Quand l'art se porte à la ceinture
Au milieu de la foire Art Basel en septembre dernier, Rémi et Renaud Defrancesco possèdent un stand qui sent bon le cuir. Ils y présentent en effet leur nouvelle édition de ceinture réversible, mise en valeur par John M. Armleder, l’artiste genevois reconnu à l'international. Ces deux jeunes gens – l’un est designer, l’autre est directeur de J.Hopenstand, entreprise basée à Pully – sont les arrière-petits fils du maroquinier Jacques Hopenstand, qui avait pignon sur rue à Paris au milieu des années 1920. Il transmet son amour du bel ouvrage à ses deux arrière-petits-fils, passionnés également d’art contemporain.
Un héritage préservé et revisité
"Nous avons lancé l’aventure J.Hopenstand il y a sept ans, se souvient Renaud Defrancesco lors d'un entretien avec la RTS. Rémi était déjà dans la maroquinerie avant que le projet ne soit né et il avait besoin d’un coup de main d’un designer. Il se trouvait qu’il y en avait un dans la famille, donc nous avons directement collaboré. Nous aimons les belles choses et nous sommes passionnés par l’art et l’artisanat. Travailler ensemble était donc logique".
Il y a six ans naît le projet d’une ceinture dite "œuvre d’art portable". Les deux frères collaborent avec des artistes qui leur plaisent et ces derniers réinterprètent à leur manière la boucle de leur produit phare, la ceinture réversible. Ces ceintures-objets d’art peuvent donc être portées ou exposées chez soi. En plus de John M. Armleder, d’autres artistes suisses reconnus ont ajouté leur patte au projet, comme Olivier Mosset et Sylvie Fleury.
Boucle de ceinture réalisée par l'artiste John M Armleder pour J.Hopenstand. [J.Hopenstand]
Un produit de luxe
Leur dernière collaboration en date est avec l’artiste John M Armleder, rencontré lors du salon artgenève, pour son modèle "LOASACEAE". "Il est venu découvrir notre stand et nous avions déjà travaillé avec certains de ses amis. Nous lui avons proposé de faire partie du projet et il a tout de suite accepté. Pour sa boucle, il s’est inspiré de son œuvre 'Le supermarché de formes'. Il s’agit de formes créées au fil de sa carrière, qu'il aime réutiliser. Certaines sont plus connues que d’autres, comme son ‘splash’ de peinture, ses têtes de mort ou d’aliens. Pour nous, il a choisi d’utiliser le cerveau. Il aime lorsque la forme perd de sa signification initiale et devient abstraite", détaille Renaud Defrancesco.
Le cuir argenté de la lanière, choisi par J.Hopenstand spécialement pour John M Armleder, correspond à l’univers pop de l'artiste: "Le challenge était d’intégrer cette couleur argentée au cuir, qui est aussi le mur porteur de l’œuvre."
Toutes les pièces sont unisexes. "Nous donnons carte blanche aux artistes et au public. Ce sont eux qui interprètent les pièces comme ils le souhaitent", explique Renaud Defrancesco. Un public qui a les moyens: chaque ceinture, en édition limitée de vingt pièces et signée par l’artiste, coûte 2500 francs.
Propos recueillis par Florence Grivel
Adaptation web: ms