La fabrique de l’art

Comment travaille-t-on, en tant qu’auteur, autrice, dans une résidence d’écriture? L’éditeur et auteur Guy Chevalley, membre fondateur du collectif littéraire l’AJAR, a passé quatre semaines cet été à la Fondation Michalski. Cet endroit surréaliste situé à Montricher, au pied du Jura, accueille depuis quatre ans des auteurs et autrices qui séjournent dans des cabanes suspendues à une structure de béton ajourée.

J’aime créer des petits signes, des petites choses autour de soi, qui rendent l’écriture plus propice.

Les résidences se font sur dossier, mais il n’y a pas d’obligation de résultat. Guy Chevalley est venu y chercher la clef pour débloquer un projet de roman initié il y a plusieurs années.

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Guy Chevalley

L’artiste suisso-américaine a présenté une œuvre dans le cadre de l’exposition en plein air Ephémère & Durable, au bord de l’Aire à Genève, qui s’est tenue jusqu’à fin septembre. Elle a créé une installation de douze pièces, figures mi-animales, mi-végétales. Elle les a appelées les esprits du lieu, et les a fabriquées avec des matériaux trouvés sur places: végétation, argile.

On a eu un de ces mauvais temps! On doit faire avec: si on travaille dehors, on a toujours trop chaud, trop froid, il y a la pluie.

Ses œuvres et celles des autres artistes sont désormais retournées à l’état de nature. Il ne reste que les images. June Papineau a travaillé à ciel ouvert, et a dû composer avec la météo et les passants.

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June Papineau

Le danseur-chorégraphe était en création cet automne au Pavillon de la danse, à Genève: un bâtiment tout neuf, qui a ouvert ses portes au printemps dernier. Il abrite l’ADC, l’Association pour la danse contemporaine. Ioannis Mandafounis a co-écrit une pièce avec la danseuse Manon Parent intitulée "Scarbo".

Dès qu’on est dans une architecture contemporaine, il y a quelque chose d’assez neutre autour de nous, et on est libre d’aller dans beaucoup de directions.

Manon Parent est seule sur scène, raconte ses états dʹâme en parlant, chantant et, surtout, en dansant. La rencontre s'est faite en toute fin du processus de création, à une semaine de la première lors d’une journée filage (soit la répétition en continu de la pièce) avec l’éclairagiste David Kretonic.

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Pavillon de la danse - Jean Baptiste Bucau

Cette artiste travaille avec la photo et le dessin. Invitée par Embassy of Foreign Artists (EOFA), Julie Chovin a effectué trois mois de résidence à la Maison Baron, une belle maison de maître du 19e siècle, à Carouge (GE). Elle est située sur un territoire en mutation: le PAV (Praille-Acacias-Vernets), un mégaprojet de bureaux, commerces, logements.

Une résidence, c’est une belle opportunité pour se concentrer sur son travail. En tant qu’artistes souvent, on a des boulots à côté, on court.

Pendant cette résidence, Julie Chovin a exploré cette portion de ville en chantier, a beaucoup marché avec son carnet de dessin, a organisé des balades collectives, a rencontré les associations locales, les habitants et les bâtisseurs.

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Julie Chovin

Comment crée-t-on dans la rue, avec les murs comme supports? Rencontre avec la graffeuse Amikal, qui est aussi professeure d’allemand. La maison de quartier de la Concorde, à Genève, lui a demandé de graffer une façade d’un petit immeuble d’habitation de trois étages. Pour cette fresque, elle s’est inspirée d’un haïku – un petit poème japonais.

La destruction de l’œuvre, ça fait partie du graffiti, qui est par essence éphémère. Là, j’ai de la chance, mon œuvre va rester plusieurs années.

Son œuvre est un hommage aux habitants et habitantes, car plusieurs bâtiments vont être détruits dans quelques années. Pour pouvoir peindre toute la façade, elle a dû louer un camion-nacelle.

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Amikal

Rendez-vous à La Becque - résidence dʹartistes située à La Tour-de-Peilz (VD) au bord du Léman - avec lʹartiste et chercheuse argovienne Denise Bertschi. Pendant ces trois mois, elle poursuit son travail au long cours. Elle cartographie le commerce des matières premières, interroge les liens entre la Suisse et les pays d’exploitation de ces matières premières. Un exemple: l’eucalyptus, produit au Brésil, transformé en papier, et revendu via la Suisse.

Comme artiste visuelle, c'est aussi ça qui m’intéresse: comment est-ce qu'on construit ces imaginaires qui sont parfois vraiment faux?

Denise Bertschi fouille dans les archives, recueille des témoignages vidéo ou sonores, fait des films, collecte et produit des images et des textes.

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Denise Bertschi

Rencontre au Tanzhaus de Zurich – la maison de la danse – avec la chorégraphe (et artiste de scène) Eugénie Rebetez et le danseur-performeur Tarek Halaby. Dans ce nouveau bâtiment implanté sur les bords de la Limmat, tout en béton avec de grandes ouvertures triangulaires, ils ont créé cet automne une pièce qui sʹintitule "Ha ha ha" et qui à découvrir dès l'âge de 6 ans.

C’est très précieux de partager le travail qui est encore en processus de création, on l’a tout de suite fait. Tous ces partages nous permettent de sculpter la pièce.

Cʹest la première fois quʹEugénie Rebetez crée une pièce jeune public; la première fois aussi qu’elle nʹest pas sur scène. Dès le début, les deux artistes ont intégré le public dans leur travail créatif.

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Paola Caputo