> La 54e édition des Journées de Soleure s'est tenue cette semaine avec plus de 150 productions suisses, portées par des réalisateurs issus de toutes les régions linguistiques. Un total de 17 premiers longs métrages sur un total de 75 films ont été projetés.
> La réalisatrice Fanny Bräuning a remporté le Prix de Soleure avec son documentaire "Immer und ewig", alors que Martin Witz a reçu le Prix du public.
> Cette année, Soleure fait également la part belle aux femmes puisque l'on trouvait 22 films signés par des réalisatrices.
Le Prix de Soleure à Fanny Bräunig
Une récompense pour "Immer und ewig"
La réalisatrice Fanny Bräuning a remporté le Prix de Soleure avec son documentaire "Immer und ewig". La Bâloise remporte pour la deuxième fois ce prestigieux prix doté de 60'000 francs.
En 2009, Fanny Bräuning, qui n'avait alors que 33 ans, avait déjà reçu ce prix pour son premier long métrage "No More Smoke Signals". Dans son nouveau documentaire "Immer und ewig", elle suit ses parents, qui à bien des égards mènent une vie inhabituelle. Sa mère Annette est atteinte de sclérose en plaques et son père Niggi s'occupe de sa femme avec dévouement depuis 20 ans.
Le couple, qui a soif d'aventure, ne veut pas se restreindre. Niggi a donc développé un camping-car adapté aux personnes handicapées. Fanny Bräuning les a accompagnés dans leurs voyages en Europe. Le jury a salué "l'histoire d'un couple extraordinaire et leur volonté inébranlable de marcher ensemble dans la vie, malgré toutes les épreuves".
Le Prix du public à Martin Witz
Le documentaire "Gateways to New York" salué
Le Prix du public, doté de 20'000 francs, a été attribué à Martin Witz pour son documentaire "Gateways to New York". Le réalisateur y raconte l'histoire de l'ingénieur suisse Othmar H.Ammann, qui a émigré à New York en 1904 et qui y a redéfini l'art de construire des ponts.
Une récompense un peu inattendue, puisque Martin Witz faisait face pour ce prix à de sérieux adversaires comme Stefan Haupt ("Zwingli") ou Bettina Oberli qui présentait, avec "Le vent tourne", son premier long-métrage en français.
Bruno Todeschini, invité d'honneur
Le succès modeste
A l’honneur des 54e Journées de Soleure, l’acteur suisse aux 130 films a débuté au théâtre avec Patrice Chéreau, qui le dirigera également dans quatre de ses films. Au cinéma, sa route croise aussi celle des acteurs et actrices Eric Caravaca, Valeria Bruni-Tedeschi ou Emmanuelle Devos, avec qui il compose d’impressionnants duos.
L'acteur, formé à Genève, a le succès modeste. Le Neuchâtelois d'origine travaille sur des productions dans plusieurs pays d'Europe. Il fait également partie du clan très select des comédiens à l'aise aussi bien sur les planches, à la TV ou sur grand écran.
Le film du Genevois Antoine Russbach "Ceux qui travaillent" a été cité quatre fois dans les nominations aux Prix du cinéma suisse, annoncées mercredi soir.
Outre la catégorie du meilleur film de fiction, il concourt pour le prix du meilleur scénario, de la meilleure photographie et de la meilleure interprétation dans un second rôle pour Pauline Schneider.
Dans ce premier long métrage, Antoine Russbach s'interroge sur la valeur du travail dans la société actuelle et les dérives qui lui sont associées. L’acteur belge Olivier Gourmet y interprète Frank, qui gère des cargos depuis son bureau et se fait licencier après une faute grave.
"Ceux qui travaillent" est aussi en lice pour le Prix du Public de ces Journées de Soleure.
Deuxième long-métrage du Lausannois Germinal Roaux, "Fortuna" est nommé dans la catégorie "Meilleur film de fiction".
Le film raconte l'histoire d'une jeune Ethiopienne qui trouve refuge au Monastère du Simplon. Ce film a reçu l'Ours de Cristal à la Berlinale et le Grand prix du jury international de Génération 14plus.
"Les dames" des réalisatrices vaudoises Stéphanie Chuat et Véronique Reymond est nommé dans la catégorie "Meilleur documentaire".
Le fim s'intéresse à ces femmes qui perdent leur mari à l'aube de la retraite après de longues années de mariage. Confrontées à leur solitude, elles portent un regard sur leur vie écoulée et cherchent à réinventer leur quotidien.
Les Journées de Soleure ont décidé pour la première fois de présenter une expérience immersive totale dans leur programmation.
"VR_I" est une oeuvre totalement hallucinante imaginée par le chorégraphe suisse Gilles Jobin et les studios Artanim, à Genève. Le projet interroge notre perception de la réalité et investit de nouveaux territoires, inexplorés et inédits pour la danse contemporaine. Il fait escale à Soleure où pour la première fois, les festivaliers peuvent s'immerger totalement dans le monde des images virtuelles.
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A voir, le sujet du 19h30:
"Alexia, Kevin et Romain"
18 ans, un cap
Le réalisateur biennois Adrien Bordone a suivi trois jeunes qui cherchent à grandir et à s’émanciper malgré leur déficience intellectuelle dans le documentaire "Alexia, Kevin et Romain". Le film concourt pour le Prix de Soleure et a été présenté dimanche soir.
Soleure et les "vieux cinéastes"
Une pétition signée par 30 réalisateurs
Trente cinéastes alémaniques ont envoyé une pétition aux Journées de Soleure. Ils demandent quʹun film de leur collègue Christian Labhart, cinéaste alémanique confirmé, soit réintégré au programme.
En creux, cette pétition questionne le rôle du festival: les cinéastes établis ont-ils forcément leur place dans la programmation parce que la vitrine du cinéma suisse se doit de suivre leur parcours? Le festival répond quʹil nʹy a pas de passe-droits, que les temps ont changé et qu'au vu du nombre de films produits chaque année en Suisse, il faut faire des choix.
Au micro de "Vertigo", Samir, producteur et cinéaste zurichois à lʹorigine de la pétition, Seraina Rohrer, directrice des Journées de Soleure et Stéphane Goël, producteur et cinéaste lausannois.
Les jeunes et les femmes
Des films signés par la nouvelle génération
Parmi la programmation de cette édition qui se déroule jusqu'au 31 janvier, on trouve 17 premiers longs métrages sur un total de 75 films. Une mise en avant des jeunes cinéastes qui est une volonté de la directrice du festival, Sereina Rohrer.
Depuis son arrivée en 2012, elle mise en effet sur les nouveaux talents et le renouvellement du cinéma suisse et de ses représentants. Une nouvelle génération qui, à ses yeux, fait ce qu'il y a de mieux actuellement dans la production helvète et surtout "qui a aujourd'hui quelque chose à raconter".
"Des moutons et des hommes" avait remporté le Prix de Soleure
Produit par la société romande CloseUp Films et cofinancé par la RTS, le documentaire "Des moutons et des hommes" de Karim Sayad avait reçu en 2018 le Prix de Soleure en clôture du festival.