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"Ces sculptures permettent une rencontre avec soi-même"

Peter Travaglini et sa "poignée" en aluminium, 1972. L’artiste s’est éteint en 2015 à Büren an der Aare. [Wikipedia - Peter Zurschmiede]
Peter Travaglini et sa "poignée" en aluminium, 1972. L’artiste s’est éteint en 2015 à Büren an der Aare. - [Wikipedia - Peter Zurschmiede]
L'ART DANS L'ESPACE PUBLIC - Dans les années 60-70, Peter Travaglini a installé nombre de ses œuvres dans l’espace public suisse, notamment dans le canton de Soleure. Retour sur le travail du sculpteur disparu en 2015.

Peter Travaglini nourrissait de grands rêves. De très grands rêves. Au début des années 1970, l’artiste suisse avait imaginé d’installer à New York une sculpture en forme d’immense fermeture éclair qui remonterait les rues de Manhattan. Cette vision ne se concrétisa malheureusement pas. De la fermeture éclair géante, il n’existe qu’une version miniature en aluminium.

Mais si Travaglini n’a pas pu conquérir New York, il s’est en revanche implanté dans de nombreux endroits en Suisse. Dans de grandes villes comme dans de petites communes – comme Granges.

Le parc qui s’étend derrière le musée des beaux-arts de cette localité abrite un groupe de personnages fabriqués d’un seul bloc, les fameux "Etui-Menschen". Ces silhouettes représentent l’homme "de façon schématique, sans traits individuels", analyse Claudine Metzger, directrice du musée des beaux-arts de Granges.

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Une rencontre avec sa propre humanité

Les "Etui-Menschen" symbolisent l’être humain dans son absolu. Et pourtant, ils renvoient à une forme d’individualité, estime Flavia Travaglini, fille cadette de l’artiste. Par leur absence même de traits propres, ils permettraient à chacun de se confronter à soi. Peter Travaglini vivait à Büren an der Aare. Aujourd’hui encore, on peut voir l’atelier qu’il s’était construit se dresser tout au bord de l’Aar.

Le reportage sur les sculptures de Piero Travaglini à Granges (SO)

Père de sept enfants, il attachait une grande importance à la famille, aux amis et aux gens en général.

Son travail en témoigne. Il installait volontiers ses œuvres dans des espaces ou des bâtiments publics – écoles, homes, églises... À Granges, l’école Halden accueille une sculpture ressemblant à une gigantesque chaîne. Pour Travaglini, le vivre-ensemble évoquait en effet l’entrelac des maillons d’une chaîne.

Maître des fontaines

Fontaine à roue hydraulique à Perles (BE) de Peter Travaglini. [petertravaglini.ch - Heini Stucki]

Mais le sculpteur aimait particulièrement imaginer des fontaines, comme se le remémore sa fille Flavia: "Les fontaines sont des lieux de rencontre. Il était heureux que les gens se retrouvent autour de celles qu’il concevait, qu’ils y discutent, s’y désaltèrent."

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L’humanité du travail de Travaglini a assuré sa popularité, en particulier au cours des années 70, durant lesquelles de nombreux artistes produisaient des œuvres très abstraites et souvent très conceptuelles.

Alice Henkes (SRF Kultur)/mcc

Traduction: Service linguistique SSR

Cet article a été publié sur SRF Kultur (en allemand).

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