La vie à peu près
Publié le 23 novembre 2022 à 09:00 - Modifié le 24 novembre 2022 à 13:48
Stéphane Lévy, cheffe décoratrice de cinéma, artiste et glaneuse de trésors quotidiens
Stéphane Lévy est née sur les coteaux de Lavaux, il y a un peu de moins de 60 ans. Elevée dans un milieu créatif - sa mère est la photographe Monique Jacot et son père le réalisateur télé Yvan Dalain -, elle passe une enfance sous le signe de lʹindépendance et de la liberté.
Elle se passionne pour le théâtre, le cinéma, elle aime relever ses manches et penser des univers à partir des textes dʹautres. Elle deviendra cheffe décoratrice, sur des films de Dominique de Rivaz, Reusser, Godard, les frères Larrieux, Sólveig Anspach ; elle se consacre aussi au théâtre, à des expositions comme Expo.02 ou lʹExposition Universelle de Hanovre.
Parallèlement elle peint, dessine, arpente les villes, traçant ses itinéraires secrets. Adepte du présent de lʹinstant présent, elle aime le quotidien où tout peut arriver en permanence, préférant les chemins de traverse aux autoroutes, lʹinfime au stabilo, le subtil à lʹefficacité. Femme de cœur, de rencontres, elle a le don de mettre en récit les fils de sa vie, tout sʹentremêle, et sʹinterpénètre comme les cartes mentales quʹelle dessine lorsquʹelle sʹempare dʹun scénario de film ou de série.
Avec elle, tout a du goût, rien nʹest anodin, tout est précieux, très simplement. Cʹest une glaneuse de trésors.
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1er épisode
Une enfance comme une herbe folle
Si Stéphane Lévy vit depuis bientôt 30 ans à Montreuil, cette banlieue parisienne aujourdʹhui de plus en plus prisée, elle est né en plein Lavaux, face au Léman et à deux pas du chemin de fer.
Cette femme en mouvement, qui aime la beauté quʹon déniche dans tous les coins du réel, vit une enfance solitaire à Treytorrens stimulée par des parents ambitieux et créatifs: Monique Jacot, photographe de renom, et Yvan Dalain, réalisateur à la Télévision Suisse romande.
Dans lʹambiance de ces Trente Glorieuses qui dynamisent la carrière de ses parents, Stéphane Lévy prend, apprend, hume, et se met très vite à adorer les coulisses de théâtre et les films Super 8 quʹelle bricole avec son père.
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2e épisode
Monter à Paris, et en repartir!
Le principe de réalité est très important pour Stéphane Lévy. A quatorze ans, elle travaille au sein de la Fête des Vignerons avec un sculpteur tout en interprétant un épi de blé pour cette fête du vin mythique. Cʹest la grande période de la fête, de la liberté, de lʹinsouciance ; elle aime faire partie du terroir tout en étant éprise dʹailleurs et dʹune curiosité jamais rassasiée.
Après son apprentissage de décoratrice de vitrine, elle part à Genève dans les studios de la télévision. Elle y fait des rencontres qui lui permettent de goûter au métier avec appétit.
Puis, au tout début des années 1980, elle part à Paris, où elle sʹinscrit, pour parfaire sa théorie, en auditrice libre, dans la section scénographie à lʹEcole supérieure des arts décoratifs.
Elle vit quelques mois chez Henri Cartier-Bresson et Martine Frank, couple de photographes qui vont lui faire rencontrer toutes sortes de gens passionnants. Après deux ans à Paris, cette jeune femme libre et au tempérament bien calé, préfère revenir en Suisse où elle trouve les choses, a priori, plus sincères.
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3e épisode
Lʹaudace, les rencontres, lʹamour, les enfants, la vie
A la fin des années 1980, après avoir bourlingué à Berlin et avant de collaborer avec Godard sur "Hélas pour moi", Stéphane Lévy écrit à Alain Tanner : "Cher Monsieur Tanner, jʹaimerais travailler avec vous."
Après une rencontre avec le cinéaste, elle intègre lʹéquipe du film "La Femme de Rose Hill", dont Dominique de Rivaz, future réalisatrice, est la première assistante. Une amitié, à la fois professionnelle et intime, se noue entre les deux femmes qui vivront un tournage inoubliable en Ukraine en 1994 du film "Le jour du bain".
Deux ans auparavant, Stéphane Lévy rencontre aussi son grand amour - lʹingénieur du son Michel Casang - quʹelle épouse rapidement pour le rejoindre à Paris et y travailler. Deux fils naissent de cette union: Pablo et Ethan.
La vie à la Goutte dʹOr, la situation dʹintermittente du spectacle, bientôt lʹarrivée à Montreuil: peu à peu, celle qui se définissait comme un "rat des champs" embrasse avec curiosité sa nouvelle vie de citadine.
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4e épisode
Lʹart et la vie réciproquement
Dans son atelier, dans une grande valise, Stéphane Lévy remplit des dizaines de carnets avec des dessins, des collages, des textes, des herbes trouvées sur sa route, un ticket de cinéma… Cʹest une façon de garder la mémoire. Carnet de vie où la vie et lʹart sʹinterpénètrent en continu, tout est poreux.
Dans cet épisode, elle nous raconte ses circonvolutions autour des cercles quʹelle affectionne depuis longtemps et quʹelle va développer davantage pendant les confinements durant la pandémie de Covid-19. Elle raconte également un grand projet qui a dû être abandonné en cours de route: la collaboration, pendant des mois dans le Gard, avec le muséographe et scénographe François Confino pour lʹExposition universelle de Hanovre.
Une fois de plus, cette rencontre va lui laisser le goût de la circulation des idées et des corps dans un espace. Cʹest à partir de ce moment quʹelle commence à concevoir ses fameuses cartographies mentales avec lesquelles elle élabore aujourdʹhui encore ses décors pour le cinéma et la télévision.
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5e épisode
Être là, être au monde, en présence
La nouveauté, la découverte, être là: cʹest ce qui fait se lever chaque matin Stéphane Lévy. Dans ce dernier épisode, il est question de mouvement, de déménagement, de bascule, de transmission. Du travail passionnant vécu avec les cinéastes Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Le bonheur du travail collectif, autre plaisir que celui plus solitaire de lʹatelier.
Cʹest aussi se souvenir des attentats de 2015, vécus tout près, et qui ont donné à la suite de lʹexistence de Stéphane Lévy de nouvelles directions, notamment plus spirituelles.
Trouver sa place, faire sa place, tout est à conquérir, toujours.