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Polémique autour de l'exposition "Contemporary Muslim Fashions"

La mode islamique fait polémique [RTS - Wesaam Al-Badry]
Si la photo est bonne - La mode islamique fait polémique / Si la photo est bonne / 2 min. / le 5 avril 2019
L'exposition ouvre ses portes aujourd'hui à Francfort. Mais elle a déjà fait couler beaucoup d'encre en Allemagne depuis la campagne d'affichage du Musée des Arts.

La campagne de promotion de l'exposition "Contemporary Muslim Fashions" du Musée des Arts de Francfort ne laisse pas indifférent. On y voit des femmes en niqab portant les logos des grands noms de la mode. Une série photographique intitulée "Al-Kouture", réalisée par l'Américano-Syrien Wesaam Al-Badry, qui fait grincer des dents les médias et la population.

L'exposition se tient à Francfort jusqu'au 15 septembre. Avant cela, elle est passée par San Francisco, en plein "Muslim ban", le décret anti-immigration de Donald Trump. Les images avaient alors provoqué une vague de solidarité dans la population.

Une réflexion sur la liberté

A Francfort, loin de provoquer la solidarité, la campagne de communication de l'exposition passe mal. Les portraits de femmes entièrement voilées dont seuls les yeux échappent à la dissimulation par l'étoffe colorée signée des plus grands couturiers évoquent un symbole de la puissance du luxe, mais aussi des dogmes religieux.

Ce projet est une réponse à Dolce Gabanna qui a vendu pour 600 dollars des hijabs qui coûtent 20 dollars à la fabrication. Je me suis dit! Hé! Je veux faire ça aussi! C'était une blague, mais c'est devenu une réalité, car quand vous commencez à faire des recherches, vous réalisez que l'industrie de la mode manipule les gens!

Wesaam Al-Badry, photographe

Le photographe a commencé ce projet appelé "Art Couture" et a acheté des foulards Hermès, Chanel, Fendi comportant des logos imprimés. Il les a ensuite assemblés pour créer ses propres modèles, jouant avec des principes de liberté, de justice et de droits. Avec ce projet, Wesaam Al-Badry souhaitait s'interroger sur la question de qui est libre et qui ne l'est pas.

Une démarche qui ne fait pas l'unanimité

Des photos qui mettent sur le même pied l'aliénation des femmes occidentales par l'industrie textile et la pression sociale autour du voile dans certains pays.

La démarche ne plaît pas aux conservateurs allemands qui assimilent les images à la promotion à tout prix d'une société multiculturelle. Elles ne plaisent pas non plus à certaines féministes qui voient dans ces foulards de soie retouchés par l'artiste, une sublimation du voile, symbole à leurs yeux de l'oppression des femmes par la religion musulmane.

Sophie Iselin/ld

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