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Bong Joon-ho remporte la Palme d'or à Cannes avec "Parasite"

>> La 72e édition du Festival de Cannes s'est achevée samedi avec la remise de la Palme d'or. Le jury, présidé par le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu, a choisi le film du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho, "Parasite", parmi 21 longs-métrages.

>> La compétition a regroupé à la fois des cinéastes confirmés, dont cinq ont déjà été couronnés d’une, voire deux Palme d’or, et de nouveaux venus, dont c’est la première sélection. Le jury avait fort à faire tant cette cuvée 2019 était de qualité.

>> Retrouvez ici les critiques de quelques films en lice pour la Palme d'or.

Un dossier réalisé par RTS Info, RTS Culture et la collaboration de nos envoyés sur place.

La Corée du Sud fête sa palme

Au lendemain de l'annonce de la Palme d'or qui a couronné Bong Joon-ho, les Sud-Coréens célèbrent leur réalisateur

"Je suis très fier de Bong Joon-ho, qui a atteint le sommet", a tweeté le président Moon Jae-in dimanche matin, en apprenant la nouvelle. Pour l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, cette Palme d'or  a "finalement étanché la soif de reconnaissance" des Sud-Coréens.

"En remportant la Palme d'or au célèbre Festival de Cannes, Bong a laissé son empreinte sur l'histoire du cinéma coréen", pouvait-on lire dans le grand quotidien Dong-A Ilbo.

Le réalisateur coréen Bong Joon-ho pose avec sa Palme d'or pour son film "Parasite" lors de la 72e édition du Festival de Cannes. [Keystone - Ian Langsdon]


"On avait toujours le sentiment, avec la Corée du Sud, qu'il restait encore du travail, mais avec cette victoire, on a finalement réglé le problème", a déclaré le critique Ha Jae-keun.

Ces dernières années, plusieurs réalisateurs coréens ont frôlé la Palme en remportant d'autres prix, notamment celui de la mise en scène en 2002 (Im Kwon-taek pour son film "Ivre de femmes et de peinture"), le Grand Prix en 2004 (Park Chan-wook pour "Old Boy", coiffé par le "Fahrenheit 9/11" de Michael Moore) ou encore le Prix du Jury en 2009 (le même Park Chan-wook pour "Thirst, ceci est mon sang").

Pour Jason Bechervaise, un critique basé à Séoul, la Palme d'or pourrait propulser le film vers d'autres sommets: "Cela va générer une énorme couverture médiatique en Corée d'ici sa sortie en salle", a-t-il dit. "Au-delà, il a de bonnes chances pour devenir le premier film coréen nominé aux Oscars."

Pléthore de bons films

A Cannes, une Palme d'or coréenne pour la première fois

Lors du 72e Festival de Cannes, le jury présidé par Alejandro Iñarritu a décerné sa très convoitée Palme d'or à Bong Joon-ho pour son film "Parasite". Les Dardenne ou encore l'acteur Antonio Banderas sont également récompensés.

Ce n'est pas une surprise. Avec les films de Terrence Malick ou Pedro Almodovar, "Parasite" faisait partie du lot des quatre ou cinq palmes possibles de cette très brillante 72e édition.

Après le Japonais Hirokazu Kore-eda l'an dernier, Cannes récompense donc à nouveau un grand auteur asiatique, et ce prix donne la tonalité générale d'un palmarès hanté par les injustices de classes.

>> A écouter: "Parasite" de Bong Joon-ho reçoit la Palme d'or :

Bong Joon-ho a remporté la Palme d'or à Cannes. [AFP - Valery Hache]AFP - Valery Hache
Cinéma: "Parasite" de Bong Joon-ho reçoit la Palme dʹor / Vertigo / 6 min. / le 27 mai 2019

Face à une pléthore de bons films, le nombre de prix décernés trahit peut-être une mésentente ou des débats nourris.

>> Lire le commentaire complet de Raphaële Bouchet sur le palmarès de la 72e édition : A Cannes, une Palme d'or coréenne pour la première fois

Le palmarès complet

La Palme d'or pour "Parasite" de Bong Joon-ho

Le film "Parasite" du Sud-Coréen Bong Joon-ho a remporté la Palme d'or, décernée à l'unanimité du jury, a précisé son président, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu.

La Franco-Sénégalaise Mati Diop a été récompensée du Grand Prix, deuxième récompense la plus importante, pour son film "Atlantique.

"Les Misérables" du Français Ladj Ly, autre nouveau venu, et "Bacurau" des Brésiliens Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles se sont eux vu décerner ex-aequo le Prix du jury.

La réalisatrice française Céline Sciamma a elle été récompensée du meilleur scénario pour son film "Portrait de la jeune fille en feu".

Les frères Dardenne, appartenant au club très restreint des double Palme d'or, ont reçu le prix de la mise en scène pour "Le jeune Ahmed".

Par ailleurs, l'actrice anglo-américaine Emily Beecham et l'acteur espagnol Antonio Banderas ont décroché les prix d'interprétation féminine et masculine pour leurs performances dans "Little Joe" de Jessica Hausner et "Douleur et Gloire" de Pedro Almodovar.

Avant la cérémonie

Le palmarès personnel de nos critiques

Le palmarès personnel de Raphaële Bouchet

Palme d’or : "Douleur et gloire", de Pedro Almodovar

Grand Prix:  "Atlantique", de Mati Diop

Prix du jury : "Les Misérables", de Ladj Ly

Prix du scénario : "Parasite", de Bong Joon-ho

Prix de la mise en scène : "Portrait de la jeune fille en feu", de Céline Sciamma

Prix d’interprétation féminine: Virginie Efira dans "Sibyl", de Justine Triet

Prix d’interprétation masculine: Elia Suleiman dans "It Must Be Heaven"

Le palmarès personnel de Rafael Wolf

Palme d’or: "Une vie cachée" de Terrence Malick

Grand Prix: "Les misérables" de Ladj Ly

Prix du jury: "Portrait de la jeune fille en feu" de Céline Sciamma et "It must be heaven" d’Elia Suleiman (ex aequo)

Prix du scénario: "Parasite" de Bong Joon ho

Prix de la mise en scène : "Le lac aux oies sauvages" de Diao Yinan

Prix d'interprétation féminine: Virginie Efira pour "Sybil" de Justine Triet

Prix d'interprétation masculine: Brad Pitt et Leonardo DiCaprio pour "Once upon a time in Hollywood" de Quentin Tarantino.

Le palmarès personnel de Julie Evard

Palme d’or: "Parasite" de Bong Joon Ho

Grand Prix: "Les misérables" de Ladj Ly

Prix du jury: "It must be heaven" d’Elia Suleiman

Prix du scénario: "Portrait de la jeune fille en feu" de Céline Sciamma

Prix de la mise en scène: "Le lac aux oies sauvages" de Diao Yinan

Prix d'interprétation féminine: Léa Seydoux et Sara Forestier pour "Roubaix, une lumière" d’Arnaud Desplechin

Prix d'interprétation masculine: Antonio Banderas pour "Douleur et Gloire" de Pedro Almodovar

"Mektoub, My Love, Intermezzo" d'Abdellatif Kechiche

Kechiche filme des fesses jusqu’à épuisement

Le film est long, très long. Et encore, Kechiche l'a amputé de trente minutes juste avant la projection cannoise. Un film montré d'ailleurs sans générique final, comme "La Vie d'Adèle" en 2013, tant son auteur, réputé ultra perfectionniste, devait être à la bourre.

Abdellatif Kechiche et Hafsia Herzi lors de la projection du film "Mektoub, My Love: Intermezzo" à Cannes. [AFP - Valery HACHE]

Nous sommes un jour de 1994. Le jeune Amin, devenu photographe, revient dans sa ville de Sète après deux ans d'absence et y retrouve ses amis.

Ils sont jeunes, beaux et bronzés. Sur le sable, les rires fusent, la chair déborde. Entre fromages de chèvre et petits secrets, Ophélie, la meilleure amie, beau personnage central du film, explique qu'elle travaille à la ferme de ses parents: "On a des poules, des oies, des cochons… et des cochonnes." Tout le monde s'esclaffe. Et tout est dit.

>> A lire : A Cannes, Abdellatif Kechiche filme des fesses jusqu'à épuisement

Once Upon A Time in Hollywood de Quentin Tarantino

Une ode au cinéma

C'était le film le plus attendu de cette 72e édition et ses comédiens, Brad Pitt et Leonardo DiCaprio, ont provoqué une émeute sur les marches du Palais.

>> A voir: Leonardo DiCaprio et Brad Pitt créent l'hystérie à Cannes. :

Leonardo DiCaprio et Brad Pitt créent l'hystérie à Cannes.
Leonardo DiCaprio et Brad Pitt créent l'hystérie à Cannes. / 19h30 / 2 min. / le 22 mai 2019

Le titre, "Once Upon A time in Hollywood" (Il était une fois à Hollywood) évoque à la fois le western à la Sergio Leone et le conte, dont la fée serait le cinéma. Le film pourtant peine à démarrer. QT, grand cinéphile, enchaîne des séquences brillantissimes, parfois drôles, parfois poignantes, mais échoue à leur donner du liant, et même à faire exister ses personnages.

Mais plus le film avance, plus il gagne en puissance et en mélancolie, plus notre plaisir grandit. La mise en scène impressionne par son panache et culmine dans un final extraordinaire. C'est aussi une belle déclaration d'amour aux acteurs.

>> A lire : Quentin Tarantino livre une ode au cinéma et enflamme la Croisette

Les débats cinéma

Point à mi-parcours

Deux films au menu du débat cinéma de Vertigo: "Douleur et gloire" de Pedro Almodovar et "Le jeune Ahmed" des frères Dardenne.

A mi-parcours du Festival de Cannes, un bilan de nos critiques, Raphaële Bouchet, Rafael Wolf et Antoine Duplan.

L'acteur Brad Pitt dans le film "Once Upon a Time... in Hollywood" de Tarantino. [Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH]Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH
Débat cinéma et retour sur le Festival de Cannes / Vertigo / 27 min. / le 22 mai 2019

The Dead Don't Die de Jim Jarmusch

Un Jarmusch mineur en ouverture

Premier film de zombies de l’Américain Jim Jarmusch, "The Dead Don’t Die" a ouvert le 72e Festival de Cannes et sort également en salle. Un Jarmusch mineur, dont le charme opère tout de même.

La grande habileté de Jarmusch, c’est de combiner les motifs voulus par le genre avec ce qui fait sa petite musique personnelle. Et le bonheur émerge, malgré tout, de cette étrange alchimie entre cannibalisme et raffinement extrême, entre mélancolie ironique et terreur nocturne.

>> A lire : "The Dead don’t Die", un Jarmusch mineur en ouverture de Cannes

>> A voir :

Le réalisateur Jim Jarmusch a ouvert le 72e Festival de Cannes avec "The dead don't die".
Le réalisateur Jim Jarmusch a ouvert le 72e Festival de Cannes avec "The dead don't die". / 19h30 / 2 min. / le 15 mai 2019

Les Misérables de Ladj Ly

Film de banlieue immersif

Présenté en compétition officielle, "Les Misérables", réalisé par Ladj Ly, un Français d'origine malienne, a tout du futur film culte. C'est un choc, une claque, un vrai film de banlieue immersif.

"Les Misérables" est supérieur à bien des films de banlieue tournés par des cinéastes de l'extérieur – de Céline Sciamma à Jacques Audiard. Chaque rebondissement, chaque événement est inspiré de faits réels.

Acteurs professionnels ou pas, Ladj Ly réussit à prendre le pouls de la banlieue en la débarrassant de ses clichés – religion, drogue, rap, etc. – avec un souffle et une énergie incroyables, tout en livrant une analyse implicite des maux qui la gangrènent.

>> A lire : Loin des clichés, "Les Misérables" est un vrai film de banlieue immersif

Les débats cinéma

En direct de Cannes

Trois films au menu du débat en direct de Cannes, et un état des lieux en ce début de festival.

"The Dead donʹt die" de Jim Jarmusch, "Der Laüfer" de Hannes Baumgartner et "Architecture de lʹinfini" de Christoph Schaub. Avec Raphaële Bouchet, Rafael Wolf et Pascal Gavillet.

>> A écouter: le débat cinéma dans Vertigo :

Une image du film "The Dead Don't Die". [DR - Eleven Productions, Inc.]DR - Eleven Productions, Inc.
Débat cinéma / Vertigo / 24 min. / le 15 mai 2019

Douleur et Gloire de Pedro Almodovar

A lui la gloire?

Considéré comme le plus grand des cinéastes espagnols, Pedro Almodovar présente à Cannes le très brillant "Douleur et Gloire", déjà sorti en salle.

Dès les premiers plans, on est saisit par la beauté des images et la sophistication du récit, lointainement autobiographique, qui explore l’enfance du cinéaste (sa mère est campée par Penelope Cruz), ses premiers désirs – désirs de cinéma et désirs amoureux - avec une maîtrise et une virtuosité qui forcent l’admiration.

>> A lire : Pedro Almodovar présente son nouveau film à Cannes, à lui la gloire?

>> A voir: Pourquoi Almodovar n'a-t-il jamais gagné la Palme d'or? Un décryptage de RTS Culture. :

Pourquoi Almodovar n'a-t-il jamais gagné la Palme d'or? [RTS]
Pourquoi Almodóvar n'a-t-il jamais eu de Palme d'or? / RTSculture / 4 min. / le 21 mai 2019

Une vie cachée de Terrence Malick

Le grand retour

Adulé et rare, Terrence Malick est de retour à Cannes avec "Une vié cachée", un sujet historique, inspiré de faits réels. Il filme l’histoire d'un paysan autrichien qui refusa de prêter serment à Hitler.

Le cinéaste célèbre toujours autant la nature et nous sert son habituel délire mystique: dans sa soif d’absolu et de bien, le résistant incarne une icône, une figure christique, et feu Bruno Ganz, qui apparaît quelques minutes, un Ponce Pilate nazi.

La grandiloquence de la forme non plus n’a pas disparu, mais on est impressionné par la beauté des images, la force d’incarnation des personnages et l’utilisation brillante des archives d’époque. Malick n’est plus tout à fait Malick, mais il remonte la pente.

>> A lire : "Une vie cachée", le grand retour de Terrence Malick à Cannes

Le Jeune Ahmed des frères Dardenne

Plus politique que social

Habitués du Festival de Cannes, les frères Dardenne présentent cette année "Le Jeune Ahmed", l’histoire d’un adolescent radicalisé qui commet un crime au nom d’Allah et se retrouve dans un centre de déradicalisation.

Bande-annonce LE JEUNE AHMED from xenixfilm on Vimeo.

"Le jeune Ahmed" est un film plus politique que social, qui ne fait pas de son personnage une victime. Jamais, il ne verse dans la sociologie ou l’explication psychologique.

>> A voir: le reportage sur le film des frères Dardenne dans le 19h30 :

Les frères Dardenne font l'événement à Cannes. Leur film sur les jeunes islamistes fanatisés est en compétition.
Les frères Dardenne font l'événement à Cannes. Leur film sur les jeunes islamistes fanatisés est en compétition. / 19h30 / 1 min. / le 21 mai 2019

S'ils semblent parfois empruntés face à la thématique, les Dardenne parviennent à raconter avec souffle, à la fois la quête d’absolu et la fin de l’enfance de ce garçon de 13 ans. Dans le même temps, le personnage reste d’une opacité totale de bout en bout. C’est très beau. Mais pas forcément suffisant pour obtenir une troisième Palme.

>> A lire : "Le Jeune Ahmed", l’histoire d’un garçon musulman radicalisé

Sorry We Missed You de Ken Loach

Un drame social trop attendu

Recordman des sélections cannoises et déjà palmé deux fois, le vétéran britannique Ken Loach livre avec "Sorry We Missed you" un drame social trop attendu.

Le film offre des séquences parfois très émouvantes, mais le scénario n'a de cesse d'accabler les personnages tandis que la mise en scène démonstrative et pantouflarde alourdit le discours, noble mais attendu, sur l'oppression des plus faibles. Loach déçoit.

>> A lire : "Sorry We Missed you" de Ken Loach, un drame social trop attendu