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Ces lanceurs d'alerte qui paient leurs révélations au prix fort

Exil, pauvreté, démêlés judiciaires, prison: quelques exemples emblématiques de lanceurs d'alerte qui ont sacrifié leur "vie d'avant" pour mettre au jour d'importants scandales.
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L'ancien agent de la CIA et consultant de la NSA Edward Snowden transmet plusieurs centaines de milliers de documents à deux journalistes américains. A partir de juin 2013, leur contenu est progressivement publié dans différents titres de presse. Les révélations portent sur la surveillance à grande échelle des télécommunications menée par la NSA. Depuis que son identité a été révélée, Edward Snowden vit caché en Russie. [RTS/Art Line Films]

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Thomas Drake est un ancien cadre de la National Security Agency (NSA) américaine. En 2006, il transmet au journal "The Baltimore Sun" des informations confidentielles à propos d'un projet dysfonctionnel de collecte d'informations de la NSA, le Trailblazer Project. Ce programme a coûté au total un milliard de dollars. Thomas Drake est traîné en justice en 2010 au nom de l'"Espionage Act", ce qui aurait pu lui valoir 35 ans de prison. Finalement les charges ont été abandonnées. [REUTERS - © Jonathan Ernst / Reuters]

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Le soldat Bradley Manning, qui se fait désormais appeler Chelsea, travaillait comme analyste pour l'armée américaine à Bagdad en 2010 quand il a transmis au site WikiLeaks 700'000 documents, vidéos, câbles diplomatiques et comptes rendus militaires sur les guerres en Irak et en Afghanistan. Il a écopé en août 2013 de 35 ans de prison pour 20 charges, dont celles d'espionnage et de vol. [AP/Keystone - Patrick Semansky]

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Le co-fondateur de WikiLeaks Julian Assange est visé par une enquête pénale aux Etats-Unis depuis juillet 2010, pour avoir rendu publics sur la plateforme des centaines de milliers de câbles diplomatiques et de documents classifiés issus du département d'Etat américain. Parallèlement accusé d'un viol qui aurait été commis à Stockholm en août 2010, l'Australien est visé par un mandat d'arrêt européen mais refuse de se rendre en Suède, de peur d'être extradé vers les Etats-Unis. Il vit confiné depuis 2012 à l'ambassade d'Equateur à Londres. [AFP - MacNaughton/ RIA Novosti]

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Ancien analyste de la CIA, John Kiriakou est particulièrement connu pour avoir révélé, en octobre 2007, l'usage de la torture par l'administration Bush durant les guerres d'Irak et d'Afghanistan. Il a été condamné à 30 mois de prison en janvier 2013 et a fini de purger sa peine en février 2015. Il a depuis reçu de nombreux prix. [AFP - Frederick M. Brown]

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Le sergent américain Samuel Provance était affecté à la prison d'Abou Ghraib, en Irak, de septembre 2003 à février 2004. Il a révélé de nombreux abus commis sur les détenus de cet établissement pénitentiaire, et affirmé que la hiérarchie militaire encourageait les actes de violence sur les prisonniers. Samuel Provance a été menacé de plusieurs années de prison militaire et rétrogradé pour ne pas s'être plié à ces consignes. Il a depuis été largement médiatisé et a reçu plusieurs récompenses. [Wikipedia]

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Le lanceur d'alerte Antoine Deltour est accusé d'avoir organisé la fuite de documents fiscaux du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC) à Luxembourg, pour lequel il travaillait. Son procès débute le 26 avril; prévenus de vol domestique, de divulgation de secrets d'affaires, de violation de secret professionnel et de blanchiment, -il encourt jusqu'à 10 ans de prison. Il n'a jamais regretté son geste, malgré la peine encourue: "Je ne comprends pas comment je pourrais être victime d'une lourde peine lorsque j'ai agi dans l'intérêt général", a-t-il expliqué dans une interview. [AFP - EMMANUEL DUNAND]

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Alors commandante à la brigade financière française, la policière Nathalie Leroy dirige l'enquête sur l'affaire Kerviel. Elle est détachée de ses fonctions en mars 2015 après avoir fait part de ses "doutes" et évoqué des dysfonctionnements. En janvier 2016, en dehors de tout cadre juridique, elle remet à l'avocat de Jérôme Kerviel un enregistrement clandestin. La bande sonore contient le témoignage de Chantal de Leiris, ancienne vice-procureure, déclarant que l’enquête a été "manipulée" par la Société générale et que la banque "savait". Nathalie Leroy, elle, encourt théoriquement un an de prison et 15'000 euros d'amende.

9/12

Ancienne responsable marketing d’UBS France, Stéphanie Gibaud a mis au jour les dérives de la banque suisse, conduisant à la mise en examen d'UBS pour blanchiment et fraude fiscale. A la suite de ses révélations, elle a subi un harcèlement moral de la banque qui lui a valu 30'000 euros d'indemnités prud'hommales en mars 2015. Stéphanie Gibaud n'a jamais retrouvé d'emploi depuis son licenciement en 2012. En mars dernier, elle a expliqué dans un témoignage sur Mediapart avoir été "abandonnée par l'Etat" et vivoter avec 400 euros par mois.

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Ex-cadre chez Nestlé, Yasmine Motarjemi tente dès 2003, en vain, d'alerter sa hiérarchie sur des dysfonctionnements graves en matière de sécurité alimentaire, notamment sur des cas d'étouffements avec des biscuits pour bébés. Elle est licenciée en 2010. En décembre 2011, Yasmine Motarjemi attaque Nestlé en justice pour harcèlement moral : elle accuse le géant de l'agroalimentaire de lui avoir rendu la vie impossible au fur et à mesure de ses révélations. Le procès s'est ouvert en décembre 2015; le verdict sera rendu en juin prochain. [REUTERS - © Denis Balibouse / Reuters]

11/12

En 1997 Christoph Meili, alors veilleur de nuit chez UBS, découvre que la banque détruit des dossiers relatifs aux fonds juifs en déshérence. Les autorités zurichoises émettent à son encontre un mandat d'arrêt pour infraction à la loi sur le secret bancaire. Christoph Meili fuit aux États-Unis où il obtient l'asile politique. Le mandat d'arrêt est finalement annulé, mais l'ex-gardien ne revient s'installer en Suisse qu'en 2009. Ses révélations ont été suivies de plusieurs années de galère, entre chômage et difficultés financières, malgré les 325'000 francs reçus en 2003 pour sa contribution à la restitution des fonds en déshérence. [Stan Honda]

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Ancien employé de la banque privée suisse Julius Bär aux Îles Cayman, Rudolf Elmer est licencié en 2002. Dans les années qui suivent son licenciement, il transmet des documents confidentiels à l'administration fiscale, à des médias puis à WikiLeaks. Pour la justice, son statut de lanceur d'alerte n'est qu'une posture. Reconnu coupable par deux fois de violation du secret bancaire, en 2011 puis en 2015, il n'est condamné qu'à des peines pécuniaires avec sursis, mais après plusieurs mois de détention provisoire. [Patrick B. Kraemer]