Comment l'art peut aider à soigner des personnes psychologiquement fragiles
Peinture, céramique, couture ou encore art-récup, telles sont les activités artistiques proposées à l'atelier Césure du Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne. Une fois par an, les oeuvres réalisées font l'objet d'une exposition collective. Cette année, elle s'intitule "Dans ma tête". L'atelier Césure dispose aussi d'un espace bois, avec une menuiserie qui fournit notamment des cadres pour l'artothèque, un lieu où les oeuvres sont disponibles à la location.
L'admission à l'atelier passe par une infirmière de liaison. Elle y dirige les personnes intéressées, qui peuvent choisir leur discipline en fonction de leurs affinités artistiques. Car les artistes de l'atelier ont une particularité: ils et elles souffrent de troubles psychiques et souhaitent se rétablir grâce à une pratique artistique.
Mettre ses idées noires en couleurs
Cynthia Favre est l'une des artistes de l'atelier. Elle y pratique la peinture, une peinture colorée qui lui permet de sortir ses angoisses. Le bleu lui inspire la sérénité. "Quand je ne me sens pas bien, c'est la couleur que j'utilise le plus souvent", explique-t-elle à la RTS. Souffrant notamment de phobies sociales, Cynthia se libère de ses pensées négatives en les posant sur ses toiles.
Les médicaments aident, mais l'art guérit.
A cause de ses phobies et de ses angoisses, Cynthia est restée longtemps dans son monde. L'atelier Césure lui a permis d'en sortir, d'exprimer son mal-être, mais surtout de se recréer une vie sociale. "Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je dis que je peins. [...] L'art engage la conversation, ça me valorise, me donne beaucoup de confiance en moi", explique-t-elle.
>> A voir: le témoignage de l'artiste Jean-Bernard Sprengers
Jean-Bernard Sprengers, un autre artiste de l'atelier Césure, a quant à lui choisi la sculpture comme art de prédilection. Après des deuils à répétition, Jean-Bernard avait perdu tous ses repères. Pour lui, la sculpture s'est imposée comme un moyen de compenser la médication. "Si l'on a des blessures de l'âme, on peut tout à fait les éponger en faisant de la peinture ou de la sculpture", explique l'artiste.
L'art pour se connecter à soi et aux autres
Pour le psychiatre et psychothérapeute Charles Bonsack, l'art permet de se reconnecter à soi et au monde. "Quand on fait une dépression par exemple, on est un peu perdu. On perd aussi le contact avec ses amis, on peut perdre le contact avec sa profession... Et on doit trouver un chemin pour se retrouver soi-même et retrouver les autres".
L'art, c'est vraiment quelque chose de magique parce que cela permet à la fois de se connecter à soi-même et de le transmettre aux autres.
L'art et en particulier l'atelier Césure ainsi que son artothèque ouverte au public permettent aussi de démystifier la maladie mentale et de montrer de quoi les personnes qui en souffrent sont capables.
>> A voir: le point de vue du médecin Charles Bonsack
Sujet TV: Joëlle Rebetez et Rayane M'zouri
Adaptation web: Lara Donnet