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"Animalités" met en lumière nos liens ambigus avec les bêtes

L'expo photo "Animalités" à Genève met en scène la relation de l'homme et des animaux
L'expo photo "Animalités" à Genève met en scène la relation de l'homme et des animaux / 19h30 / 2 min. / le 5 octobre 2021
Dans le cadre de No’Photo, la biennale de la photographie à Genève, des photographes de tous horizons exposent dans le bâtiment Arcoop, et nous invitent à une réflexion sur nos rapports parfois ambivalents avec les animaux.

Ils sont familiers, irritants, rassurants ou inquiétants. Les animaux font partie de notre vie, de notre imaginaire, et nous entretenons des liens forts mais ambigus avec eux. Des liens mis en lumière par l'exposition "Animalités", qui se tient dans le bâtiment Arcoop à Carouge, dans le cadre de la biennale de la photographie No'Photo.

Les animaux représentés dans les séries de photographies appartiennent à toutes sortes d’espèces, êtres réels, fantasmés, métaphoriques voire même artificiels. L’être humain les protège, les chasse, les pêche, les élève, les dresse ou souvent les ignore.

Dans une des séries, l'artiste Erik Kessels, qui vit et travaille à Amsterdam, a collecté des images anciennes. Sur ces clichés, les clients d'un restaurant jouent avec un porcelet. "On a à la fois la tendresse du regard sur l’animal – on s’occupe de lui comme on s’occupe d’un enfant –, et en même temps il y a une espèce de violence, car l’animal n’est pas à sa place. C'est le jouet vivant, l’animal de compagnie", décrypte Juliet Fall, professeure de géographie à l'Université de Genève, interrogée par la RTS.

Des animaux, faire-valoir de l'"exotisme"

Plus loin, la photographe new-yorkaise Kirsten Luce expose sa série "The Darkside of Wildlife Tourism" ("Le côté obscur du tourisme animalier"). Ou quand l'animal devient le faire-valoir des photos de voyages "exotiques". "Il n'y a aucune rencontre entre l’animal et le touriste. Certaines de ces photos montrent presque du dégoût en fait: c’est toute l’ambiguïté de ce rapport à cette espèce d’altérité animale", analyse Juliet Fall.

The Dark Side of Wildlife Turism (2017-2018), dans l'exposition "Animalités" [Kirtsen Luce]

L'exposition s'achève sur une saisissante galerie de portraits: des clichés de singes, en gros plan. C'est l'œuvre de James Mollison, photographe britannique installé à Venise. Juliet Fall commente: "On a l’impression d’avoir quelque chose de très régulier qui reprend le même visage, mais si on regarde en détail, ce sont vraiment des individus différents qui émergent. Il y a une espèce de sagesse qui ressort de ces visages, ce sont des individus qui ont une vie, qui ont une biographie, qui ont un parcours."

Il y a des images qui peuvent être dures, qui peuvent être tristes, qui peuvent vraiment nous questionner, nous faire réfléchir à l’implication de nos actions.

Jörg Brockmann, commissaire de l'exposition "Animalités"

L'objectif d'"Animalités" est de bousculer les visiteurs et visiteuses. Le photographe et commissaire de l'exposition Jörg Brockmann précise: "Il y a des images qui peuvent être dures, qui peuvent être tristes, qui peuvent vraiment nous questionner, nous faire réfléchir à l’implication de nos actions. L'idée est d'éveiller une espèce de conscience et d’intérêt aussi par rapport à qui nous sommes et à comment nous nous comportons au quotidien."

Sujet TV: Mathieu Lombard

Adaptation web: Pauline Rappaz

No'Photo, la biennale de la photographie à Genève, jusqu'au 10 octobre.

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