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Avec son marteau, Simon Berger sculpte des visages en verre brisé

L'artiste contemporain suisse Simon Berger devant son oeuvre "Les portraits brisés" à Genève. [Keystone - Martial Trezzini]
Un art "à la masse" / Vertigo / 5 min. / le 25 mai 2020
Lʹartiste bernois Simon Berger expose en plein air au coeur de Genève ses portraits en verre brisé. Réalisées au marteau, ces œuvres représentent des visages féminins et sont stupéfiants de réalisme.

Depuis la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier, de grandes plaques de verre cassé représentant des visages de femmes sont exposées à Genève. Cette forme de street art qui aimante le regard est l'oeuvre de l'artiste bernois Simon Berger. Ses créations en verre font écho aux propos de l'organisation "Reporters sans frontières" selon laquelle 27 journalistes femmes sont détenues à travers le monde. Simon Berger a rendu à sa manière un hommage à ces femmes.

A l’origine, Simon Berger est menuisier. Il aime la matière et adore détourner les matériaux. Il y a quelques années à Montreux, il avait réalisé un portrait de Freddie Mercury avec de l’étoffe de jeans et de t-shirts.

De la tôle froissée

Il est aussi à l'origine de portraits réalisés avec de la tôle de carrosserie qu’il froisse pour obtenir des visages hyperréalistes. C’est là, à force de côtoyer des carcasses de voitures et des pare-brises brisés, que lui vient l'idée de travailler sur le verre. Il invente donc une technique de dessin sur verre au marteau et parvient à des résultats bluffants.

Sur certaines vidéos à découvrir sur internet, on le voit accroupi sur ces grandes plaques de verre. D’une main il regarde une photographie de son modèle et de l’autre, il martèle le verre. Plus les coups sont rapprochés et courts, plus les ombres et les contrastes s'intensifient. Plus le coup est large, plus cela crée des faisceaux translucides. On réalise alors que le marteau n’a rien de destructeur. Il agit plutôt comme un amplificateur d’effets.

Influence du pop art

Côté influences, l’artiste se revendique de la famille du pop art et des nouveaux réalistes, ces artistes dont le credo était d’utiliser des rebuts, des matériaux n’ayant a priori rien à voir avec l’univers de l’art pour exprimer le monde de la consommation.

L'artiste alémanique est aussi engagé dans sa pratique, pas idéologiquement: "C'est vrai, je n'ai aucune envie de changer le monde", explique-t-il à la RTS. "Je fais ce qui me fascine. Cette technique, créer des belles choses par la destruction, n'existait pas auparavant. L'illusion d'optique, la transparence, c'est mon sujet".

Florence Grivel/mh

Les œuvres en verre brisé de Simon Berger sont à découvrir en ce moment à Genève, place Bel-Air et sur les quais. Il expose également certaines de ses oeuvres à la Galerie iDroom du 28 mai jusqu’au 11 juillet, à Genève également.

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