L'artiste Razab sʹexpose à Genève avec "IN Nocens"
Au premier étage du 3 chemin des Saules à Genève, le collectif Soul2Soul propose dans son espace culturel l'exposition d'un artiste émergent, l'autodidacte Razab. Le "blaze" signifie "bazar" à l'envers, un jeu de mot que l'artiste a inventé, tout comme le titre de sa première exposition, "IN Nocens". Un flirt audacieux entre le mot "innocence" et l'expression anglophone "in no sense", qui signifie "dans pas de sens" en français.
>> A voir: le clip de Pekodjinn animé par Razab
D’origine italo-colombienne, Razab grandit en Suisse et étudie la psychologie à l'Université de Genève. Issu du graffiti, de l’illustration, du design et du tatouage, il s’intéresse plus récemment à l'animation et à la sculpture. Dans son exposition, sept oeuvres sont à découvrir et dans chacune d'elles, on retrouve un univers en mouvement avec des éléments empruntés à la culture urbaine et underground. Des motifs artistiques qui font penser au sulfureux bédéiste américain Robert Crumb, dont le jeune artiste admire le travail.
Des "street comics" pour dénoncer
Les peintures de Razab prennent généralement la forme de "street comics" dans l’espace urbain. Les scénarios représentés, pour la plupart caricaturaux et dystopiques, interpellent par des problématiques politico-sociales telles que l'argent, l'addiction ou encore la surmédication.
Ses personnages, on peut les retrouver un peu partout, du quartier mafieux "La Scampia" à Naples en passant par les bâtiments et les usines abandonnées de la Toscane jusqu'aux rues genevoises. Des personnages qui sont, pour la plupart, masculins.
A ce propos, Razab confie à la RTS: "On évalue de plus en plus nos rapports entre les genres et la masculinité est une chose qui me questionne beaucoup, je pense que la débauche et le chaos découlent principalement des comportements dits masculinistes". Ainsi, pour l'artiste, les dessiner et les montrer est une manière de les dénoncer.
L'aérographe pour faire un pont
On retrouve aisément ces thématiques dans les travaux présentés à l'enseigne d'"IN Nocens"; néanmoins, le défi principal a été de faire un pont entre la rue et l'espace clos, l'extérieur étant le lieu de prédilection du graffeur genevois.
C'est la raison pour laquelle certains travaux comme "Fire and Sunflowers" ou encore "Who Gives a Shit?" ont été peints à l'aérographe et pas à la bombe de peinture. Une manière pour Razab de faire lien entre l'intérieur et le dehors, où il a l'habitude de laisser son empreinte.
Layla Shlonsky
"IN Nocens" de l'artiste Razab, Espace Culturel des Saules, Genève, jusqu'au 3 février 2023.