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Mathieu Tremblin, l'artiste qui réécrit les tags urbains

Mathieu Tremblin.  Tag Clouds “Gontardstrasse/Karl-Liebknecht-strasse”. 2010. [Licence Art Libre]
Art visuel: Mathieu Tremblin, tremplin pour tags urbains / Vertigo / 5 min. / le 27 juillet 2016
Depuis quelques jours, la toile fait pulser le nom de Mathieu Tremblin, un artiste français qui rend lisibles les tags urbains. Les explications de Florence Grivel.

Toutes les villes du monde ont des murs recouverts d’inscriptions colorées et indéchiffrables, peintes à la bombe. Depuis 2010, Mathieu Tremblin offre à ces messages indélébiles un lifting très efficace via le projet "Tag Clouds".

Des nuages de mots

Mathieu Tremblin part d'une surface entièrement recouverte de mots en désordre. En respectant le code des couleurs, mais en modifiant la graphie, il instaure une hiérarchie dans la composition graphique aléatoire du mur pour mettre en valeur, dit-il, les paroles des auteurs anonymes.

"Zerm", "nozer" ou "kador": les mots sont lisibles, mais toujours incompréhensibles. Le principal reste cependant d'avoir accès à ce langage sans le parler.

Un hommage au cloud numérique

Aujourd'hui, sur les réseaux sociaux, la langue est chaque jour tordue, renouvelée, hybridée avec d'autres idiomes. De nouveaux langages fleurissent sur Twitter et Instagram, où l'on parle par mots-clés ou hashtag. Avec son projet, Mathieu Tremblin fait des murs des villes le miroir de ces nouvelles réalités, en s'inspirant justement des "tags cloud", ces nuages de mots-clés présents sur Internet.

Il y a une idée répandue selon laquelle la ville appartient aux tagueurs – le geste est interprété comme propriétaire puisque relevant de la signature –, mais il serait judicieux de reconsidérer que ce sont les tagueurs – et surtout leurs tags – qui appartiennent à la ville.

Mathieu Tremblin, artiste

L'artiste renverse la vapeur en transformant les mots et les signatures des hors-la-loi à l'expressivité sauvage en patrimoine urbain.

La ville comme terrain de jeu

Quand il crée, Mathieu Tremblin porte toujours un bleu de travail et un gilet orange, comme un employé de la voirie. Avec l'artiste David Renault, il forme le duo Les Frères Ripoulain, spécialiste de toutes sortes d'action. Ensemble, ils ont notamment participé à la Nuit Blanche de Paris en 2012, où ils ont proposé un mobile géant accroché aux quatre grues d’un chantier sensible, dont les mouvements étaient chorégraphiés et éclairés durant toute la nuit.

Calderpillar "Les Halles". Nuit Blanche Paris, 2012. Installation des Frères Ripoulain. [http://lesfreresripoulain.free.fr/]

Une autre fois, ils ont demandé à tous les habitants d'un immeuble de brancher leur téléviseur sur le même programme, afin de faire palpiter les pièces de la même lueur bleutée. Une façon de faire participer les habitants à la poétique générée par les propriétés réelles de la ville.

Florence Grivel/sr

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