Longtemps considéré comme le plus archaïque, le plus animal et le moins noble de tous les sens, l'olfaction manque de vocabulaire et doit, le plus souvent, emprunter au lexique des autres sens.
Il faut attendre le XVIIIe siècle et le sentiment de nature de Jean-Jacques Rousseau pour le revaloriser.
L'odorat est le sens de l'imagination.
Un siècle plus tard, Marcel Proust en fait l'éblouissante démonstration avec l'épisode de la madeleine, où le héros de "la recherche" enclenche le processus des réminiscences avec ce petit gâteau trempé dans le thé.
Marcel Proust assis sur son sofa-madeleine. [Alessandro Lonati - Leemage/AFP]Depuis, les scientifiques ont prouvé que non seulement l'odorat était le premier sens perceptible par le foetus - et donc un déclic pour que le cerveau se développe - mais aussi que les souvenirs évoqués par l'odorat sont plus anciens que ceux suscités par un nom, un mot.
En d'autres termes, il y a moins d'informations perdues dans la mémoire olfactive que dans toutes autres.
"Qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le coeur des hommes", écrit Patrick Süskind dans "Le Parfum", ce best-seller qui raconte comment un assassin doté d'un nez exceptionnel réussit à se faire passer pour un dieu grâce à la création de son parfum parfait. Paradoxe: cette fragrance, fruit de tous ses crimes, inspire l'amour universel.