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Les positions pro-serbes du lauréat du Nobel de littérature 2019 fâchent

L'attribution du Nobel 2019 à l'écrivain autrichien Peter Handke crée des remous à cause de ses positions pro-serbes.
L'attribution du Nobel 2019 à l'écrivain autrichien Peter Handke crée des remous à cause de ses positions pro-serbes. / 19h30 / 2 min. / le 9 décembre 2019
Deux ans après le scandale sexuel ayant poussé l'Académie suédoise à repousser d'un an l'attribution du prix Nobel 2018 de littérature, la remise du prix 2019 à l'écrivain Peter Handke crée à nouveau des remous, en raison de ses prises de position pro-serbes.

Alors que les lauréats des Nobel 2019 recevront officiellement leur prix mardi en Suède, la polémique qui entoure l'attribution de celui de littérature à l'écrivain autrichien Peter Handke continue de prendre de l'ampleur. Ses positions pro-serbes pendant les guerres de Yougoslavie dans les années 1990 sont en cause.

L'auteur est notamment sous le feu de la critique pour avoir condamné l'intervention militaire occidentale en Serbie en 1999, et pour s'être rendu en 2006 aux funérailles du président serbe Slobodan Milosevic, accusé de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.

>> Lire à ce sujet : Mladic, Karadzic, Milosevic, le bilan du travail du TPIY à La Haye

Démissions au sein du comité Nobel

En novembre dernier, des habitantes de Srebrenica, ville de Bosnie orientale qui fut le théâtre d'un massacre ayant coûté la vie à quelque 8000 hommes et adolescents bosniaques, ont protesté devant l'ambassade de Suède à Sarajevo et remis à l'ambassadeur de Suède une lettre destinée au couple royal suédois.

Lundi dernier, deux membres du comité Nobel de littérature ont annoncé leur démission, évoquant entre autres motifs l'attribution du Nobel à Peter Handke. Vendredi, un académicien suédois indiquait qu'il n'assisterait pas à la cérémonie de remise du prix Nobel prévue le 10 décembre pour la même raison.

"Questions vides et ignorantes"

Vendredi toujours, dans la traditionnelle conférence de presse des lauréats, l'écrivain autrichien s'est montré très agacé par la polémique, refusant de répondre sur le fond aux questions des médias. "Je préfère cette lettre hostile anonyme qu'on m'a écrite sur du papier toilette à vos questions vides et ignorantes", a-t-il répondu à un journaliste qui lui demandait pourquoi, dans ses livres, il ne prenait pas acte des travaux du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ayant reconnu le génocide de Srebrenica.

Témoin de cette crispation, aucun journaliste n'a été autorisé à assister, samedi, aux allocutions et aux lectures prononcées par les lauréats dans la majestueuse salle de la Bourse, au premier étage de l'Académie suédoise. "Pour des raisons de sécurité", a affirmé à l'AFP une source proche des organisateurs.

"L'Académie ne sent pas l'air du temps"

"L'Académie ne sent pas l'air du temps. Elle n'est tout simplement pas de son époque", a estimé lundi dans le 19h30 de la RTS l'écrivain et journaliste français Olivier Truc, auteur d'un livre sur l'Académie suédoise. Pour lui, elle n'a "pas senti qu'il y a toujours un trauma de la guerre de Bosnie" et pensé que "tout ça ne compterait pas", alors même que Peter Handke "a fait des déclarations et dit qu'il les assumait".

Peut-on séparer l'homme de l'artiste? Cette question ravive la polémique qui touche le cinéaste Roman Polanski, accusé de plusieurs viols. Alfred Nobel, lui, avait demandé que soient récompensés ceux qui, dans leur domaine, ont apporté le plus grand bénéfice à l'humanité.

>> Ecouter le portrait de Peter Handke dans La Matinale de la RTS :

L'écrivain autrichien Peter Handke, ici en novembre 2009 à Lisbonne. [AFP - FRANCISCO LEONG]AFP - FRANCISCO LEONG
Le portrait de Peter Handke, prix Nobel de littérature / La Matinale / le 11 octobre 2019

Vincent Cherpillod/jc/afp

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