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"The Cry", mini-série addictive autour d'un enlèvement qui donne le frisson

Jenna Coleman et Ewen Leslie dans la série "The cry". [RTS - Lachlan Moore]
"The Cry", mini-série addictive autour d'un enlèvement qui donne le frisson / Six heures - Neuf heures, le samedi / 5 min. / le 16 février 2019
Thriller psychologique puissant et saisissant, "The Cry" relate l’effondrement d’une famille au lendemain de la disparition de leur bébé. Exploration des mythes liés à la maternité et des rapports de force qui s’installent entre les protagonistes.

Grand succès d'audience outre-Manche, la mini série australo-britannique "The Cry" (4 épisodes d'une heure) a été adaptée du roman éponyme d'Helen FitzGerald.

D’origine australienne, Alistair Lindsay (Ewen Leslie) est venu s’installer en Écosse il y a quelques années, pour des raisons professionnelles, en compagnie de son épouse Alexandra et de leur fille Chloe. Et puis il y a Joanna (Jenna Coleman), qu’Alistair séduit sans rien lui révéler de sa situation familiale. Après la rencontre fortuite et très gênante de la maîtresse et de l’épouse, cette dernière retourne en Australie avec sa fille, sans avertir le père infidèle. Aujourd’hui, Joanna et Alistair vivent en Ecosse avec leur bébé de trois mois, Noah.

La spirale de la souffrance

Alistair, qui considère qu’Alexandra a été enlevée par sa mère, veut en récupérer la garde. Aussi, après avoir mis en marche la machine judiciaire, il part pour l’Australie avec compagne et bébé afin, pense-t-il, de revenir en Europe avec sa fille aînée. Mais, au premier jour de ce séjour australien, après avoir fait de rapides courses dans une épicerie, Joanna et Alistair constatent la disparition de Noah, qui dormait dans la voiture.

"The Cry" se construit sur l’enlèvement d’un enfant et examine les conséquences qu’il impose à toutes les personnes concernées, à commencer bien sûr par la famille, dont le calvaire va aller s’amplifiant, outre l’onde de choc à durée indéterminée.

Tout le monde étant évidemment suspect, la police saupoudre de sel la plaie béante des parents, d’autant que l’enquête se révèle difficile, donc longue. Mais dans cette plaie, ceux qui y retournent à l’envi un couteau ébréché, ce sont les médias, de la presse écrite aux réseaux sociaux en passant bien évidemment par la télévision. La vie privée du couple et de leurs proches va se retrouver étalée sur la place publique, une épreuve qui se révèle bien plus dure que celle d’être suspecté par la police.

The cry
The cry

Ça "Maddie" quelque chose

La trame de "The Cry" rappelle un peu un fait divers réel, très largement médiatisé sous le titre de "l’affaire Maddie". Au début du mois de mai 2007, Maddie, fillette d’un couple d’anglais en vacances au Portugal, disparaît pendant que ses parents dînent avec un couple d’amis à cent cinquante mètres de leur bungalow. À ce jour, Maddie n’a toujours pas été retrouvée.

Si Helen FitzGerald - l’auteure du roman éponyme duquel la série est adaptée - a pu être inspirée par "l’affaire Maddie", "The Cry" n’est pas une illustration de ce fait divers, même si on y décèle beaucoup de parallèles.

Au-delà des nombreux rebondissements qui jalonnent une subtile narration en trois époques (l’enlèvement, le début de la romance entre Joanna et Alistair et, aujourd’hui, le procès), l’intérêt majeur de "The Cry" réside dans l’intérêt que cette série de BBC one porte aux relations entre les acteurs du drame.

Jeux psychologiques

Ces relations sont fondées, comme l’évoque un des personnages, sur le "triangle dramatique" ou "triangle de Karpman", du nom du psychologue américain Stephen Karpman qui, en 1968, fut le premier à décrire cette relation dans le domaine de l’analyse transactionnelle. Ce fameux triangle représente un des "jeux psychologiques" de manipulation de la communication entre individus.

Chaque pointe de ce triangle représente un rôle. Il y a d'abord celui de la victime, qui subit sur les modes de l’impuissance et de la honte. Ensuite, celui du sauveur qui agit en facilitateur - au point de ressentir de la culpabilité s’il n’aide pas la victime - et qui lui permet de se détourner de ses propres problèmes. Et enfin celui du persécuteur, qui contrôle, qui blâme, qui fait preuve d’autorité et qui manipule.

Pour rendre ce drame psychologique crédible, encore fallait-il des comédiennes et des comédiens à la hauteur, comme Jenna Coleman (Doctor Who), grande praticienne du théâtre connue pour le rôle-titre de la série "Victoria" ou encore Ewen Leslie (Top of the Lake).

Pascal Bernheim/mh

> "The Cry", RTS Un, di 17 février (épisodes 1 et 2) et di 24 février (épisodes 3 et 4), 22h30. Disponibles sur RTSPlay pendant 30 jours après la diffusion.

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