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La série "La Fraternité" offre un "regard neuf" sur l'horreur de l'Ordre du Temple solaire

La fraternité - Les survivants de l’OTS parlent 4-4
"La Fraternité", lʹOTS comme vous ne lʹavez jamais vu / Médialogues / 23 min. / le 8 février 2023
La RTS diffuse mercredi soir les premiers épisodes d'une mini-série documentaire sur le drame de l'Ordre du Temple solaire (OTS), qui a coûté la vie à 74 personnes entre 1994 et 1997. La série raconte la vie de la secte de l'intérieur grâce à des images d'archives et des témoignages inédits.

"Il n'y a rien à apprendre de nouveau. Nous n'avons pas voulu refaire l'enquête sur l'OTS", a reconnu mercredi Eric Lemasson dans l'émission de la RTS Médialogues. Avec Pierre Morath, il signe la mini-série documentaire "La Fraternité", coproduite par la RTS.

Et d'ajouter: "Nous avons voulu montrer comment n'importe lequel d'entre nous peut, aujourd'hui, se retrouver piégé sous couvert d'un idéal qui tourne mal et finit dans les flammes et les balles.... Le tout sous l'égide d'une personne psychopathe, Jo Di Mambro (l'un des deux fondateurs de l'OTS, ndlr), qui a manipulé, alors qu'il avait une tête comme tout le monde."

Des images d'archives inédites

"La Fraternité" a l'ambition de raconter la vie de l'OTS de l'intérieur, "du point de vue des gens qui étaient dans cette 'fraternité' qui a mal tourné et de dresser leur portrait psychologique", indique Eric Lemasson. Pour y parvenir, les deux réalisateurs se sont vu ouvrir les archives de la justice fribourgeoise - qui avait concentré l'enquête réalisée dans les cantons du Valais et de Genève, pour le volet financier. Des images "complètement folles et inédites", confie Pierre Morath.

"Ces autorités avaient le désir - certes avec des garde-fous - de mettre en avant comme un 'patrimoine' ces archives qui n'avaient été consultées que par les enquêteurs", explique Pierre Morath.

Ces autorités avaient le désir de mettre en avant comme un 'patrimoine' ces archives qui n'avaient été consultées que par les enquêteurs

Pierre Morath, coréalisateur de "La Fraternité"

Et Eric Lemasson, journaliste à France 2 au moment des faits, de compléter: "Depuis les débuts, les membres de l'OTS se sont beaucoup filmés et enregistrés. Par nos enquêtes successives à l'époque, on avait eu accès à certaines vidéos. Mais là, on est dans le vie quotidienne, au coeur des cérémonies. Cela nous permet de dérouler l'histoire de l'intérieur comme si nous y étions."

Pour David Rihs, coproducteur de la série, celle-ci offre un "regard neuf" sur l'affaire: "On est plus de vingt-cinq ans après, les langues se délient différemment et la pression médiatique est passée."

>> Consulter également : Il y a 25 ans, le drame de l'OTS choquait la Suisse et le monde

Comprendre la naissance de l'OTS

"Les premiers moments de la contre-enquête - du développement, comme on l'appelle dans le cinéma - ont exposé une histoire qui était à contre-courant de celle racontée majoritairement par les médias dans le temps journalistique", confie Pierre Morath."Dès lors que nous avions accès à des témoins privilégiés et des archives inédites, nous avions tout pour raconter cette histoire à rebours - depuis le début - et non pas depuis la fin - les morts, les massacres."

Le série ne commence donc pas avec les massacres, avec les suicides entre 1994 et 1997 en Suisse, au Canada et en France, mais bien vingt ans plus tôt, en 1975, dans une maison de la campagne genevoise avec la Fraternité de la pyramide.

"C'était un mouvement post-soixante-huitard qui recherchait de nouveaux horizons. Les barrières de la culture chrétienne traditionnelle en Occident éclataient et on recherchait des nouvelles choses dans l'alimentation, dans la spiritualité. Ce n'était rien d'autre que cela au début. C'était assez précurseur, aussi. Très bon enfant et pur", décrit Pierre Morath.

"C'était un syncrétisme"

La Fraternité de la pyramide change de nom. Elle devient la Fondation Golden Way et est très médiatisée. La TSR lui consacre des émissions. Il y a sur le plateau Hubert Reeves ou encore Michel Jonasz.

"J'ai rencontré la fraternité quand j'avais 17-18 ans. C'était quelque chose qui ressemblait à ce qui émergeait à l'époque: la vie saine, l'agriculture biologique, les techniques de soins parallèles. Tout ce qui allait concerner la qualité de vie. J'ai beaucoup appris avec eux", témoigne une adepte de la secte dans le documentaire.

"C'était un syncrétisme - c'est ce qui a convaincu beaucoup de gens. Chacun venait chercher ce qu'il voulait y voir: l'ésotérisme, la culture, le début de l'écologie et même une certaine franc-maçonnerie - l'accès à des connaissances par initiations successives", analyse Eric Lemasson.

Propos recueillis par Antoine Droux et Marion Tinguely/vajo

"La Fraternité" est disponible dès maintenant en intégralité sur la plateforme de streaming Play Suisse ou directement sur cette page.

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Le succès des séries documentaires

"Grégory", Last dance" ou encore "Harry & Meghan", cette dernière avec pas moins de 97,71 millions d'heures de visionnage la première semaine de sa sortie: le format de la série s'invite désormais dans les documentaires.

"Me concernant, on est proche d'une écriture de celle de la fiction, avec les trois piliers: les personnages, la dramaturgie et le message que l'on essaie de faire passer avec le point de vue choisi", explique Pierre Morath, co-réalisateur de la mini-série documentaire "La Fraternité".

Considéré pendant longtemps comme le mal-aimé du cinéma, le documentaire a connu ces dernières années un retour en grâce. Avec ces nouveaux formats, il séduit un public plus large.

"Ce public rajeuni et renouvelé y voit la possibilité de trouver un autre regard par rapport au flux tendu de l'info et au débat sur les fake news. Selon les enquêtes, les jeunes y voient une manière d'enraciner différemment leurs connaissances", souligne David Rihs, coproducteur de "La Fraternité".

>> Voir le sujet du 19h30 :

"La Fraternité", une série documentaire qui revient sur la tragédie de l'Ordre du Temple Solaire
"La Fraternité", une série documentaire qui revient sur la tragédie de l'Ordre du Temple Solaire / 19h30 / 2 min. / le 8 février 2023