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La Fondation de l'Hermitage célèbre le mystère des ombres

Joaquín Sorolla y Bastida, "L’ombre de la barque", 1903, un tableau à découvrir à la Fondation de l'Hermitage dans le cadre de l'exposition "Ombres". [Museo Sorolla, Madrid]
Arts visuels: sans l'ombre d'un doute / Vertigo / 6 min. / le 27 juin 2019
La Fondation de l'Hermitage, à Lausanne, propose dès aujourd'hui une exposition thématique dédiée aux ombres dans l'art, intitulée "Ombres de la Renaissance à nos jours". 140 oeuvres sont à découvrir, en peinture mais aussi en vidéo.

L'histoire de l'homme s'accompagne de l'histoire de son ombre, son double. La peinture elle aussi s'envisage avec ses ombres portées, menaçantes, impressionnistes ou expressives. A la Fondation de l'Hermitage à Lausanne, l'exposition "Ombres" propose plus d'une centaine d'oeuvres de la Renaissance à nos jours. Les formes artistiques sont très variées, passant de la peinture à l'installation, la sculpture, l'estampe, le dessin, le découpage, la photographie ou encore la vidéo.

Les trois commissaires de cette exposition, Sylvie Wuhrmann, Aurélie Couvreur et Victor Stoichita s'en sont donné à coeur joie dans la présentation de ce thème avec des oeuvres exceptionnelles. Mystères des ombres dans les autoportraits, scènes singulières où le clair-obscur accentue le jeu des ombres portées, théâtres d'ombres, silhouettes, paysage aux ombres dramatiques, ombre symbolique ou surréaliste et même ombres pop art.

L'ombre, ce double si présent

Tout comme notre reflet, l'ombre fait partie notre vie sur terre puisqu'elle est une projection de nous-mêmes. Mais il ne faut pas les confondre, précise Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation. "Le reflet est un thème artistique fondamental. Mais aujourd'hui, il fait partie intégrante de notre quotidien. On se voit dans des miroirs à longueur de journée, on se photographie, nos images ricochent sur les réseaux. C'est un phénomène très récent. Il y a encore peu de temps, on n'avait pas la possibilité de voir son reflet. Il n'existait quasiment pas de miroirs, les vitres n'étaient pas parfaitement lisses. On ne pouvait guère voir son image, trouble, qu'à la surface d'une fontaine. On n'avait pas une idée de soi aussi forte et présente qu'aujourd'hui. Tandis que l'ombre était toujours là. En ce sens, l'ombre constitue un double plus fondamental que le reflet", explique-t-elle au micro de la RTS.

L'ombre peut être apparentée au néant. La plupart du temps, l'ombre est noire ou forme une tache sombre. Au moment de l'impressionnisme, les artistes questionnent la lumière et ses effets et s'occupent à colorer la lumière. Monet peint le parlement de Londres en 1905 avec un ciel tourmenté, une myriades de reflets d'or et la silhouette omniprésente du parlement.

"Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise", 1905. Huile de Claude Monet. [Musée Marmottan Monet, Paris, France / Bridgeman Images/]
"Londres, le Parlement, reflets sur la Tamise", 1905. Huile de Claude Monet. [Musée Marmottan Monet, Paris, France / Bridgeman Images/]

Théâtre d'ombres

A chaque courant artistique son exploration de l'ombre. Dans le grenier de la Fondation de l'Hermitage nous attend un théâtre d'ombres poétique, mystérieux et malicieux signé par le grand Christian Boltanski. "La non-concrétisation des oeuvres m'intéresse", explique l'artiste. "Aujourd'hui, je détruis 80 à 90% de mes oeuvres quitte à les refaire. Il y a deux sortes de transmission, par l'objet et par la connaissance. Je m'intéresse plus à la transmission par la connaissance".

Florence Grivel/mh

"Ombres de la Renaissance à nos jours", Musée de l'Hermitage, Lausanne, jusqu’au 27 octobre.

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