Dans les années 50 à 60, le concubinage était interdit. Les hommes aux cheveux longs n'étaient pas servis au restaurant et les femmes n'avaient ni le droit de vote, ni d'éligibilité. Sans parler des homosexuels qui se voyaient fichés par la police. Tel était le petit monde étriqué "bon chic bon genre" de l'époque.
1968, une année charnière
En 1968, la vague contestataire gagne l'Occident, y compris la Suisse. C'est le cas pour Berne, où l'on voit tout à coup le drapeau du mouvement de libération du Sud du Vietnam flotter au sommet de la cathédrale. Le même jour, une manifestation se déroule dans la ville. Du jamais vu, qui incite la rédaction du "Berner Tagblatt" à se demander, à la une du lendemain, si la révolution allait aussi gagner Berne.
"Sexuellement, quel est le plus fort des cinq?". Telle est la question posée en 1967 par un journaliste romand aux Rolling Stones, lors de leur concert à Zurich. "Cette interview fait partie des très nombreux documents d'archives télévisées montrées dans le cadre de l'exposition", témoigne le journaliste Alain Arnaud, qui se met à la place de ce courageux confrère qui a dû jadis, choquer l'ensemble de la Suisse bien pensante.
Une exposition haute en couleurs
Libération sexuelle, culturelle, émergence des communautés, amour libre, rock, pop art... l'exposition nous plonge au coeur de l'époque comme si c'était aujourd'hui, tout en proposant un parcours cohérent. Seize acteurs des événements de 68 en Suisse racontent ainsi quel héritage ils en gardent aujourd'hui, mais aussi ce qui a changé.
Le visiteur est par ailleurs invité à dire pourquoi il serait prêt à s'engager aujourd'hui. Quelques propositions sont déjà affichées à la sortie de l'exposition. L'une d'entre elles revendique "enfin l'égalité pour les hommes", probablement pour coller avec l'esprit provocateur de 1968.
Alain Arnaud/mg
L'exposition "1968 Suisse", à voir au Musée d'histoire de Berne du 16 novembre 2017 au 17 juin 2018.