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Une "guerre culturelle" déclarée au Brésil par le gouvernement Bolsonaro

Le président brésilien Jair Bolsonaro. [Reuters - Adriano Machado]
Retour de la censure culturelle au Brésil après 25 ans de démocratie / Tout un monde / 4 min. / le 5 février 2020
La censure est de retour au Brésil, après 25 ans de démocratie. Elle peut être très directe avec l'interdiction de pièces de théâtre ou d'expositions. Ou indirecte, en limitant par exemple les budgets ou en annulant des appels d'offres.

Une vraie inquiétude règne dans le milieu artistique brésilien depuis l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite. Le président Bolsonaro n'avait guère parlé de la culture pendant la campagne présidentielle mais depuis son élection, le thème est presque devenu une obsession. Le nouveau pouvoir voit le monde culturel comme son ennemi.

Brutales ou insidieuses, ces mesures sont utilisées par l'extrême droite brésilienne dans ce qu'elle appelle une "guerre culturelle", qui est une des priorités du gouvernement Bolsonaro. Parmi les thèmes touchés par la censure: la période de la dictature militaire, les politiques d'éducation sexuelle, la promotion des droits des femmes. Les artistes sont également victimes de cette politique.

Pour exemple, une pièce de théâtre, "Gritos", cris en français, a été censurée au Brésil. Un de leurs personnages est une transexuelle, et la diversité sexuelle est combattue par le président. La censure a été décrétée par un organisme lié à la présidence: le secrétariat spécial à la communication sociale, SECOM, créé pendant la dictature en 1964. "Avant Bolsonaro, c'était de la paperasse, désormais, cet organisme a un regard sur toute la culture du pays", explique le metteur en scène du spectacle "Gritos".

Le cinéma aussi victime de la censure

Le théâtre n'est pas la seule expression artistique touchée par la mesure. Le cinéma l'est tout autant selon les professionnels. En avril dernier, le président a annulé un appel d'offres lancé par la télévision publique pour avoir proposé parmi 12 thématiques, celle des LGBT. Il veut aussi vérifier ce que l'Agence National du Cinéma finance. Et plus rien n'est produit comme l'a expliqué la cinéaste Marina Person lors d'une audience à la Cour suprême en novembre dernier. Le thème de l'audience était justement la censure, les artistes voulant alerter la Cour.

En ce moment, je ne peux pas travailler. Pour cet appel d'offres qui a été annulé, j'avais un projet de série sur la nouvelle scène musicale brésilienne et sa diversité en termes de sexualité de genre, de race et de religion. L'annulation de cet appel est une manière de me réduire au silence.

Marina Person, cinéaste.

La censure est désormais la préoccupation majeure des artistes. Aujourd'hui reconnue sur la scène internationale, la culture brésilienne fait un terrible retour en arrière et doit imaginer sa survie au moins pendant quatre ans.

Sujet radio: Anne Vigna

Adaptation web: ld

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