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Kevin Germanier, le styliste valaisan qui associe glamour et déchets

L'invité de La Matinale (vidéo) - Kevin Germanier, créateur de mode éthique
L'invité de La Matinale (vidéo) - Kevin Germanier, créateur de mode éthique / La Matinale / 11 min. / le 6 décembre 2021
Il est modeste et travaille en famille. L'originalité de Kevin Germanier? Des tenues colorées et excentriques réalisées à partir de matérieux récupérés. Lady Gaga et Beyoncé sont ses clientes. Mais sur Instagram, ce sont les tricoteuses valaisannes qui oeuvrent pour lui qui ont la cote.

Dans le monde de la mode, il est un peu comme son égérie, Sailor Moon, l'héroïne de manga, une écolière banale et un peu naïve que certains événements transforment en héroïne aux pouvoirs magiques.

A l'antenne de la RTS, Kevin Germanier est lui aussi modeste, honnête dans ses réponses, simple dans sa façon de retracer son parcours, mais le petit Valaisan "formaté pour être un parfait enfant suisse" devient flamboyant quand il vit sa passion, la mode.

Son travail est salué un peu partout dans le monde et ses clientes s'appellent Björk, Rihanna, Lady Gaga, Beyoncé, Kristen Stewart,Taylor Swift mais aussi les superstars de la K-pop comme la chanteuse Sunmi.

Le mariage des paillettes et de l'écologie

Elles aiment ses tenues pétulantes, colorées, scintillantes, sexy mais politiquement correctes, réalisées à partir de matériaux récupérés, tissus achetés en seconde main, fins de coupons invendables, étoffes abîmées, perles, strass, sequins et plumes laissés à l'abandon. Un mélange de glamour et de récupération, de paillettes et d'écologie.

L'actrice américaine Kristen Stewart dans une robe signée Kevin Germanier. [Instagram]
L'actrice américaine Kristen Stewart dans une robe signée Kevin Germanier. [Instagram]

Basé à Paris depuis 2018 où il a fondé la maison Germanier, Kevin avoue qu'il n'a jamais aussi bien vendu qu'en 2021, année du Covid. Son secret? Avancer gentiment mais sûrement, être flexible, écouter la demande et surtout travailler en famille, avec son père, sa mère et sa grand-mère: "S'il m'arrivait d'avoir la grosses tête, ma famille est là pour me remettre les pieds sur terre. C'est très sain", indique-t-il à la RTS.

Instagram like les tricoteuses valaisannes

Son public adhère à cette simplicité, à cette authenticité en totale rupture avec l'univers souvent arrogant de la mode. "Récemment, nous avons posté sur Instagram Lady Gaga portant un de nos vêtements. Cela a fait des like, bien sûr, mais beaucoup moins que notre campagne de pub autour des douze tricoteuses valaisannes, dont ma grand-mère, 82 ans, qui travaille pour Germanier", se réjouit le styliste qui est passé par l'HEAD (Haute Ecole d'Art et de Design) à Genève avant de suivre la fameuse Central Saint Martins à Londres.

C'est là-bas qu'il développe son concept d'upcycling ou surcyclage - l'art de récupérer un matériau pour le transformer en un produit de qualité supérieure.

Je n’ai pas commencé à utiliser des déchets textiles parce que je voulais sauver la planète, mais simplement parce que je n’avais pas d’argent. L'école coûtait cher, alors j'achetais en seconde main des draps à 2 francs que j'aurais payé 10 s'ils avaient été neufs. Je ne veux plus parler de mode éthique, le développement durable n'est pas une tendance, c'est une nécessité.

Kevin Germanier styliste valaisan installé à Paris.

Quand la marque a débuté, il allait chez Caritas, Emmaüs ou sur les marchés pour faire ses emplettes de déchets, puis des maisons comme LVMH, Swarovski ou Louboutin lui ont proposé des restes de collection. Aujourd'hui, il a des fournisseurs partout dans le monde, à Paris, à Shanghai, en Suisse, en Corée du Sud, des gens qui comprennent ce qu'il fait et ont envie d'associer leur nom à celui de la famille valaisanne.

Contrairement aux autres créateurs, Kevin Germanier trouve d'abord la matière première avant d'imaginer le modèle. Ce parcours à l'envers, tracé dans "l'humilité et la vulnérabilité", correspond bien à celui qui rêve de la carrière d'un autre Suisse, Robert Piguet, parti d'Yverdon en 1920 pour s'installer à Paris et devenir une star de la haute couture deux décennies plus tard.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Marie-Claude Martin

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