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Les "gilets jaunes" inspirent les musiciens, pour des résultats... variés

Rap, chanson française, coupé-décalé ou mix parodique, la crise des "gilets jaunes" inspire artistes amateurs ou confirmés. [DR]
Rap, chanson française, coupé-décalé ou mix parodique, la crise des "gilets jaunes" inspire artistes amateurs ou confirmés. - [DR]
Kopp Johnson, La Cagoule, D. Ace, Marguerite: les "gilets jaunes" inspirent rappeurs et artistes amateurs, avec des clips aux refrains addictifs et des reprises parodiques qui recueillent des millions de vues et enflamment les ronds-points.

Vainqueur toutes catégories, le titre "Gilet jauné" de Kopp Johnson, posté le 23 novembre, approche les 16 millions de vues sur YouTube. Cet hymne aux "Français en colère", sur rythme de "coupé-décalé" africain, est né de la rencontre de ce chauffeur-livreur toulousain de 25 ans avec des "gilets jaunes" qui le bloquaient au rond-point de Castres.

Le rappeur Booba a partagé le morceau sur Instagram et les joueurs du PSG l'ont entonné après leur qualification en Ligue des champions. Grâce à ce succès, au refrain de "Macron démission", Kopp Johnson a été repéré par un label.

Avec "Tensions sociales", le rappeur D. Ace  a comptabilisé pour sa part plus de 5,2 millions de vues en trois semaines. "Je n'ai pas participé au mouvement mais je ne voyais que ça à la télévision. J'ai voulu apporter ma pierre à l'édifice et imaginer une réponse à toutes ces revendications", explique le rappeur qui chante notamment: "Ce truc là, c'est plus qu'un gilet".

Les reprises de chansons populaires cartonnent aussi. Le youtubeur La Cagoule atteint ainsi 4,4 millions de vues avec sa reprise "Aya Nakamura - Ho Macron".

Il est également l'auteur de "Macron où t'es", parodie du tube de Stromae, ou de celle de "Bella ciao" dont le refrain devient "Tu t'appelles Macron, ta une tête de c...", "; "Tous les Français veulent (ta) démission"; "Macron, ciao, ciao". Un air repris sur les ronds-points.

Le Rennais Monsieur Seby, autre youtubeur aux plus de 600'000 abonnés, en est lui à sa deuxième reprise avec "Les gilets du coeur". Sa première, "La chanson des gilets jaunes", a été vue plus de 1,2 million de fois. Il chante "Contre la hausse et le prix de notre carburant, la France n'est pas contente" sur un air de Jean-Jacques Goldman.

"Qui fait de l'économie? Les gentils", "Qui est à court d'argent? Les méchants"; "Qui bombe aux gaz lacri? Les gentils", "Qui se retrouve devant? Les méchants": le clip de Marguerite, tourné le 26 décembre près de Lyon et mis en ligne le 1er janvier, cartonne également avec cette reprise de Michel Fugain aux quelque 800'000 vues.

"Comme intermittente du spectacle, la précarité, je connais", explique la chanteuse, danseuse et comédienne de 28 ans qui avait fait une apparition il y a quelques années dans un clip anti-mariage pour tous. "C'est la première fois que j'enfile un gilet jaune. Mais je crois être plus utile en chantant qu'en manifestant", ajoute-t-elle.

Quant au "gilet jaune" Antoine Froidevaux, alias Antonin, il a filmé son succès "Débranche ta télé et enfile ton gilet" in situ pendant l'acte V, sur le rond-point de Montbard (Côte-d'Or).

"J'en avais marre de voir dans les médias que 'le mouvement était en baisse', il faut qu'on remobilise", avait déclaré mi-décembre ce fleuriste de 28 ans, qui avait déjà posté "Peuple, bats-toi" avant le 17 novembre.

Avec sa chanson "Fin du monde et fin de mois", dans laquelle "Le père Noël a le coeur lacrymogène", le groupe de polyphonies corses I Muvrini a aussi apporté son soutien au mouvement.

"Ca serait non assistance à société en danger que de ne pas chanter", estime Jean-François Bernardini, auteur-compositeur-interprète du groupe, assurant "être au côté du peuple qui souffre et a droit à mieux".

Enfin, sans nommer directement la crise des gilets jaunes, l'auteur-compositeur Gauvain Sers, dont l'album "Pourvu" avait été disque de platine, a sorti en décembre "Les Oubliés". La chanson évoque les instituteurs de campagne, les classes fermées par souci de rationnalisation, les services qui disparaissent les uns après les autres en province, les "trop loin de Paris".

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kkub avec afp

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