>> Manie, marotte, obsession, quête, investissement? Qu'est-est ce qui déclenche l'envie de collectionner?
>> Naît-on collectionneur ou le devient-on? Est-ce une passion ou un métier? Jusqu'où certains collectionneurs sont-ils prêts à aller pour acquérir une pièce rare? Combien coûte leur passion? Et à qui feront-ils don de leur trésor à leur mort?
>> Florence Grivel, journaliste à la RTS, est allée à la rencontre de cinq personnalités romandes qui lui ont ouvert la porte de leur trésor.
Laurent Delaloye
Les jeunes pousses de l'art contemporain
A lʹorigine, il aurait dû être pharmacien comme cela semblait être programmé dans sa famille. Au lieu de cela, il a eu l'audace de choisir un autre chemin.
Laurent Delaloye est journaliste, passeur dʹart, agent et conseiller, mais surtout collectionneur en art contemporain. Il repère les jeunes pousses. Sa collection, commencée il y a 35 ans, comprend 2500 pièces qu'il n'expose pas mais ne cache pas non plus.
Ses oeuvres, au mur, au sol, mais dans son appartement, vivent avec lui. "Avec elles, je peux recomposer mes propres pièces, changer la nature des murs, au gré de mes humeurs". L'homme dit entretenir une conversation avec elles.
Avec malice, celui qui achète dans une fourchette allant de 2'000 à 5'000 francs, compare le collectionneur à un joueur, mais un joueur qui gagnerait à tous les coups. Son plus gros achat? Une oeuvre à 14'000 francs.
Barbara Pola
Collectionneuse d'âmes
Barbara Polla est une femme-orchestre: médecin, ex-femme politique, écrivain, poète, galeriste. Elle vit désormais à Chêne-Bougeries, dans le canton de Genève, où sa mère avait son atelier de peintre, transformé aujourd'hui en résidence d'artistes. Elle y a aussi installé sa galerie Analix et un espace, l'aparté, réservé à la musique.
A l'entrée de sa maison trône un autoportrait de sa mère, avec Barbara, petite fille. "Je parle souvent avec elle, j'aime parler aux morts".
"Barbara Polla n'aime pas posséder. "Je suis une collectionneuse de rencontres, d'âmes, plutôt que d'oeuvres". Si elle en ignore le nombre exact, elle sait qu'en trente ans d'existence sa galerie a présenté 700 artistes, dont plusieurs lui ont offert une oeuvre en signe de reconnaissance. "J'en donne aussi à mes filles qui adorent l'art".
Xavier Oberson
Sa vie en guitares
Lʹidée de devenir guitariste professionnel lʹa plus quʹeffleuré, mais Xavier Oberson, cet avocat fiscaliste genevois, aime enseigner, chercher, étudier. Il a donc opté pour cette voie plus classique, sans toutefois lâcher la guitare rock quʹil fait riffer dans son groupe "Out of law" et qu'il collectionne ainsi que plusieurs objets - disques d'or, tableaux, pochettes - liées au jazz et au rock.
"Enfant, je jouais du hautbois au Conservatoire et vers douze ans, j'ai eu un coup de foudre pour la guitare électrique. Encore aujourd'hui, je joue tous les jours".
Xavier Obseron se souvient de sa toute première guitare, une imitation d'une Gibson achetée 300 francs. "Mon prof de guitare m'avait accompagné pour cet achat".
Pour sa deuxième guitare, l'avocat a mis toutes ses économies, environ 3000 francs de l'époque, pour une vraie Gibson cette fois, devenue aujourd'hui objet de collection, car elle ne se fait plus. "J'ai une vingtaine de guitares, dont deux acoustiques. Certaines n'ont pas de valeur marchande mais je suis émotionnellement attachées à toutes" dit cet amateur qui est aussi membre du comité de fondation du Montreux Jazz Festival.
Daniel Thurre
Fou de bandes dessinées
Sa bibliothèque comprend environ 17'000 ouvrages consacrés à la bande dessinée, dont 12'000 titres d'albums. Daniel Thurre, historien d'art et médiateur culturel au Muséum d'histoire naturelle de Genève, dispose également d'une petite alcôve réservée aux albums dédicacés. Il en a environ 1'000, dont une de Mix & Remix qui le touche particulièrement.
A quel moment s'est-il rendu compte qu'il était collectionneur? "C'est la place occupée par ma passion qui fait foi. Mais ma bibliothèque n'est pas exponentielle et l'idée d'avoir des cartons à la cave ne me plaît pas".
Comme Obélix, Daniel Thurre est tombé dans la bd tout petit. Son premier souvenir? "Je devais avoir 4 ans devant "Tintin en Amérique". Une case surtout m'avait frappé, celle où Tintin est enchaîné sur les rails".
S'il juge indiscret d'avancer le montant de sa collection, cet amoureux de la bd franco-belge dit qu'il peut dépenser jusqu'à 3'000 francs pour une planche originale.
Marie-Christine Gailloud Matthieu
Médecin et galeriste engagée
Activiste pour des causes aussi différentes que lʹaide au Liban, le soutien aux artistes et la reconstruction mammaire, la chirurgienne plastique Marie-Christine Gailloud Matthieu distingue son métier de médecin de celui de galeriste, mécène et collectionneuse. Et pourtant, c'est dans son cabinet qu'elle expose le plus souvent depuis une quinzaine d'années.
Marie-Christine Gailloud Matthieu n'a aucune idée du nombre de pièces qui composent sa collection. "Je marche à l'instinct, et jusqu'à présent cela m'a plutôt réussi".
Son goût la porte actuellement vers des artistes noirs africains ou noirs américains. "J'aime ce qui est engagé et politique, l'art est important dans sa fragilité et son activisme, dit Marie-Christine Gailloud Matthieu, dont la fiabilité en tant que mécène et soutien logistique est bien connue de la scène culturelle romande.
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