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Marilyn Manson, miroir de nos phobies, est l'empereur blafard

Marilyn Manson, ici en concert au Gampel Festival en 2012. [Keystone - Patrick Staub]
Marilyn Manson, ici en concert au Gampel Festival l'été dernier, se produira au Caribana de Nyon en juin 2015. - [Keystone - Patrick Staub]
Neuvième album déjà pour Marilyn Manson qui livre un "Pale Emperor" très réussi. Avec "The Church", Mr Oizo se mue en prêtre de l'électro, tandis que Belle and Sebastian invente la danse de la paix.

"On tue des inconnus, comme ça on ne tue pas ceux qu'on aime": avec "Killing Strangers", Marilyn Manson montre la couleur dès le premier morceau de son neuvième album "The Pale Emperor".

Alors que les armes à feu tuent chaque année des milliers d'Américains, ces paroles reproduisent, en le déformant quelque peu, le discours des partisans de la militarisation de la société.

Meilleur ennemi des conservateurs américains, Marilyn Manson poursuit ainsi son combat contre l'idéologie de peur qui domine aux Etats-Unis. Grâce à la provocation, il dénonce les phobies et les doutes qui minent le vivre-ensemble.

Le miroir d'une Amérique qui a peur

Les textes de Marilyn Manson n'ont pas changé, toujours aussi sombres. En revanche, bien que toujours immédiatement reconnaissable, la musique s'est modifiée. Elle est devenue moins froide et industrielle, plus mélancolique. Le chant, lui, se fait parfois bluesy.

"The Pale Emperor" marque le retour du groupe dans la cour des grands, après quelques albums moins réussis, boudés par la critique et par les fans.

"L'esclave ne rêve jamais d'être libre, l'esclave ne rêve que d'être roi", dit Marilyn Manson. Le chanteur, lui, est l'empereur de l'ombre, l'empereur blafard, le pire cauchemar de l'Amérique conservatrice.

Le clip de "Deep Six":

Mr Oizo nous emmène à l'église

C'est un extra-terrestre, un touche-à-tout, à la fois musicien et cinéaste, un artiste expérimental ou complètement barré: Quentin Dupieux, alias Mr Oizo, revient avec "The Church".

Comme les précédents, cet opus intègre des sonorités hip-hop dans une électro complexe et exigeante. Les trois premiers titres sont moins déstructurés que par le passé, hormis peut-être le morceau d'ouverture, "Bear Biscuit".

On se surprend ainsi à bouger la tête sur un rythme à peu près identifiable. Le son est brutal, les boucles sont entêtantes, et le résultat paraît taillé sur mesure pour les clubs.

De l'église au night-club

Les choses se gâtent avec "Dry Run" et "Mass Doom". Dans ce premier morceau, on retrouve une musique épineuse, avec une cadence indéchiffrable ponctuée par des "Scream for daddy". Quant à l'autre titre, s'il n'était pas aussi agressif, il pourrait très bien figurer dans un jeu de console des années 1980.

Mais ces deux titres ne sont qu'une parenthèse et le dancefloor reprend ses droits. Le funky "iSoap" efface tous les doutes: Mr Oizo tourne le dos à ses expérimentations les plus radicales.

"The Church", litanie entêtante, clôture l'album. Ce conte effréné mène ses protagonistes de l'église au night-club puis à nouveau à l'église, à la recherche de divertissement. Edifice religieux ou temple musical: pour Mr Oizo, peut-être est-ce une seule et même chose...

Le clip de "Ham":

Belle and Sebastian: la danse de la paix

En près de 20 ans de carrière, Belle and Sebastian n'avait jamais produit de disque aussi dansant que sa dernière livraison. Cette emphase se retrouve jusque dans le titre de l'album, "Girls in Peacetime Want to Dance".

Résultat de cette évolution, "The Party Line", premier single de l'album, et "Everlasting Muse", sympathique rengaine quasi gaëlique. Ca, c'est le bon côté des choses. De l'autre, on trouve le kitchissime "Enter Sylvia Plath", morceau pénible gavé de synthés.

Avec ce neuvième album, le groupe écossais réussit son pari de nous faire danser. Et qu'importe si, en ces temps troublés, la guerre semble parfois plus probable que la paix...

Le clip de "Nobody's Empire":

Didier Kottelat

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