Egalité, logement, religions: quels sont les grands enjeux de 2019?

Grand Format Perspectives 2019

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Introduction

De la grève générale des femmes à la place de la religion en politique, plusieurs thèmes seront au coeur de l'actualité suisse et internationale cette année. Tour d'horizon dans le 19h30 avec la série de reportages "Perspectives 2019".

Enjeu 1
2019, l'année de la nouvelle grève des femmes

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Près d'un demi-million de femmes revendiquant l'égalité. La Suisse a connu une telle manifestation le 14 juin 1991. Les Suissesses réclamaient alors du concret, notamment face à l'inégalité salariale. Vingt-huit ans plus tard, des collectifs lancent un appel à une nouvelle grève nationale, le 14 juin prochain.

Car aujourd'hui, les disparités persistent, et cela malgré la loi sur l'égalité entre femmes et hommes adoptée après la mobilisation de 1991. En 2016, le salaire mensuel médian était de 6830 francs pour les hommes travaillant en Suisse. Ce qui signifie que la moitié des travailleurs du pays gagnaient moins de 6830 francs brut par mois, l'autre moitié davantage. Pour les femmes, il s'élevait à 6011 francs, soit un écart salarial de 12%, selon les données de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Une différence qui s'est atténuée ces dernières années, mais qui existe.

>> Lire aussi : Que faire si vous pensez être victime de discrimination salariale?

Ce maintien des disparités entre hommes et femmes, qu'elles soient salariales ou dans la représentation politique, a motivé les militantes féministes à faire entendre leur voix. Sur les réseaux sociaux, l'association Alliance F et le mouvement Operation Libero ont lancé le hashtag HelvetiaRuft (soit "Helvetia appelle") afin d'augmenter le nombre de femmes décideuses dans la politique suisse. De son côté, la nouvelle présidente du Conseil national, la Tessinoise Marina Carobbio (PS), a chargé les services du Parlement de créer une page internet afin d'encourager les femmes à se lancer en politique.

Et sur le terrain, des militantes de différentes générations préparent déjà la grève du 14 juin prochain, qu'elles perçoivent comme "un espoir".

>> Le reportage du 19h30 sur les préparatifs de la grève :

Série sur les grands enjeux de l'année 2019. Premier volet: l'offensive des femmes.
19h30 - Publié le 2 janvier 2019

Pour Marina Carobbio, cet appel à la grève nationale est une action "utile". Alors que le Parlement vient d'adopter une réforme de la loi sur l'égalité salariale peu contraignante à l'égard des entreprises, la présidente du National concède qu'elle en espérait davantage.

"Mais au moins nous avons obtenu la révision de la loi, sur laquelle nous pouvons travailller. Nous devons maintenant vraiment aboutir à une égalité salariale effective. C'est dans l'intérêt de tout le monde", a déclaré la première citoyenne du pays sur le plateau du 19h30:

Marina Carobbio, Présidente du Conseil National, veut défendre la place des femmes en politique. Une des priorités de son mandat
19h30 - Publié le 2 janvier 2019

>> Lire aussi : Marina Carobbio: "Une grève des femmes en 2019 est vraiment utile"

Enjeu 2
2019, l'année du logement repensé

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Trois pièces, 80m2, une cuisine ouverte sur le salon, une terrasse ou un balcon et une grande salle de bain avec colonne de lavage: ce logement familial type pousse aujourd'hui un peu partout en Suisse romande.

>> Le reportage du 19h30 sur l'évolution du logement :

Série Perspectives 2019, deuxième volet: zoom sur l'évolution des logements.
19h30 - Publié le 3 janvier 2019

Un habitat idéal qui a changé au gré des évolutions économiques et sociales. Au début du 20e siècle, les pièces d'un logement type étaient petites. Le mouvement hygiéniste influençait l'architecture. La Suisse romande a vu apparaître des quartiers comme la Cité-Jardin de Prélaz et ses 34 maisonnettes lausannoises construites au début des années 1920. "On a commencé alors à introduire des cuisines équipées et des salles de bain dans les appartements, ce qui n'existait pas jusque-là", explique au 19h30 Bruno Marchand, professeur de théorie de l'architecture à l'EPFL.

Dans les années 1950 et 1960, la pénurie du logement s'est fait sentir. Il fallait densifier. C'est l'époque des grands ensembles, à l'instar des neuf tours de sept étages de Mont-Goulin à Prilly (VD). Des constructions en hauteur afin de conserver des écrins de verdure. "Pour réduire les coûts, il fallait alors construire de façon industrielle, préfabriquer des pièces, la grue distribuant les pièces les unes après les autres", indique Bruno Marchand. "Certains chantiers se sont faits en un temps record de deux mois, par exemple à Genève."

Puis dans les années 1980, les appartements ont grandi, la cuisine est redevenue habitable, avant de perdre totalement ses murs au tournant des années 2000. Elle constitue désormais le coeur de l'appartement qui, lui, rétrécit. La faute à la hausse du prix du m2.

Depuis 2011, entre 50'000 et 60'000 nouveaux logements ont été construits chaque année. Environ 80'000 seront vacants en 2019, 10% de plus que l'année dernière, selon une prévision d'UBS. Le nombre de logements vides s'élevait à 72'294 au 1er juin 2018, soit 1,62% de logements vacants. Un taux qui n'avait pas été atteint depuis 1999.

>> Lire aussi : Les logements vides, toujours plus nombreux, font pression sur les prix

En ce début de 21e siècle, les logements continuent d'évoluer, notamment avec le concept d'appartements à géométrie variable qui s'adaptent aux mutations des familles: parents avec enfants, puis parents seuls lorsque les enfants quittent le domicile familial, ou parents divorcés qui souhaitent continuer à vivre ensemble.

"Il existe par exemple des appartements qui peuvent se scinder en deux", explique dans le 19h30 Christophe Gnaegi, auteur de l'ouvrage "Habiter demain". "Des 5 pièces et demie qui deviennent des trois pièces ou deux pièces et demie, se transformant en appartement indépendant pour un adolescent émancipé ou pour accueillir les grands-parents qui peuvent y vivre avec une certaine interdépendance", précise l'architecte-urbaniste.

Des concepts qui ont pour but de rationaliser l'espace dans des zones urbaines qui en manquent et limiter le mitage du territoire.

Christophe Gnaegi, architecte-urbaniste. Dans son ouvrage "Habiter demain", il présente les nouveaux modes d'habitation.
19h30 - Publié le 3 janvier 2019

Enjeu 3
2019, l'année décisive pour les petits commerces

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A l'image de certaines rues de Lausanne, les centres-villes romands voient leurs petites enseignes disparaître depuis plusieurs années.

Entre 2010 et 2017, le commerce de détail en Suisse a perdu environ 6000 points de vente, selon une étude de l'institut GfK parue cet été. En plus du tourisme d'achat, qui se maintient à un haut niveau, la numérisation fait partie des grands défis des commerçants. Ainsi, dans la vente en ligne et par correspondance, les ventes ont progressé de 10% en 2017, à 8,6 milliards de francs.

>> Lire : Six mille points de vente de commerce de détail disparus en 7 ans en Suisse

Face à ce bilan morose, quelques lueurs d'espoir demeurent, par exemple en Ajoie. Dans ce district jurassien, la crise est plus ancienne car la région est entourée par la France et sa population diminue. Depuis plusieurs mois, de nouvelles boutiques ouvrent et la ville de Porrentruy a engagé une "city manager" pour soutenir les commerçants.

Des commerçants qui aujourd'hui collaborent avec dansmonquartier.ch, un site commun de vente en ligne qui fait également office de journal local. Une double initiative pour renforcer un esprit de communauté et séduire des consommateurs volages.

La promotrice de ces deux projets sent d'ailleurs le vent tourner. "Nous voyons même des gens de France qui viennent consommer ici en Suisse, peut-être parce que c'est plus sympa, parce qu'on prend davantage soin d'eux", raconte au 19h30 Méryl Bénon, présidente de la Jeune Chambre économique de Porrentruy. "Et cela, sur internet ou dans les grands magasins, on ne l'a pas forcément."

>> Le reportage du 19h30 sur les petits commerces :

Série perspectives 2019: troisième volet consacré à l'avenir des petits commerces en Suisse.
19h30 - Publié le 4 janvier 2019

Pour Nicolas Babey, professeur à la Haute école Arc à Neuchâtel, les petits commerçants doivent utiliser les mêmes armes que les géants d'internet afin de lutter pour leur avenir. "Ces géants ont compris que c'est l'immédiateté de l'information qui compte", rappelle le chercheur sur le plateau du 19h30:

Nicolas Babey, directeur de l'Institut des villes et du territoires de l'Uni de Neuchâtel, sur l'avenir des petits commerces.
19h30 - Publié le 4 janvier 2019

Enjeu 4
2019, l'année où la religion retrouve le pouvoir

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Que ce soit au Brésil avec son nouveau président Jair Bolsonaro, soutenu par la communauté évangélique, ou en Russie où Vladimir Poutine se pose en champion de l'orthodoxie, les nationalismes empreints de religion sont désormais au pouvoir dans plusieurs pays.

En Russie, malgré une Constitution qui garantit la séparation entre l'Eglise et l'Etat, une loi punit depuis 2013 l'offense aux sentiments religieux des croyants, symbole d'une évolution au sein de la société russe. En 2000, lorsque Vladimir Poutine est devenu président, l'Eglise orthodoxe a canonisé la famille impériale. Pour certains dévots, le tsar Nicolas II est alors devenu intouchable. Comme le montre l'affaire du film "Matilda", sorti en 2017 et portant sur la romance adultère de Nicolas II et d'une ballerine. Un film qui a provoqué une polémique sans précédent en Russie, certains députés tentant de l'interdire. A Ekaterinbourg, un activiste orthodoxe est allé jusqu'à mettre le feu à un cinéma.

Homme d'affaires reconverti en leader spirituel, Serguiy Aliev a de son côté porté plainte contre le réalisateur de "Matilda" et tourné son propre film documentaire à la gloire du tsar. "Depuis la sortie de ce film (Matilda), la situation économique, politique et militaire s'est dégradée à vue d'oeil", estime dans le 19h30 Serguiy Aliev. "Regardez ce qui se passe en Syrie. Les anciens disent que si nous ne gagnons pas ce procès pour faire interdire ce film, notre Seigneur Dieu se détournera définitivement de nous."

Si officiellement l'Eglise prend ses distances avec de tels gourous, l'Etat russe n'est pas en reste pour chasser les "mécréants". Pour avoir publié une vidéo où il joue à attraper des Pokemon dans la Cathédrale sur le sang versé d'Ekaterinbourg, le blogueur Rouslan Sokolovsky a été condamné à deux ans et trois mois de prison avec sursis.

Après avoir plaidé en sa faveur, l'historien Alexey Mossine a perdu son travail à l'Institut missionnaire d'Ekaterinbourg. "Ceci est le résultat du rapprochement entre l'Eglise et l'Etat en Russie. Durant de nombreuses années en URSS, il y a eu la Terreur d'Etat", se souvient l'historien. "Qu'est-ce que la Terreur? C'est lorsque la personne doit avoir peur. Et aujourd'hui, je crois que cette peur renaît à l'intérieur des gens. Ce n'est pas normal!"

>> Le reportage du 19h30 en Russie :

La place de l'Eglise orthodoxe en Russie et son rôle politique grandissant. Le tsar est devenu intouchable.
19h30 - Publié le 5 janvier 2019

Interrogé dans le 19h30, Michel Grandjean, professeur d'histoire du christianisme à l'Université de Genève, rappelle que "le religieux n'a pas longtemps déserté le politique, même s'il y a eu des parenthèses avec la laïcité". Soulignant que "chaque religion a la tentation de céder à une prétention totalitaire", l'universitaire plaide pour "la défense de la liberté de conscience", une "arme absolue mais fragile" contre le fanatisme.

Michel Grandjean, professeur d'histoire du christianisme à l'Université de Genève, revient sur les liens entre religieux et politique.
19h30 - Publié le 5 janvier 2019

Enjeu 5
2019, l'année des mouvements citoyens

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Ils se nomment Opération Libero, Foraus, Courage civil ou Appel citoyen. Ces mouvements citoyens sont apparus sur la scène politique suisse parfois au détriment de partis traditionnels. Appel citoyen a par exemple remporté en novembre dernier 16 sièges sur les 130 que compte l'Assemblée constituante valaisanne, le PDC et le PLR subissant un revers sans précédent.

En cette année d'élections fédérales, quel rôle joueront les mouvements citoyens?

>> Le reportage du 19h30 sur l'Opération Libero :

L'Opération Libero planifie sa prochaine campagne: sauver l'accord cadre avec l'UE.
19h30 - Publié le 6 janvier 2019

Ni de gauche, ni de droite, Operation Libero est devenu une force politique incontournable. Fondé en 2014, le mouvement enchaîne les victoires contre l’UDC, notamment lors de la votation sur les juges étrangers rejetée en juin 2018. Il compte 4000 membres actifs et est désormais en mesure de lever un demi-million de francs pour une campagne.

En vue des élections fédérales, le mouvement a lancé une campagne d'annonces pour chercher et soutenir des conseillers nationaux désireux de défendre au cours de la prochaine législature "une Suisse ouverte et libérale".

>> Lire : Le mouvement Opération Libero souhaite recruter des conseillers nationaux

La société civile se mobilise de plus en plus hors des partis: Appel citoyen en Valais, Aînées pour la justice climatique ou encore mouvement contre la surveillance des assurés. Un engagement qui fleurit grâce aux réseaux sociaux.

Entre rupture et collaboration avec les élus, les mouvements citoyens bousculent de plus en plus l’ordre établi. De nouvelles forces avec lesquelles les partis doivent plus que jamais composer.

Fondateur du mouvement Appel citoyen en Valais, Johan Rochel relève que "les citoyens et citoyennes ont envie de tenter et d'expérimenter de nouvelles formes de participation politique. Parfois sur un mode positif vis-à-vis des partis en place, comme l'Opération Libero, et puis il y a un mode plus négatif, où on est dans une logique de table rase, on veut écarter les partis."

Johan Rochel, créateur du mouvement Appel citoyen en Valais, revient sur l'émergence des mouvements citoyens en politique.
19h30 - Publié le 6 janvier 2019