisse. Sa 14e édition se déroule du 22 au 25 août et offre une programmation originale de films en provenance ou concernant les pays africains.

Cette édition a pour fil rouge le thème "Regards" et invite à la réflexion, à la découverte et au partage en donnant au public l'opportunité de saisir de plus près les réalités sociales, culturelles et artistiques du continent africain.

L'objectif du festival est la promotion et la diffusion des cinémas africains, le soutien aux cinéastes, mais il s'agit aussi de proposer un divertissement culturel et convivial. Cette année, plus de 50 films sont au programme. Fictions, documentaires, dessins animés, comédie grand public, enquête historique, mais aussi courts-métrages, tous les genres sont au rendez-vous pour permettre au public de découvrir la diversité et la richesse du cinéma d'Afrique.

>> A écouter, Aché Coelo, réalisatrice et sociologue qui présente son court-métrage "Entre quatre murs" dans le 12h30 :

Aché Coelo, réalisatrice. [CC-BY-SA/Wikipedia]CC-BY-SA/Wikipedia
L’invité du 12h30 - Aché Coelo présente son court-métrage "Entre 4 murs" au Festival Cinémas d'Afrique / L'invité du 12h30 / 7 min. / le 22 août 2019

Le film de Mohcine Besri, "Une urgence ordinaire", coproduit par la RTS, est projeté dans le cadre du festival, les 23 et 24 août en présence du réalisateur.

Propos recueillis par Thierry Sartoretti

Adaptation web: ld

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