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"Amour fantôme", de si nécessaires dessins en ces temps de pandémie

Dessin au crayon noir et à l’encre UV de la série "Amour fantôme" de Mathilde Domecq.
La chronique culturelle - "Amour fantôme" de la bédéaste française Mathilde Domecq / La chronique culturelle / 2 min. / le 29 janvier 2021
Depuis 2018, la bédéaste française Mathilde Domecq publie sur son compte Instagram des dessins qui font revivre, grâce à l'utilisation de l'encre invisible, des êtres chers qui ont disparu.

On la connaît pour la bande dessinée "Basile&Melba" lorsqu'elle avait intégré la bande à Tchô!, le magazine créé par Zep et Jean-Claude Camano. En 2014, Mathilde Domecq rejoint L'Atelier Mastodonte dans le journal de Spirou. Depuis 2018, elle publie également la série de dessins "Amour fantôme", qui raconte le quotidien d'un homme veuf.

Lumière noire

Les traits sont simples, mais la magie est là. L'artiste utilise des crayons à encre invisible pour un second personnage qui est celui, on le devine, de son épouse disparue. Une lampe à lumière noire permet de révéler dans l’image la présence rassurante de sa femme. 

Une image d'"Amour fantôme", le projet de la bédéaste Mathilde Domecq. [DR - Mathilde Domecq]
Une image d'"Amour fantôme", le projet de la bédéaste Mathilde Domecq. [DR - Mathilde Domecq]

Un dessin, deux histoires. On le voit dans sa cuisine, en train de jouer aux dames, dans son jardin ou en balade sur la plage à dessiner un coeur dans le sable. Dès que l'on passe la lumière UV, on voit apparaître sa femme, toujours là. Un amour fantôme qui ne le quitte jamais dans son quotidien.

Les fantômes des autres

En 2020, la dessinatrice demande à ses abonnés sur Instagram de raconter l'histoire de leurs fantômes à eux. Elle réalise des dessins basés sur des histoires vraies, comme celle d'une internaute qui raconte: "Une fois j'ai accompagné mon papi. C'était un des plus doux matins que je garde en souvenir: lui lisant le journal et moi buvant du chocolat chaud". Portée par les récits des internautes, Mathilde Domecq dessine les amours fantômes des autres.

Des dessins-caresse

La série est bouleversante de tendresse, de poésie, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Et comme le dit une internaute: "Non mais je te jure, je montre ton boulot à plein de gens, je finis à chaque fois planquée derrière mes cheveux pour cacher mes yeux rouges".

Il se peut que l'on pleure en regardant les traits noirs de ses dessins, mais il est infiniment tendre de pouvoir prolonger la présence bienveillante de celles et ceux qui sont partis, parfois sans avoir pu être accompagnés en cette période de pandémie.

Miruna Coca-Cozma

"Amour fantôme" de Mathilde Domecq sur Instagram . Planches en vente sur le site lesdessinateurs.com (fournies avec une lampe à lumière noire).

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