Publié

Miriam Cahn au Palais de Tokyo, une exposition coup de poing

Une vue de l'exposition Miriam Cahn "Ma pensée sérielle" au Palais de Tokyo, à Paris. [Palais de Tokyo - Aurélien Mole]
Miriam Cahn au Palais de Tokyo / La Matinale / 2 min. / le 28 février 2023
L'oeuvre farouche et brute de l'artiste bâloise Miriam Cahn, 73 ans, fait l'objet d’une rétrospective inédite au Palais de Tokyo, à Paris. 200 œuvres fulgurantes, y compris celles que lui a inspirées la guerre en Ukraine, sont exposées.

A Paris, Miriam Cahn accapare tous les regards. Le Palais de Tokyo consacre une grande rétrospective à cette Bâloise dont le style qui consiste à "témoigner, résister et incarner" interpelle depuis plusieurs décennies. Chez elle, le chaos du monde trouve des formes et des visages.

Inspirée du noir de Goya, l'artiste a multiplié les images de la guerre qui, comme l’exode, rythme son œuvre et sa vie. On y découvre des tanks à la craie noir, des corps martyrs et un art-manifeste résolument sans concession, magnifique et dérangeant.

"Ce qui est nouveau pour moi, c’est l’aspect déprimant. Personne ne tire des leçons de ces conflits. Les guerres restent les mêmes. Elles ont peut-être une autre structure mais ce que l’on vit aujourd'hui en Ukraine correspond à que l'on a déjà vu dans l’ancienne Union soviétique ou l’ex-Yougoslavie, avec la même idéologie en arrière-fond. Et c’est cela qui motive mon travail. C’est cette réalité que je veux montrer avec mon travail", livre Miriam Cahn à la RTS.

Une vue de l'exposition "Miriam Cahn, ma pensée sérielle" au Palais de Tokyo, à Paris. [Palais de Tokyo - Aurélien Mole]
Une vue de l'exposition Miriam Cahn "Ma pensée sérielle" au Palais de Tokyo, à Paris. [Palais de Tokyo - Aurélien Mole]

Cette première rétrospective en France illustre les combats de la septuagénaire depuis quatre décennies. On y voit des dessins géants, des séries de portraits, des corps de femmes inscrites dans leur chair, leur métabolisme, de l’enfantement jusqu’au cycle menstruel.

Cette démarche avant-gardiste fait de cette artiste, selon la commissaire Marta Dziewanska, l’une des signatures vivantes les plus recherchées: "Très souvent, Miriam Cahn dit 'je suis un Picasso féminin'. C'est très vrai et c'est très beau, aussi. Car comme Picasso, Miriam Cahn réagit à son temps en ajoutant des thèmes féminins qui n'ont jamais été couverts par les hommes artistes."

Miriam Cahn, qui vit aujourd'hui à Stampa, dans les Grisons, a orchestré elle-même cette exposition parisienne. Elle veut encore croire qu'avec son art, elle peut résister à la cruauté du monde présent.

Sujet radio: Anne Fournier

Adaptation web: mh

Publié

Un tableau de Miriam Cahn défraie la chronique sur les réseaux sociaux

Présentée au Palais de Tokyo dans le cadre de la rétrospective, l’œuvre "Fuck Abstraction" représente une personne sous contrainte, à genoux, forcée de pratiquer une fellation. Résultat, sur les réseaux sociaux, l’artiste suisse se retrouve accusée de faire l’apologie de la pédocriminalité.

"On ne peut pas décontextualiser une telle œuvre d’art, regrette Philippe Bischof, directeur de la Fondation Pro Helvetia qui a soutenu financièrement l’exposition, interrogé dans l’émission "Forum". Cette énorme rétrospective offre la possibilité de lire l’oeuvre de Miriam Cahn sur des décennies, sur toute une carrière d’engagement contre la violence et contre l’abus. (…) Si l’on sort une image sans le moindre contexte sur les réseaux sociaux, on ne veut pas provoquer vraiment un débat".

L’exposition est en effet accompagnée d’un important travail de médiation et la violence des œuvres est expliquée au public avec des affiches. "Ce travail de médiation bien réfléchi est l’une des raisons du soutien de Pro Helvetia à cette exposition, rappelle Philippe Bischof. Il ne faut pas sous-estimer que le public que l’on veut atteindre avec cette exposition vient de tous horizons et n’est pas forcément habitué à l’art."