Le musée pulliéran retrace pour la première fois le parcours photographique de Matthieu Gafsou, depuis ses débuts il y a près de quinze ans jusqu'à sa dernière série "Vivants" terminée ce printemps. Fruit d'une collaboration étroite avec l'artiste, l'exposition propose "un regard unique, personnel et poétique sur la pratique artistique du photographe".
Alors que les premières séries de Matthieu Gafsou ("Surfaces", 2006-2008, "Terres compromises", 2010, "Alpes", 2009-2012) s'inscrivent dans la tradition de la photographie documentaire de paysage, les travaux suivants ("Sacré", 2011-2012, "Only God Can Judge Me", 2012-2014, "H+", 2015-2018) abordent des sujets sociaux, comme la scène de la drogue lausannoise et le transhumanisme.
Eco-anxiété
Les inquiétudes grandissantes du photographe vaudois face à la crise écologique sont au coeur de sa dernière série, "Vivants", présentée à Pully. Outre l'écologie, l'effondrement climatique et la disparition de la biodiversité, Matthieu Gafsou a voulu montrer le changement qui s'opère dans notre relation au monde.
"J'ai utilisé le pétrole comme un pigment, pour manifester l'idée de la contamination. Le paradoxe de ces photographies, c'est qu'elles sont assez picturales... Elles témoignent de l'ambivalence de notre relation à ces techniques fascinantes qui ont en même temps un effet très nocif sur notre milieu", explique le photographe à la RTS.
Avec "Vivants", le photographe, qui est également enseignant à l'ECAL, propose une vision mélancolique et désenchantée de ce monde "qui demeure malgré tout puissant, beau, mais effectivement un peu inquiétant", précise-t-il.
Une bande-son signée Ripperton
Pour cette série, Matthieu Gafsou a travaillé avec le DJ et producteur lausannois Raphaël Gros, alias Ripperton, qui a composé l'album "Hystérésis" pour accompagner le travail du photographe. Les deux artistes se rejoignent sur le besoin de rendre la fragilité de l'humanité et de notre planète palpable et réelle, ainsi que sur l'impossibilité de baisser les bras, par égard pour les générations futures.
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Elaborée sur près de quatre ans, "Vivants" apparaît "comme une œuvre complexe, d'une narrativité foisonnante et d'une grande liberté, qui semble annoncer une nouvelle direction dans la production de Matthieu Gafsou", note pour sa part le Musée d'art de Pully.
Une série de grands formats est également à découvrir hors de ses murs, sur le quai Milliquet de Pully jusqu'à la fin du mois d'octobre.
Sujet TV: Chloé Steulet et Jean-Michel Lachenal
Adaptation web: aq avec agences
"Matthieu Gafsou. Le voile du réel, un parcours photographique", Musée d'art de Pully (VD), jusqu'au 11 décembre 2022