Mai-Thu Perret se voit offrir tout le premier étage du musée genevois qui lui consacre une rétrospective. Y sont exposées une large sélection de ses œuvres réalisées depuis le milieu des années 90 jusqu'à aujourd'hui.
Mai-Thu Perret est une artiste vietnamo-franco-suisse. La Genevoise est représentée par de très importantes galeries aux quatre coins du monde. La rétrospective proposée par le Mamco à Genève est à la fois divertissante et très référencée. Elle s'organise en six chapitres: "New Ponderosa", "Apocalypse Ballet", "Evening of the Book", "Arts & Crafts", "Garden of Nothingness" et "Féminaire". A travers cette sélection, l'exposition explore tous les genres propres à l'oeuvre de l'artiste.
Une artiste en marge
Ce qui caractérise le travail de l'artiste, c'est qu'il est à la fois singulier et polymorphe. Elle arrive à passer de la sculpture au film, de la performance à la céramique. Elle travaille le rotin, crée des tapis, utilise des mannequins, et elle fait aussi référence à la littérature qu'elle a étudiée en Angleterre. C'est une artiste qui aime la surprise.
Mai-Thu Perret a réussi à se cacher pendant des années derrière une communauté de femmes créée de toutes pièces, appelée "New Ponderosa". Une communauté utopique installée au Nouveau-Mexique et qui faisait partie d'un projet global de l'artiste, "The Crystal Frontier". A cette époque, toutes ses créations étaient attribuées à l'une ou l'autre des membres fictives de cette communauté. Le projet "New Ponderosa" fait partie de la rétrospective exposée au Mamco.
"New Ponderosa", c'est une histoire que j'avais inventée quand j'ai commencé à travailler, parce que je voulais séparer mon travail de moi-même. J'ai imaginé que mon travail serait le travail d'un groupe de femmes. J'ai imaginé leur vie, des bribes d'éléments documentaires ou biographiques de leur existence et ensuite, à partir de ces textes, de cette fiction, je créais des objets qui étaient leurs objets, leurs productions.
La dimension politique
Mai-Thu Perret se considère plus comme une femme féministe que comme une artiste féministe. La question du féminisme est importante dans son travail, mais elle considère qu'elle l'est encore plus dans sa vie: "mais évidemment, je pense que ça déborde dans mon travail artistique aussi", explique-t-elle.
Dans mon art, il y a une dimension politique, mais qui n'est jamais séparée de la dimension esthétique. Pour porter une revendication politique, c'est mieux peut-être d'aller dans la rue, dans les urnes. L'espace du musée, c'est un peu un espace autonome et j'aimerais bien garder ça. Mais je pense qu'il y a un désir d'égalité dans ma vie qui est visible dans mon travail aussi.
Pour son art, Mai-Thu Perret utilise souvent de la céramique ou du rotin. Elle aime l'idée de travailler avec des matériaux qui sont marginalisés ou laissés de côté, parce qu'elle "ne pourra jamais faire de la grande peinture héroïque", dit-elle. La littérature tient aussi une grande place dans le travail de Mai-Thu Perret.
Un sujet radio de Linn Levy pour "Vertigo"
Adaptation web: Lara Donnet
Exposition Mai-Thu Perret, à voir au Mamco de Genève jusqu'au 3 février 2019.