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"Mon père n'était plus là, mais Pierre Desproges existait encore"

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Extrait 1: "Pierre Desproges, une plume dans le culte" / Info en vidéos / 37 sec. / le 9 avril 2018
Connu pour son humour noir, son sens de l'absurde et son anticonformisme, Pierre Desproges est mort le 18 avril 1988. Sa fille, Perrine, qui a co-écrit un documentaire à son sujet, revient pour la RTS sur son héritage, singulier.

Les trente ans de sa mort? Non, les trente ans de la fin de son cancer. A n'en pas douter, Perrine Desproges a été à bonne école en matière d'humour. Agée de 10 ans au moment du décès de son père, elle garde aujourd'hui "la tradition familiale". Mais les commémorations, Pierre Desproges détestait ça. Alors que faire?

"Ne pas le statufier, essayer de prendre le contre-pied, montrer que ce n'était pas un mec toujours agréable, que ce n'était pas un dieu vivant et qu'il ne l'est pas non plus mort", répond sa fille cadette, la quarantaine et un héritage face auquel on la sent un peu partagée.

Inspiré du livre paru à l'automne, qu'elle a co-écrit, le documentaire "Pierre Desproges, la plume dans le culte", diffusé lundi par la RTS*, dresse le portrait de celui qui se présentait comme un "écriveur" plus qu'un humoriste.

Pierre Desproges, une plume dans le culte

Au-delà des archives et des témoignages, nombreux, ce qui frappe le plus dans le film de Christophe Duchiron, c'est le texte. Simple et efficace. Ciselé. Et travaillé.

Il y a Desproges et il y a papa

Perrine Desproges

"Desproges disait: la seule chose que je respecte c'est la langue française. C'est ce talent que je voulais mettre en avant", raconte Perrine. "A la maison, mon père était très à cheval sur la grammaire et l'orthographe. Les maths, il s'en foutait".

Le poids de la célébrité

Née alors que Pierre Desproges était déjà connu, après le succès du "Petit rapporteur", l'émission de Jacques Martin et Bernard Lion diffusée sur TF1 en 1975-1976, Perrine a grandi avec cette célébrité que ses parents n'aimaient pas. "Mon père détestait se faire arrêter dans la rue", indique-t-elle.

"Ma soeur et moi, on savait que chez nous c'était pas comme tout le monde. Nos parents travaillaient à la maison", raconte-t-elle. Et puis, il y a eu la mort. "Mon père n'était plus là, mais le personnage public existait encore", se souvient-elle.

D'abord, c'est sa mère, Hélène, qui s'occupera de l'oeuvre et de transmettre à ses filles le souvenir de leur père tel qu'il était dans l'intimité, pas en public. A 19 ans, Perrine quitte la France. "En Angleterre, personne ne savait prononcer mon nom, c'était parfait", commente non sans ironie celle qui avait fait l'objet d'un sketch paternel après avoir écrit une "polésie" pour la fête des mères.

>> Extrait sur l'histoire de la "polésie" :

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Extrait 2: "Pierre Desproges, une plume dans le culte" / Info en vidéos / 1 min. / le 9 avril 2018

Un "besoin viscéral"

Orpheline de ses deux parents à 34 ans, Perrine Desproges rentre au pays et plonge dans les archives "précieuses", "si intimes". "J'ai eu un besoin viscéral de remettre le nez là-dedans".

Dans ses lettres, il y a le plaisir de la langue et toujours une pirouette quelque part parce que c'était sa nature

Perrine Desproges

Il faudra néanmoins "les bonnes personnes", le regard extérieur de Cécile Thomas, pour qu'elle affronte ce père parti trop tôt, parle de cet humour singulier, des années où il s'est pas mal cherché, des controverses qu'il a suscitées et de ses sketches devenus cultes, comme lorsqu'il se moque de Jean-Marie Le Pen au "Tribunal des flagrants délires":

Une boîte de Pandore que Perrine Desproges n'a pas fini d'explorer et qui pourrait bien déboucher sur d'autres projets. Une expo, peut-être. Mais qu'en penserait-il? "Oh! Il peut venir s'expliquer s'il veut".

Juliette Galeazzi

* "Pierre Desproges, une plume dans le culte" diffusé lundi 9 avril à 20h40 sur RTS Deux (à revoir 30 jours en ligne)

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