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Le corps féminin à l'honneur dans "Rosa Canina"

La galerie lausannoise Strates expose jusqu'au 2 juin les photos de Mathilda Olmi. [Galerie Strates]
Le corps comme engagement. / Vertigo / 7 min. / le 23 mai 2022
La photographe vaudoise Mathilda Olmi expose des portraits de nus féminins à la Galerie Strates à Lausanne, recensés dans le livre "Rosa canina" paru aux Editions FP&CF.

Des photos de corps féminins nus et libres, dans l'ombre ou dans la lumière, dans des poses naturelles ou réfléchies, mais sans enjeu de séduction: c'est l'objet du travail de la photographe Mathilda Olmi dans "Rosa Canina". Féministe et engagée, la Vaudoise propose ainsi une nouvelle approche du corps de la femme, en toute intimité et bienveillance.

Cette série de nus féminins de tous âges et gabarits sont mis en perspective par des paysages où la végétation prend ses quartiers avec force et finesse.

Dans le livre éponyme, les photographies sont accompagnées des textes de Julia Widmann et Myriam Olmi, respectivement amie et mère de la photographe. Les points de vue de ces deux femmes, contrastés, disent le corps et les injonctions qu'il subit dans notre société encore teintée de patriarcat; ils posent aussi la question de la place du féminin.

Du rosier au féminisme

Dans ce titre "Rosa Canina" se cache également un fumet de sorcellerie qui n'est pas sans faire écho à l'essayiste Mona Cholllet, dont s'inspire la photographe. Mathilda Olmi explique avoir choisi ce titre car la rosa canina (aussi appelée rosier des chiens ou rosier des haies) est

"Rosa Canina" (2022), Mathilda Olmi. Editions FP&CF. [DR - Mathilda Olmi]

une plante sauvage, épineuse, qui pousse un peu partout. "C'est une plante qu'on ne peut pas domestiquer et qui évoque la sorcellerie, rappelle-t-elle. Ce choix était aussi une façon de faire le lien avec les pensées écoféministes, qui font un parallèle entre la domination des femmes par les hommes, et la domination de la nature par les hommes."

Des engagements féministes qui sont d'importance pour les deux femmes tout juste trentenaires. "J'ai grandi avec des enjeux très patriarcaux, très centrés sur le corps, l'apparence et la réussite, se désole Julia. Ce n'est qu'aujourd'hui que j'essaie de m'en émanciper."

Changer notre regard sur notre corps

Dans "Rosa Canina", le corps de la femme se voit ainsi remis au coeur de la nature et du monde, sans qu'il ne soit objet de convoitise: le corps peut désormais être utilisé par la femme comme bon lui semble.

"J'avais envie de ramener de la douceur dans le regard que l'on porte sur nous-mêmes, explique Mathilda Olmi. J'ai commencé à photographier mes amies et j'ai réalisé à quel point nous sommes toutes hyper complexées. J'avais envie de leur montrer qu'elles étaient belles, casser cette violence du regard que l'on porte sur soi-même."

Les séances de photographie se sont déroulées comme une discussion, se souvient Julia Widmann, sans aucun sentiment d'intrusion malgré la nudité des modèles.

Propos recueillis par Florence Grivel

Adaptation web: cf

L'exposition "Rosa Canina" est à voir à la Galerie Strates à Lausanne jusqu'au 2 juin 2022, et à découvrir dans le livre éponyme paru aux Editions FP&CF.

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