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"Raving Cosmo", les humains sont morts, la nature fait la fête

Lisa Lurati, "Untitled", 2021, cyanotype sur lin, exposition "Raving Cosmo". [©Claude Cortinovis CACY 2021]
Rav(e)issement / Vertigo / 5 min. / le 25 novembre 2021
Lʹartiste tessinoise Lisa Lurati investit le Centre d’art contemporain d’Yverdon. Au programme de l'exposition "Raving Cosmo", cyanotypes sur toile, bronzes et installations célébrant la vie et la nature de manière post-apocalyptique. À voir jusqu’au 24 décembre 2021.

Le Centre d’art contemporain d’Yverdon-les-Bains (CACY) présente une exposition dédiée à la photographe et plasticienne tessinoise Lisa Lurati. "Raving Cosmo" est une tension paradoxale entre chatoiement et décadence.

La rave du cosmos: rêve ou cauchemar ?

Les raves sont des fêtes en plein air où la techno, la nature en friche et les éclats des spots lumineux se rejoignent pour créer des lieux festifs de tous les excès. Portraits gigantesques bleutés d’une nature échevelée, crânes d’animaux accrochés aux cimaises, minuscules poupées posées au sol ou encore résidus humains ridicules face à la force impétueuse de la nature: la rave de Lisa Lurati est post-apocalyptique.

Rolando Bassetti, directeur des lieux interrogé par la RTS, décrypte le titre de l’exposition "Raving Cosmo": "Lisa Lurati nous l’a donné comme une clé de lecture. Le mot 'Raving' nous emmène dans le monde des fêtes nocturnes, sauvages. Ici, nous sommes dans une fête à laquelle l’homme n’est pas invité, c’est la fête de la flore. Le mot 'Cosmo' se réfère quant à lui à l’idée d’un écosystème."

Les humains sont morts, les plantes font la fête

Cette nature à la fois nocturne et aquatique nous plonge dans des cyanotypes, une technique photographique qui donne une teinte bleue aux images. La flore est à la fois belle, exposée à la lumière et envahissante. L’exposition est aussi ponctuée de références à la mort, comme des crânes et des étoiles de gravier inanimés au sol.

Lisa Lurati, "Nana nera", 2021, gravier. Exposition "Raving Cosmo". [©Claude Cortinovis CACY 2021]

"Au fil de l’exposition, il y a une tension entre quelque chose de très esthétique – le bleu très flatteur du cyanotype, cette flore luxuriante – et un sentiment de mort qui rôde, poursuit Rolando Bassetti. Si nous revenons au 'Raving cosmo', c'est une danse qui se transforme au fur et à mesure en danse macabre. Cette absence présente de l’être humain nous ramène à ce futur fantasmé dans lequel nous ne seront peut-être plus là, mais la flore, si."

Un sujet qui touche l’artiste

Lisa Lurati a 32 ans. Elle fait partie d’une génération qui a grandi avec les questions climatiques. Après ses études, elle voyage dans l’archipel de la Terre de Feu en Amérique du Sud. Elle se retrouve alors face à la magnificence d’une nature vierge, qui la "remet à sa place".

C’est depuis son enfance que Lisa Lurati s’intéresse aux questions environnementales. "Elle nous a raconté une anecdote à propos de son enfance, se souvient Rolando Bassetti. En vacances à Chypre, elle remarque deux pélicans sur la plage qui amusent les touristes, car ils ne s’envolent pas. Elle demande au garde-plage la raison de leur présence, qui lui répond que leurs ailes ont été coupées. Elle écrit alors un poème pour exprimer sa tristesse."

Propos recueillis par Florence Grivel

Adaptation web: ms

"Raving Cosmo" de Lisa Lurati, une exposition à voir au Centre d’Art Contemporain d’Yverdon-les-Bains (VD) jusqu’au 24 décembre 2021.

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