Le Musée de l'Elysée dévoile le génie créateur du photographe René Burri

Né en 1933 et décédé en 2014 à Zurich, René Burri a été tout au long de sa vie aux avant-postes de l'histoire mondiale. Mais au Musée de l'Elysée, les visiteurs qui s'attendent à admirer ses photos les plus célèbres encadrées en grand tirage et isolées sur des murs blancs resteront sur leur faim. Le regard du visiteur explose sur de véritables nuages d'images, en différents formats. On y trouve aussi des séries de contacts, des revues, des collages, des vidéos, le tout sans véritable explication.

"Nous souhaitions que les visiteurs entrent dans cette exposition comme les conservateurs sont entrés dans le fonds légué par René Burri", explique Mélanie Bétrisey, co-commissaire de l'exposition, qui travaille sur ces archives depuis sept ans. "Il faut savoir que René Burri gardait absolument tout. Outre des milliers de tirages, il a légué des films, une collection de boîtes d'allumettes, des tortues, du papier à lettres récupéré dans les hôtels où il séjournait, ses guides de voyages, ainsi que de nombreux dessins et maquettes". 20'000 documents, 10'000 tirages, 177'000 diapositives et des kilos de documentation diverses ont déjà été inventoriés et examinés.

>> A voir, l'interview de Mélanie Bétrisey, co-commissaire de l'exposition "L'explosion du regard" dans le "12h45" :

L'homme derrière les images

Au milieu de l'amoncellement de l'exposition du Musée de l'Elysée, on découvre le portrait renommé de Giacometti sculptant les yeux fermés ou la célèbre photo des quatre silhouettes sur le toit d'un building de Sao Paulo.

L'original du fameux portrait du Che au cigare, qui a fait le tour du monde, ne figure pas dans l'exposition même s'il n'est pas non plus complètement absent. Les commissaires de l'exposition ont souhaité plutôt mettre l'accent sur la manière dont cette fameuse image a été publiée et donnent à voir également tout le reportage qui a abouti à cette fameuse photographie.

Pourquoi ne pas mettre en valeur les images iconiques du photographe? Parce que le Musée de l'Elysée avait déjà exposé une rétrospective de René Burri. Cette fois, après avoir travaillé sur les archives du photographe, il veut montrer l'homme derrière les images.

Par exemple au travers de planches contact, qui montrent chaque prise de vue jusqu'à atteindre la bonne, de ses passeports remplis de visas, de cette lettre de l'agence Magnum qui lui reproche de ne pas assez produire et d'une autre de Paris Match, dans laquelle on le critique d'avoir manqué le bouclage du magazine. "René Burri a fait un reportage exceptionnel sur une panne d'électricité à New York", explique Marc Donnadieu, co-commissaire. "Dans le noir complet, il obtient des photos extraordinaires. Hélas, New York refuse de payer le prix pour le courrier rapide et Burri rate le bouclage de Paris Match. Cet aspect de la vie du photographe de l'intérieur nous paraissait également très intéressant à montrer".

L'exposition dévoile aussi pour la première fois ses aquarelles, qui rappellent que René Burri s'est d'abord passionné pour le dessin et a suivi des études à l'école d'art appliqué de Zurich. Nombre de ses photos sont d'ailleurs très graphiques. Percutant, sensible et touchant, tel était le regard de René Burri.

Propos recueillis par Sylvie Lambelet (radio), Julie Evard et Julie Conti (TV)

Adaptation web: mh avec ats

Le Musée de l'Elysée, Lausanne, est temporairement fermé pour cause de coronavirus.