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L'Engadine, nouvel épicentre mondial de l'art contemporain ?

Le nouveau Muzeum Susch qui a ouvert en janvier dans le petit village de l’Engadine. [DR]
Ici la Suisse - L'Engadine (GR) veut se positionner comme nouvel épicentre mondial de l'art contemporain / Ici la Suisse / 6 min. / le 20 février 2019
L'Engadine (GR), et en particulier la région autour de la station de Saint-Moritz, veut se positionner comme lieu incontournable de l'art contemporain. Reportage.

L'Engadine souhaite devenir une référence de l'art contemporain, c'est en tout cas l'ambition du nouveau maire de Saint-Moritz, Christian Jenny. Ce Zurichois, ex-chanteur, très connu en Suisse alémanique, a créé la surprise en se faisant élire à la mairie de la station grisonne à l'automne dernier. Il entend aujourd'hui favoriser l'émergence d'une offre culturelle au rayonnement international.

C'est une dynamique que l'on retrouve aussi dans d'autres communes de cette région de l'Engadine, mais beaucoup plus confidentielles. Le village de Susch compte environ 200 habitants. C'est ici qu'une femme d'affaires et collectionneuse passionnée, venue de Pologne, Grażyna Kulczyk, a créé récemment le Muzeum Susch, un ambitieux musée d'art contemporain qui vient d'ouvrir ses portes le 2 janvier dernier.

Rencontre entre deux mondes

L'endroit permet la rencontre entre la crème de la crème de l'art contemporain international et la quiétude d'un petit village d'Engadine. Le bâtiment du musée, un ancien monastère, restauré, à flanc de coteau, se veut  inspirant et méditatif.

L'exposition inaugurale, qui s'intitule "A woman looking at men looking at women", a été conçue par Kasia Redzisz, commissaire à la Tate Liverpool. Le titre vient d’un essai de Siri Hustvedt, une écrivaine américaine qui a beaucoup écrit sur la place des femmes dans la société.

"J’aimerais offrir aux visiteurs des expositions très intéressantes mais aussi quelque chose d’un peu provocateur. J’ai le sentiment que la Suisse a besoin que des voix se fassent davantage entendre sur la question de la situation des femmes, des femmes dans l’art", explique Grażyna Kulczyk à la RTS.

Pour moi, ce que j’ai fait, ici, dans cette vallée de l’Engadine, c’est vraiment quelque chose de spectaculaire, parce que beaucoup d’habitants des environs viennent aussi au musée. Ils s’intéressent beaucoup aux œuvres et sont très fiers de cette institution culturelle.

Grażyna Kulczyk, directrice du Muzeum Susch

Pour la philanthrope d'origine polonaise ce qui est important c'est d’apporter une vie nouvelle, de nouvelles activités dans des endroits qui sont complètement en dehors des centres urbains, de créer de nouvelles dynamiques artistiques dans la région. Un programme qu'elle partage avec le (très) médiatique nouveau maire de Saint-Moritz, Christian Jenny.

Casser les clichés

Dans une vie antérieure, il était ténor Christian Jenny. Il s'est fait élire à la tête de la commune grisonne à l'automne dernier avec le slogan "Saint-Moritz peut mieux faire".

Son idée? Casser les clichés de luxe un peu désuets associés à la station, notamment grâce à l'art. Car le potentiel est énorme, selon le maire. "Il y a plus de 50 galeries d’art rien qu’en Engadine. Et là, on est en train de mettre sur pied un festival de photo en été, nous voulons aussi ancrer davantage le thème de la culture au sein de la municipalité, avec une personne dédiée et puis - et ça c’est aussi un joli projet - nous réfléchissons à la création ici d’un petit festival de cinéma", dit-il à la RTS.

La région accueille de plus en plus d'évènements culturels comme le Festival d’art "Nomad " ou encore les conférences Art Talks à Zuoz.

Il y a tellement d’éléments qui se mettent en place, que je pense que dans une dizaine d’années au plus tard, la Haute-Engadine, et sans doute même toute l’Engadine, va devenir une référence mondiale pour l’art. Ce sera un lieu où il faudra être.

Christian Jenny, maire de Saint-Moritz

L'Engadine qui fait le buzz

Cette effervescence dans la région a suscité beaucoup d'intérêt de la part des médias étrangers. Le Monde a envoyé une journaliste au musée de Susch. Le NY Times a publié un article sur Saint-Moritz. En décembre dernier, c'est la très importante galerie Hauser & Wirth qui ouvrait dans la station grisonne. Et le patron du très branché magazine Monocle, lui aussi, veut y ouvrir un lieu.

Pour la région, c'est l'occasion de renouer avec son passé artistique, à l'époque de Nietzsche, Giacometti et bien d'autres.

Et puis, au-delà du seul capital symbolique, pour une station comme Saint-Moritz, miser sur l'art, cela permet également d'attirer des visiteurs en dehors des saisons touristiques.

Séverine Ambrus/mcc

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