L’exposition "Évidences du réel" au Musée d’art de Pully ouvre les feux avec cette question: qu’est-ce qu’une photographie? Un reflet de la réalité? Un mensonge? Un agencement du réel? Sinon du papier photographique?
Les deux artistes biennois F&D Cartier collectionnent les papiers photographiques des années 80-90. Dans leurs installations, ils les présentent de telle façon qu’au fil de l’exposition la lumière se dépose de façon aléatoire sur ces papiers qui révèlent une durée plutôt que l’empreinte descriptive du réel.
f&d Cartier "Wait and See", 2016, papiers photographiques exposés à la lumière, dimensions variables. [Musée d’art de Pully ]
Dans la sélection proposée, l’exposition collective présente des travaux où les photographes repensent l’image non pas en appuyant sur le déclencheur, mais en en grattant le négatif, découpant, perforant ou oblitérant la photo. Autrement dit, le sujet de la photo est la photo elle-même. Cette dernière témoigne d’une réalité dont l'enjeu n’est pas le visible, mais plutôt une réflexion sur le visible.
La photographie de Hans-Peter Feldmann montre deux fillettes et leurs ombres. Si l’une est reconnaissable, de l’autre ne subsiste que la silhouette découpée, un blanc qui a tout de même une présence et une ombre.
Par là-même, cette image - comme d’autres dans cette passionnante exposition imaginée par la commissaire Pauline Martin - révèle l’ambiguïté permanente de la réalité des objets photographiés.
Hans Peter Feldmann, Two Girls with Shadow, 1999, 48.3x46. [Musée d'art de Pully]
>> A voir aussi comment les photographes Simon Rimaz, Nicolas Savary et la commissaire de l'exposition "Evidences du réel" Pauline Martin définissent la photographie.