Montréal, la révolution tranquille

Grand Format

MBAM, collection Liliane et David M. Stewart, don d'Eddie Squires - Photo MBAM

Introduction

En marge du 375e anniversaire de la cité québécoise, le Musée des beaux-arts reprend et adapte une exposition anglaise sur les révolutions culturelles des années 1960.

Culture et contre-culture

L’exposition "You Say You Want A Revolution" a été créée l’année dernière au Victoria and Albert Museum de Londres. Elle suit pas à pas les révolutions culturelles mondiales entre 1966 et 1970, du Swingin’ London au psychédélisme californien.

Elle traite à travers la musique, les arts mais aussi la technologie, la naissance de la jeunesse contestatrice, la contre-culture, les mouvements pacifistes et finalement le bouleversement sociétal qui a résulté de cette éruption occidentale.

Des costumes originaux de John Lennon aux écrans géants où Jimi Hendrix brûle sa guitare, des images de matraques aux poings fermés des Black Panthers, "Révolution" est une plongée dans un temps dont on n’a pas fini de récolter les fruits acides.

Habit Sgt. Pepper de John Lennon, 1967. [Reproduit avec la permission de Yoko Ono Lennon - © Victoria and Albert Museum]

Le tremblement québécois

La grande force de l’exposition montréalaise est d’avoir adapté le contenu londonien au contexte québécois. En quelques mois, la conservatrice du Musée des Beaux-Arts Diane Charbonneau a recueilli des œuvres, des témoignages et des anecdotes qui relatent la "Révolution tranquille" du Québec entre 1960 et 1970.

Dans cette période, nous étions au diapason du monde, mais nous étions habités par nos propres questionnements identitaires. Nous étions écrasés entre deux pouvoirs: le pouvoir anglophone et le pouvoir religieux.

Diane Charbonneau, conservatrice du Musée des beaux-arts de Montréal

Avec des œuvres d’artistes québécois, des pièces conceptuelles, des sérigraphies mais aussi des extraits musicaux, Diane Charbonneau raconte la particularité d’une province qui s’inventait elle aussi une dissidence.

>> A voir l'interview de Diane Charbonneau, conservatrice de l'expo :

Vue de l’exposition Révolution au Musée des beaux-arts de Montréal (17 juin au 9 octobre 2017). [Photos MBAM - Denis Farley]
RTSculture - Publié le 17 août 2017

Plusieurs décennies plus tard, la jeunesse montréalaise n’est plus forcément aussi nationaliste et indépendantiste qu’elle l’était alors, mais il demeure à Montréal un esprit d’indépendance dont la Révolution tranquille fut sans doute le ferment.

Vue de l’exposition Révolution au Musée des beaux-arts de Montréal (17 juin au 9 octobre 2017). [Photo MBAM - Denis Farley]Vue de l’exposition Révolution au Musée des beaux-arts de Montréal (17 juin au 9 octobre 2017). [Photo MBAM - Denis Farley]

"Entre les années 1967 et 1970, la Révolution tranquille est devenue plus tumultueuse avec notamment la Crise d’Octobre 1970 et des kidnappings par le Front de Libération du Québec."

Diane Charbonneau, conservatrice du Musée des beaux-arts de Montréal

Charlebois et le jazz libre

Dans l’exposition "Révolution", une des histoires musicales les plus savoureuses de Montréal est abordée. A son retour de la Californie, Robert Charlebois fonde avec Yvon Deschamps, Louise Forestier et Mouffe une espèce de revue musicale au Théâtre de Quat’Sous.

Spectacle séditieux et drolatique, L’Osstidcho (pour "ostie" et "show") intègre la musique iconoclaste du Quatuor de Jazz Libre du Québec. Inspiré par la révolution du jazz noir américain, par les conquêtes du free jazz, le Quatuor est une machine esthétique et politique sur laquelle le spécialiste de la contre-culture québécoise Eric Fillion a beaucoup réfléchi: "Le Quatuor se sentait inspiré par les luttes d’émancipation des Africains-Américains, il s’identifiait à l’oppression subie."

Sur fond de nationalisme de gauche, le jazz libre est né comme un manifeste indépendantiste, une poétique de la lutte francophone. "Ils se sentaient des Nègres blancs d’Amérique, comme le suggérait le livre de Pierre Vallières."

>> A écouter dans Vertigo, l'interview d'Eric Fillion, spécialiste de la contre-culture québécoise :

Builder Levy, Harlem Peace March, 1967. Londres, Victoria and Albert Museum [Victoria and Albert Museum - Builder Levy]Victoria and Albert Museum - Builder Levy
Vertigo - Publié le 17 août 2017

Chronique d'une métamorphose

En mai 1642, une quarantaine de Français débarquent sur les rives de ce qui allait devenir Montréal. 375 années célébrées en grande pompe par la ville, en même temps que le Canada célèbre ses 150 ans dʹexistence.

Loin des pavés de mai 68, mais portés par un courant nationaliste parfois meurtrier, les "Canadiens-français" minorisés, voire ostracisés dans la société canadienne relèvent la tête. En compagnie de Diane Charbonneau, on parcourt lʹexposition "Revolution. You Say You Want a Revolution", consacrée à la révolution culturelle des années 60, en particulier son volet québécois à découvrir jusquʹau 9 octobre 2017 au Musée des beaux-arts de Montréal.

>> A écouter dans Vertigo :

Harry Willock, illustration pour "Revolution" des Beatles, figurant dans The Beatles Illustrated Lyrics, 1969. [Iconic Images - Harry Willock]Iconic Images - Harry Willock
Vertigo - Publié le 17 août 2017

Crédits

Textes et chroniques radio - Arnaud Robert

Production - Miruna Coca-Cozma

Réalisation web - Nathalie Hof

Crédits photos

  • Sue Palmer (née en 1947), tissu Space Walk, 1969, imprimé par Stead McAlpin & Co., Carlisle (Angleterre), pour Warner & Sons, Baintree (Angleterre). MBAM, collection Liliane et David M. Stewart, don d'Eddie Squires. Photo MBAM

  • Harry Willock, illustration pour "Revolution" des Beatles, figurant dans The Beatles Illustrated Lyrics, 1969. © Harry Willock / Iconic Images

  • Habit Sgt. Pepper de John Lennon, 1967. Image © Victoria and Albert Museum, reproduit avec la permission de Yoko Ono Lennon

  • Vue de l’exposition Révolution au Musée des Beaux-Arts de Montréal (17 juin au 9 octobre 2017). Denis Farley / Photo MBAM